Serait-ce bientôt la fin des rémunérations mirobolantes des grands patrons américains ? La Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur boursier des États-Unis, a annoncé le 29 avril une proposition de loi visant à relier la performance des entreprises cotées en Bourse aux bonus de leurs dirigeants. Une réforme qui pourrait sonner comme une mauvaise nouvelle aux oreilles de Marissa Mayer. La patronne de Yahoo! a en effet perçu une rémunération en hausse de 69% en 2014, alors que les résultats financiers de l'entreprise déçoivent en ce début d'année.

Fin de  la lune de miel avec les actionnaires pour Yahoo!

Si le chiffre d'affaires du moteur de recherche a progressé de 8% au premier trimestre 2015, le bénéfice net a lui plongé de 93% par rapport au premier trimestre 2014. Surtout, l'entreprise serait sur le point de supprimer 200 à 300 postes en fermant son centre de recherche et développement en Chine, soit 2% de la masse salariale du groupe.

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Pour Marissa Mayer, le début de l'année 2015 signe même la fin de la lune de miel avec les actionnaires, un peu plus de deux ans après son arrivée dans l'entreprise. L'investisseur activiste Starboard Value LP l'a notamment exhortée à réduire les coûts de Yahoo! de 500 millions de dollars et d'autres actionnaires lui reprochent de ne pas suffisamment monétiser les actifs asiatiques du groupe, actionnaire à 15% du géant internet chinois Alibaba.

Actions, stock-options et autres compensations

Dans ces conditions, comment expliquer un bond de près de 70% de la rémunération  de Marissa Mayer ? Il est vrai que Yahoo! a affiché des résultats financiers en hausse sur l'année 2014, avec une multiplication par cinq de son bénéfice net. Et la paie de Marissa Mayer, révélée dans le détail par une note de la SEC, correspond justement à cette année là.

Dans le détail, ses 42 millions de dollars (37,7 millions d'euros) proviennent essentiellement des actions, des stocks-options et de compensations diverses, son salaire de base restant inchangé à 1 million de dollars (890.000 euros).

Encore plus de transparence sur les rémunérations

Quoi qu'il en soit, cette augmentation risque de faire polémique aux États-Unis où le sujet des bonus des grands patrons fait débat. Avec la proposition de loi de la SEC, une telle paie ne sera peut-être pas justifiable très longtemps. Le régulateur boursier américain demande en effet de rentre public la rémunération des dirigeants de sociétés cotées dans le détail : salaire de base, prime annuelle, retraite chapeau, actions et stock-options, le tout sur les cinq derniers exercices fiscaux. Surtout, la rémunération totale devrait dépendre des résultats financiers.

De cette façon, les actionnaires seront peut-être plus précautionneux dans le choix des membres des comités de rémunération, espère la SEC. Mais cette mesure, qui s'ajoute à la possibilité des actionnaires d'approuver ou non la rémunération du dirigeant par un vote (le "say on pay"), est susceptible d'être amendée. Adoptée de justesse, elle pourra encore faire l'objet de modifications pendant soixante jours, après lesquels la rémunération de la patronne de Yahoo! pour 2015 pourrait éventuellement être réévaluée.