Les invitations sont parties jeudi soir par email. « Madame Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l'Innovation et de l'Economie numérique, vous convie à la table ronde « neutralité de l?Internet » qui se tiendra le vendredi 14 décembre de 9h à 12h au Ministère de l?Economie et des Finances. » Parmi les invités : les grands opérateurs télécoms et fournisseurs d?accès à Internet, des associations professionnelles et des fournisseurs de services Internet, des personnalités du numérique et des représentants des consommateurs. « C?est un peu cavalier de nous convier une semaine avant » réagit Edouard Barreiro, de l?UFC Que Choisir. Bizarrement, Laure de la Raudière, député UMP d?Eure-et-Loir et co-auteur d?un rapport sur la Net neutralité, et récemment d?une proposition de loi, n?a pas reçu d'invitation. Plus curieux encore, une porte-parole de Google France indique même que le groupe « ne croit pas être invité. » Mais en milieu de journée le cabinet de Fleur Pellerin a fait savoir que la réunion était reportée « fin janvier » car un vendredi posait problème aux parlementaires pour être présents.
Un concept pro-américain ?
Prévue initialement début novembre, cette table ronde pourrait aboutir à un projet de loi « mais il ne faut pas partir avec cette idée dés le départ, il faut que cela fasse consensus » explique un haut fonctionnaire. A Bercy, on considère que certaines prises de parole de la ministre ont été « déformées » et qu?il est nécessaire de laisser tous les acteurs s?exprimer. Fleur Pellerin avait en effet déclaré être favorable à l?idée de garantir l?accès à Internet tout en ajoutant : « j'émets une réserve : la neutralité du Net est un concept américain, qui a tendance à favoriser très considérablement les intérêts économiques de Google, Facebook, Apple et consorts. » Ce qui avait fait s?étrangler certains de ces géants américains, considérant que Fleur Pellerin s?était ralliée au discours du lobby des télécoms. Le sujet de la Net neutralité est justement en débat à la conférence de l?Union internationale des télécoms qui se tient depuis le début de la semaine à Dubaï et jusqu?au 14 décembre pour revoir le règlement des télécommunications internationales. Malgré les déclarations du secrétaire général de l?UIT, Hamadoun Touré, assurant que cette révision « ne servirait pas à légitimer la censure gouvernementale » sur Internet, Google et les élus américains sont vent debout contre certaines modifications, créant la possibilité pour les opérateurs de vendre des accès à débits différenciés. « L?UIT n?est pas l?organe approprié pour traiter des questions d?Internet » martèle Google depuis des semaines. Fin janvier, on connaîtra l'issue des discussions à l'UIT.
Sujets les + commentés