Klassroom, le Facebook de la relation parents-prof, à l’assaut des écoles primaires

Depuis la rentrée de septembre, une soixantaine d’instituteurs du premier degré, répartis partout en France, utilisent le carnet de liaison numérique inventé par la startup française Klassroom. Une convention a été signée avec l’Education nationale pour promouvoir l’outil auprès des enseignants.
Sylvain Rolland
Klassroom, qui remplace le cahier de liaison classique, est une plateforme, disponible via une application, qui ressemble beaucoup à un Facebook de la relation parents-profs.

Les vieux carnets de liaison vont-ils bientôt devenir des reliques, tout juste bons à figurer dans un musée de l'ère pré-numérique ? C'est l'objectif de la startup parisienne Klassroom, qui ambitionne, grâce à sa plateforme d'échanges entre parents et enseignants, de faire enfin entrer la relation parents-professeurs dans le XXIe siècle.

Fondée au printemps dernier par deux entrepreneurs, Damien Rottemberg et Frank-David Cohen, Klassroom a levé cet automne 300.000 euros auprès d'Allianz/Idinvest et de business angels et revendique déjà une soixantaine d'utilisateurs, en France mais aussi aux Etats-Unis. Depuis la rentrée de septembre, la startup a franchi une étape supplémentaire. Après des tests officieux, Klassroom a décroché un partenariat avec le ministère de l'Education nationale, qui s'est engagé à promouvoir l'outil auprès des enseignants intéressés par la numérisation de l'école.

Réinventer la relation parents-prof

Klassroom est une plateforme, disponible via une application, qui ressemble beaucoup à un Facebook de la relation parents-profs. Pour les enseignants, c'est un gain de temps : à la place d'imprimer, de photocopier, puis de coller un message sur le cahier de chaque enfant, il suffit de poster une seule fois sur la plateforme, qui peut aussi héberger des documents, des photos, des vidéos et des messages audio.

De leur côté, les parents reçoivent une notification à chaque nouveau message du professeur. Sur le fil d'actualité de l'application, ils gardent une trace de l'activité de leur enfant, qu'ils peuvent commenter et partager comme sur un réseau social. Si le professeur le permet, ils peuvent même discuter avec d'autres parents en utilisant un tchat privé. Le système plaît aussi aux parents séparés : désormais, chacun dispose du même niveau d'information...

De quoi créer une véritable communauté autour de la classe, qui permet par exemple de communiquer autour des activités parascolaires, d'organiser un covoiturage ou le goûter d'anniversaire. Ce n'est pas encore arrivé, mais, en cas d'événement extraordinaire -attentat, prise d'otages, confinement-, tous les parents peuvent être prévenus simultanément et immédiatement.

A l'assaut des écoles primaires

Klassroom cible essentiellement le premier degré, c'est à-dire la maternelle et l'école primaire. Un choix avant tout pratique, car "les tout-petits ne savent pas vraiment communiquer ce qu'ils font, il n'est pas facile pour les parents de suivre la scolarité de leur enfant à distance", explique Frank-David Cohen, le co-fondateur. Mais c'est aussi stratégique : au collège et au lycée, il faudrait que tous les professeurs d'une classe l'utilisent pour qu'il soit vraiment pertinent. Or, les enseignants ne sont pas tous réceptifs aux nouveaux outils numériques, notamment les plus âgés qui sont moins technophiles et moins disposés à changer leurs habitudes. A l'école primaire, Frank-David Cohen mise sur l'effet boule-de-neige:

"Dans le premier degré, il n'y a qu'un seul enseignant par classe, c'est plus facile. Généralement, les professeurs qui utilisent Klassroom sont jeunes et plutôt ouverts aux évolutions de leur métier. Leur enthousiasme, et celui des parents, encourage leurs collègues à faire de même. C'est comme ça qu'on se déploie et que de nouvelles classes adoptent le système chaque semaine."

La sécurité, un impératif avec ce genre de données sensibles

Puisque Klassroom héberge des données personnelles qui concernent des enfants -des données d'autant plus sensibles-, il a donc fallu bétonner la sécurisation de la plateforme. "La signature de la convention a pris un peu de temps car nous avons dû nous mettre en conformité avec les exigences très strictes de l'Education nationale sur la sécurité et la conservation des données", confirme Frank-David Cohen.

Ainsi, toutes les communications sont chiffrées de bout en bout. Ni les numéros de téléphone, ni les adresses de courriel ne sont visibles. Le professeur doit autoriser chaque parent à accéder à la plateforme, c'est lui qui choisit le mot de passe, et les parents doivent s'identifier avec un code envoyé par SMS lors de leur première connexion.

Si les écoles françaises s'ouvrent à peine à la numérisation, la startup garde un œil sur le marché américain, beaucoup plus avancé. Mais il est aussi beaucoup plus concurrentiel : la startup Remind, qui propose un outil similaire, revendique au moins un professeur actif dans 90% des écoles primaires. Elle a également levé 60 millions de dollars depuis sa création, mais n'a toujours pas attaqué la France. Une opportunité pour Klassroom... à condition de se déployer vite.

Sylvain Rolland

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Commentaires 3
à écrit le 24/11/2016 à 14:27
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Oui, donc, je comprends pourquoi le nom n'est pas français.

à écrit le 24/11/2016 à 8:45
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Merci les marchés publics.

à écrit le 24/11/2016 à 8:35
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Le procès fait aux enseignants de collège et de lycée est absurde. Ils utilisent depuis plusieurs années des plateformes numériques pour communiquer avec les parents et gérer notes et travail à faire avec les élèves. Cela existe dans le public et d...

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