Le « YouTube des créatifs » Vimeo se met à la monétisation avec la VOD

La plateforme de partage de vidéos, filiale du groupe IAC de magnat américain Barry Diller, fait évoluer son modèle économique et lance son service de vidéo à la demande payant, laissant les créateurs et ayants-droit choisir librement le prix, le pays et la durée de mise à disposition.

Alors que YouTube s'apprêterait à lancer des chaînes payantes sur abonnement au printemps, son petit concurrent Vimeo se met lui aussi à l'heure de la monétisation. Le site de partage de vidéos, qui fait partie du groupe InterActive Corp (IAC) du magnat américain Barry Diller depuis le rachat en 2006 de Connected Ventures, lance officiellement ce mardi « Vimeo on Demand », un nouveau service de paiement à la séance, qu'il a testé en version bêta depuis novembre. C'est depuis le festival SXSW d'Austin, un mix de cinéma, de musique et de technologie, devenu le rendez-vous branché des startupers et des réalisateurs, que la société new-yorkaise dévoile cette nouveauté qu'elle présente comme un service d'auto-distribution destiné « à permettre aux créateurs de gagner de l'argent avec leurs vidéos en les vendant directement à leur public » explique à La Tribune Kerry Trainor, le directeur général de Vimeo.

90% des revenus directement au créateur
Lancé en novembre 2004 par des cinéastes et vidéastes voulant partager leur travail, le site, devenu le « YouTube des créatifs », connaît une forte croissance et rassemble désormais 93 millions de visiteurs uniques par mois selon les chiffres de ComScore en janvier, contre 75 millions en août (mais contre plus de 800 millions sur YouTube). Il compte 15 millions d'inscrits, gratuits et payants (mais ne communique pas de chiffres opérationnels). Seuls les abonnés à l'offre Vimeo Pro (159 euros par an) pourront d'ailleurs vendre (ou louer) leurs contenus à la demande.

« Nous mettons en place un vrai système de « paywall.» Notre approche a été d'offrir le plus de flexibilité et de contrôle aux créateurs. Nous les laissons fixer le prix, décider le pays de visionnage et aussi la durée de mise à disposition (un jour, une semaine, un mois etc). En outre, notre partage de revenus est très favorable aux créateurs : nous leur laissons 90%, après les frais de transaction revenant aux organismes de paiement, et nous ne gardons que 10% » fait valoir Kerry Trainor. Vimeo on Demand est inauguré ce mardi avec le film d'animation « It's such a beautiful day » du réalisateur Don Hertzfled, pionnier de l'autodistribution, proposé en version allongée et remastérisée, au prix de 2 dollars en location et 6 dollars à la vente.

Qualité HD, curation et options de confidentialité pour se différencier de YouTube
Pour se différencier des autres plateformes de vidéo, Vimeo met l'accent sur la qualité full HD de son lecteur vidéo mais aussi des contenus publiés. « Sur YouTube il y a tellement de choses, c'est parfois difficile de s'y retrouver. Chez Vimeo, nous faisons un travail important de curation : nous proposons les « staff picks », la sélection « à la main » de l'équipe. Nous nous concentrons sur les contenus de haute qualité, et les commentaires tendent du coup à être plus positifs et constructifs. C'est aussi une question d'environnement, quand on navigue sur Vimeo, l'interface est très propre, nous essayons de limiter la publicité.

Finalement, c'est un peu comme choisir d'utiliser un Mac ou un PC » explique Kerry Trainor. La plateforme est cependant ouverte à tous types de contenus, courts-métrages, vidéos d'exploits sportifs de skateurs ou autres, interviews, montages en accéléré (timelapses) etc, et « la majorité des contenus resteront gratuits ». Autre axe de différenciation, le contrôle laissé aux créateurs. « YouTube est une plateforme fantastique mais elle peut faire peur à certains créateurs ou ayants droit car elle est tellement ouverte qu'elle donne l'impression que tout le monde peut regarder et sait ce que vous regardez. Sur Vimeo, nous proposons des fonctions de confidentialité pour définir qui peut voir vos vidéos, sur quel site elles peuvent être intégrées, et autoriser le partage de liens en privé avec un mot de passe, etc » insiste le directeur général de Vimeo.

Une valorisation espérée de 300 millions de dollars
Si la vitrine demeure le travail de réalisateurs indépendants, Vimeo est aussi ouvert aux annonceurs, qui peuvent avoir leur chaîne dédiée, faire du parrainage, etc. Le site a longtemps semblé ne pas trop s'inquiéter de trouver un modèle économique pérenne (un peu de publicité, un peu d'abonnement, un peu de vente de musiques sous licence ou de filtres photo). Il avait lancé en septembre dernier TipJar (pot à pourboire), un service de donation à la discrétion des internautes.

Avec le service à la demande, il adopte une nouvelle stratégie de monétisation qui, même timide, montre qu'il veut aller au-delà du seul modèle « freemium » (offre gratuite et offres payantes plus complètes Vimeo Plus à 7,95 euros par mois et Vimeo Pro). Et ce sans doute sous l'impulsion de Barry Diller, qui avait cherché l'an dernier, selon le site consacré aux startups PandoDaily, à faire entrer des investisseurs au capital de Vimeo, pour lever environ 50 millions de dollars, sur la base d'une valorisation de 300 millions, apparemment jugée un peu élevée. Apple est souvent cité comme un acquéreur possible de la plateforme.
 

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