L’intelligence artificielle pourra-t-elle sauver Twitter ?

Jack Dorsey, le Pdg de Twitter, estime que le machine learning et l’intelligence artificielle pourraient rendre le service plus facile à comprendre et à utiliser. La solution pour reprendre le chemin de la croissance ?
Sylvain Rolland
Procurer une expérience d'usage toujours plus personnalisée et toujours plus assistée par des outils qui sélectionneront de manière plus pertinente le contenu intéressant, tel est l'objectif de Jack Dorsey, le Pdg du réseau social. Mais Twitter sait ici qu'il marche sur des œufs, car son défi est aussi de ne pas rebuter les « puristes », c'est-à-dire ceux qui aiment le réseau social tel qu'il est et sont accros au temps réel.

Il faut sauver le soldat Twitter coûte que coûte. Attirer de nouveaux utilisateurs, trouver le chemin de la rentabilité, pour en finir avec le cycle déprimant d'un cours de Bourse au plus bas et d'une croissance atone, qui déprime les investisseurs et fait fuir les potentiels repreneurs. Pour cela, Jack Dorsey, le Pdg emblématique du célèbre oiseau bleu, ne manque pas d'idées. Voici la dernière : généraliser le recours à l'intelligence artificielle et au machine learning (l'auto-apprentissage en continu par la machine) pour proposer une expérience utilisateur plus personnalisée, plus pertinente, bref, plus engageante.

Sur le papier, ce n'est pas une mauvaise idée. Car l'un des principaux freins la croissance de Twitter est identifié depuis bien longtemps : il s'agit de son incapacité à élargir la base d'utilisateurs au-delà d'un public de technophiles, qui sait manier ses différentes fonctionnalités pour en saisir la valeur d'usage. Comme l'a expliqué Jack Dorsey la semaine dernière, lors d'une conférence à San Francisco, le recours à l'IA et au machine learning donne de bons résultats dans les tests:

« Twitter est toujours le meilleur endroit pour savoir ce qu'il se passe dans le monde. Mais plus on s'améliore à appliquer le machine learning et l'IA à notre système -ce que nous n'avons jamais vraiment fait dans le passé, c'était très mécanique-, plus cela devient facile à utiliser. »

Personnaliser le contenu et simplifier drastiquement l'utilisation

Avec ces nouvelles technologies, Jack Dorsey veut aboutir à une expérience d'usage toujours plus personnalisée et toujours plus assistée par des outils qui sélectionneront de manière plus pertinente le contenu intéressant. Une manière, selon lui, de garder tout l'intérêt de Twitter tout en rendant le service plus accessible. « Nous pouvons désormais faire des choses pour les utilisateurs plutôt que les laisser naviguer avec l'outil. Nous pouvons être plus prédictifs et cela nous permet de créer davantage d'expériences », indique-t-il.

Grâce à l'IA, Jack Dorsey veut notamment développer les « topics », lancés l'an dernier, c'est-à-dire les différents sujets de conversation, créés en fonction de l'actualité des membres et des intérêts de chacun. Il n'a toutefois pas mentionné ce que signifierait une plus grande intégration de l'intelligence artificielle dans le fil d'actualités. Twitter sait ici qu'il marche sur des œufs, car son défi est aussi de ne pas rebuter les « puristes », c'est-à-dire ceux qui aiment le réseau social tel qu'il est et sont accros au temps réel.

2017 commence mal, les marchés peu optimistes

Reste à savoir si cette évolution annoncée par Jack Dorsey permettra enfin à Twitter de sortir la tête hors de l'eau. En 2016, le réseau social a vécu une année très difficile, caractérisée par une croissance atone (Twitter n'a attiré que 3% d'utilisateurs en plus, contre 16% pour Facebook), une dégringolade en Bourse (l'action a perdu 28,7% de sa valeur sur l'année, plus bas historique en juin à 14,02 dollars), une tentative de vente ratée (Microsoft, Salesforce, Google, Disney et Apple, un temps intéressés, ont rebroussé chemin) et une véritable hémorragie des talents en interne, y compris aux plus hauts niveaux de la direction.

Les résultats financiers du quatrième trimestre 2016 (chiffre d'affaires en-deçà des attentes, à 717 millions de dollars, seuls 2 millions de nouveaux abonnés en trois mois, aggravation des pertes à 167 millions de dollars contre 90,2 millions un an plus tôt en raison des coûts de restructuration) ont confirmé que les multiples tentatives pour rendre le service plus attractif ne fonctionnaient pas. Pourtant, Twitter s'est transformé comme jamais en 2016, n'hésitant pas à effectuer des changements drastiques comme la fin du dogme des 140 caractères par tweet, la réorganisation algorithmique du flux d'actualités, la retransmission vidéo d'événements en direct, ou encore l'intégration de Periscope et de Vine dans le service.

Le réseau social a également livré des prédictions pessimistes pour 2017, anticipant un ralentissement de la progression de ses revenus publicitaires en raison de la concurrence d'autres réseaux sociaux sur le marché de la publicité en ligne.

     | Pour aller plus loin. Twitter : 2017 pire que 2016 ?

Sylvain Rolland

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 24/02/2017 à 12:57
Signaler
l'ai est censee resoudre tous les pbs certains vont etre tres decus, surtout ceux qui n'y connaissent rien

à écrit le 21/02/2017 à 12:20
Signaler
Qui veut que TWITTER malgré ces milliards de déficit survive ? Quand on voit les dérives qu'il y a là dedans on peut légitimement se poser la question, merci.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.