E-commerce : pourquoi le géant chinois JD.com résiste très bien au coronavirus

A rebours des bourses mondiales et de ses concurrents du e-commerce Amazon et Alibaba, JD.com apparaît très peu impacté par les conséquences du coronavirus. Son cours de Bourse a à peine bougé dans la tempête et il prévoit un bond d'au moins 10% de son chiffre d'affaires au premier trimestre. Son secret : la résilience de sa chaîne logistique et l'attrait du e-commerce en période de confinement.
Sylvain Rolland
En cette période de crise, JD.com profite de son avance en terme d'automatisation et de son circuit de distribution intégré.
En cette période de crise, JD.com profite de son avance en terme d'automatisation et de son circuit de distribution intégré. (Crédits : JASON LEE)

Le coronavirus ? Même pas mal, claironne JD.com. Le géant chinois du e-commerce, concurrent d'Alibaba et d'Amazon, traverse pour l'instant la crise sanitaire Cogid-19 dans la plus grande sérénité, et trouve même le moyen d'en tirer profit. Dans le sillage d'un mois de décembre lui non plus pas du tout impacté par le virus, l'entreprise prévoit un bond "d'au moins 10%" de son chiffre d'affaires au premier trimestre.

De fait, JD.com navigue à contre-courant de l'économie mondiale et des autres géants du Net. Sur la période du 19 février -juste avant le chute des marchés mondiaux- au 3 mars, la valeur de son action en Bourse est passée de 42,95 dollars à 41,36 dollars, soit une baisse de seulement 3,47%. Et encore, il faut relativiser cette perte car le 2 mars, JD.com atteignait un pic à 43,30 dollars, qui représentait son plus haut depuis plus d'un an.

Résilience de ses structures logistiques

Comment expliquer cette solidité, d'autant plus que l'autre géant et leader du e-commerce chinois, Alibaba, s'est fendu mi-février d'un avertissement sur résultats et a pronostiqué "un impact négatif important" de l'épidémie ? Le problème d'Alibaba, comme de Pinduoduo, est que sa plateforme repose exclusivement sur des vendeurs tiers et des canaux de distribution morcelés. Dans un pays où certaines régions sont confrontées au confinement et où la crainte du virus décourage la consommation, sa chaîne d'approvisionnement et de livraison se retrouve impactée.

A l'inverse, JD.com vend directement aux consommateurs : le groupe de 150.000 employés possède ses propres entrepôts, ses propres stocks, ainsi que des circuits logistiques et des livreurs attitrés. En cette période de crise, l'entreprise bénéficie aussi de son avance en terme d'automatisation. Les locaux de JD Logistics peuvent déjà fonctionner de manière automatique 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Pour assurer la continuité de ses livraisons, JD.com a aussi déployé depuis le début du mois de février des drones et des robots autonomes dans certaines villes touchées par le virus. Ce qui lui permet de mieux résister aux fortes perturbations et restrictions de circulation imposées par le gouvernement pour endiguer l'épidémie.

"Les structures logistiques intégrées de JD lui donnent un net avantage sur ses concurrents. Les investisseurs salueront cette hausse attendue de 10% par rapport aux prévisions moroses d'Alibaba", observe Shawn Yang, analyste du courtier Blue Lotus Capital interrogé par Bloomberg.

Le e-commerce, un refuge quand on a peur de sortir

De manière générale, et même si Alibaba (-6,64% depuis le 19 mars) et Amazon (-12,04% sur la même période) ont subi des corrections boursières en raison de leur dépendance envers les vendeurs tiers, de leurs circuits de distribution et d'un effet domino sur les marchés, le secteur du e-commerce devrait mieux résister au coronavirus que d'autres secteurs, et reste pour certains analystes une valeur refuge en Bourse.

C'est d'autant plus vrai en Chine, où une majorité de la population reste calfeutrée chez elle depuis fin janvier. Si les conséquences sur la consommation des ménages sont importantes, notamment les produits électroniques et les biens onéreux, les achats en ligne explosent pour les produits frais et les articles de consommation courante livrés à domicile. JD.com sait répondre à cette demande qu'il estime "solide", puisque le groupe a vu son volume total de commandes et son nombre d'usagers actifs "croître à un rythme accéléré" d'après les propos devant les analystes du directeur financier Sidney Huang. D'après le Wall Street Journal, alors que ses entrepôts traitent habituellement 600.000 commandes par semaine en moyenne, ils en auraient traité plus d'un million la dernière semaine de janvier.

JD.com revendique ainsi que le e-commerce reste le moyen "le plus sûr" de faire ses courses en pleine épidémie, et affirme que la crise lui a apporté à la fois des nouveaux et des anciens consommateurs. Une opportunité majeure alors qu'en Chine, ses deux concurrents Alibaba et Pinduoduo restent largement devant : Alibaba revendique 711 millions de consommateurs en 2019, contre 536 millions pour Pinduoduo. Lors de la présentation de ses résultats annuels ce lundi, qui marque le premier exercice rentable de la société avec un chiffre d'affaires de 577 milliards de yuans (74 milliards d'euros), JD.com annonçait 362 millions de consommateurs en 2019, soit une augmentation de 18,6% sur un an. La crise du coronavirus devrait lui permettre de réduire l'écart.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 05/03/2020 à 16:16
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ben on connait pas chez nous ce marchand, dommage, alibaba.com est génial, mais aliexpress.fr qui fournit la France a un choix complètement étriqué, je cherchais un moteur de tondeuse électrique introuvable en France dispo chez alibaba mais par 50! m...

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