Le collectionist, le Airbnb des riches, s’attaque aux hôtels de luxe

Cette startup française veut « ubériser » les hôtels haut de gamme en louant des villas de rêve à une clientèle riche lassée des palaces, partout dans le monde. A mi-chemin entre l’hôtellerie et l’économie collaborative, Le Collectionist cherche 10 millions d’euros pour tenter de devenir le leader d’un marché de niche en pleine expansion.
Sylvain Rolland
Le pari du Collectionist est de se positionner à cheval entre l'hôtellerie de luxe classique et l'économie collaborative, en prenant les avantages des deux : le luxe des services d'hôtel, la tranquillité et l'état d'esprit convivial d'une location entre particuliers.

Envie de vous prélasser en famille dans une splendide villa sur les hauteurs de Saint-Tropez, avec piscine, vue sur la mer et chef cuisinier à disposition ? Ou, peut-être, dans un immense chalet isolé dans la nature verdoyante des Alpes suisses ? A moins que vous ne cédiez au frisson de séjourner dans la maison où furent tournées quelques scènes du James Bond "Rien que pour vos yeux", à Corfou ?

Surfant sur la tendance de l'économie collaborative, la start-up française Le Collectionist tente de s'imposer comme le "Airbnb des riches". Créée fin 2012, cette plateforme permet de louer une maison de rêve à un autre particulier pour environ 10.000 euros la semaine, tout en bénéficiant de services propres à l'hôtellerie, comme la conciergerie ou la présence d'un chef cuisinier.

Quand Airbnb rencontre le Hilton

Le pari du Collectionist est de se positionner à cheval entre l'hôtellerie de luxe classique et l'économie collaborative, en pleine explosion ces dernières années. Fondée par trois entrepreneurs même pas trentenaires, la start-up part d'un constat malin :

"D'un côté, il y a les hôtels quatre ou cinq étoiles, qui offrent tout le luxe et les services à la personne souhaités, mais qui manquent de convivialité et de tranquillité. De l'autre, les sites de locations entre particuliers mélangent tous les types de logements et ne satisfont pas aux exigences d'une clientèle très haut de gamme", explique Max Aniort, le directeur exécutif et co-fondateur du Collectionist.

L'idée a germé dans la tête d'Olivier Cahané après un voyage à Barcelone - via une plateforme bien connue de locations entre particuliers - jugé décevant. Avec ses deux acolytes Max Aniort, rencontré sur les bancs de la prépa Henri IV, et Eliott Cohen-Skalli, le directeur marketing, ils montent leur propre entreprise en ciblant une clientèle riche lassée par les palaces impersonnels.

Les hôtels représentent la meilleure solution pour les voyages d'affaires ou les vacances en couple, estiment les trois entrepreneurs. De fait, les utilisateurs sont surtout des familles, qui arrivent en groupe et dont les parents sont des chefs d'entreprises à succès, des avocats, des banquiers ou des artistes. Avec un revenu moyen confortable: au moins 150.000 euros par an, et parfois beaucoup plus.

Si la villa coûte en moyenne 300 euros la nuit et par personne (10.000 euros la semaine pour cinq personnes), le prix peut monter jusqu'à 100.000 euros la semaine pour des biens exceptionnels dans des destinations très prisées, comme Saint-Tropez ou certaines îles...

1000 maisons dans 100 pays

Pour séduire les clients, la start-up mise tout sur la qualité du service. Les villas, sélectionnées "au coup de cœur" par les 13 employés et par les "rabatteurs" de l'entreprise dans différents pays, se doivent d'offrir des prestations grand luxe. La piscine est quasi-systématique, tout comme la présence de plusieurs chambres et d'une belle vue. Le catalogue comprend près de 1.000 maisons, réparties aux quatre coins du globe mais surtout en Europe (France et Grèce, notamment), qui concentre 60% du parc.

"Tout est fait pour faciliter la vie du propriétaire et des locataires, car on prend en charge la location de A à Z", explique Max Aniort. Dès que le visiteur arrive sur le site, une fenêtre de discussion instantanée s'ouvre avec un employé, qui propose son aide. S'en suivent une série de coups de téléphones pour délimiter le "projet de vacances", trouver le site qui correspond le mieux aux attentes du loueur et obtenir l'accord du propriétaire.

Un mois avant le départ, la plateforme recontacte le client pour lui proposer ses services de "conciergerie" facturés sur-mesure, c'est-à-dire tout ce qui n'entre pas dans les prestations hôtelières comme le ménage quotidien et l'accueil sur place par un agent.

85% d'étrangers, beaucoup d'Anglais

Selon les souhaits du client, la plateforme va préparer toutes ses activités sur place, en louant par exemple un bateau pour une journée, en achetant et en faisant livrer des raquettes de tennis ou en commandant un chef cuisinier pour une soirée avec des amis ou en cas d'événement à fêter.

Public très aisé oblige, les exigences se révèlent parfois très insolites. A l'image de ce passionné de moto qui désirait conduire un engin présentant des caractéristiques bien précises, ou de cette famille qui voulait un sapin de Noël de six mètres de haut. "Parfois, c'est difficile à trouver, mais notre promesse est de satisfaire tous les besoins des clients, aussi excentriques soient-ils", sourit Max Aniort.

Pour l'heure, le Collectionist séduit surtout les étrangers. Ils représentent 85% de la clientèle. Parmi eux, beaucoup d'Anglais (25-30%) et d'Européens, puis quelques Russes, Américains et Asiatiques.

Grandir ou se faire dépasser

Le chiffre d'affaires et le nombre de clients du Collectionist restent, pour l'instant, secrets. Lancée véritablement en 2014 après une phase béta en 2013, il faut dire que la plateforme est encore en phase de décollage.

Après avoir levé 500.000 euros auprès de business angels privés au moment de son lancement, la start-up démarche actuellement de nouveaux investisseurs. Elle espère récolter 10 millions d'euros en deux ans. "Dans un secteur assez concurrentiel, il faut grandir vite", confie Max Aniort.

Cet argent servira avant tout à développer un système de "matchmaking" précis pour mieux satisfaire les désirs et les besoins du client et "ne pas être un simple catalogue". Mais aussi à consolider son implantation en dénichant de nouvelles pépites, afin de s'affirmer comme le leader du marché de la location de luxe entre particuliers. Enfin, les trois entrepreneurs prévoient de créer un club réunissant les propriétaires et les locataires, afin de fidéliser davantage les clients et jouer sur l'aspect collaboratif.

50 millions de millionnaires d'ici à 2019

Alors que d'autres sites, comme Abritel ou le britannique Onefinestay, font aussi leur trou, Le Collectionist se montre confiant. Le nombre de millionnaires devrait dépasser les 50 millions d'ici à 2019. "Ces nouveaux riches, souvent jeunes, viennent du monde entier, voyagent beaucoup plus que leurs aînés et sont plus ouverts aux nouvelles expériences de voyage, tout en restant extrêmement vigilants sur la qualité des services proposés", indique Max Aniort.

L'entreprise se donne trois ans pour dominer le marché. En attendant la réponse des hôteliers, qui, comme ils l'ont fait pour contrer Airbnb, ne devraient pas tarder à se lancer aussi dans le jeu.

Sylvain Rolland

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Commentaires 7
à écrit le 26/09/2015 à 8:29
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Vous pensez réellement que Airbnb va se laisser faire ? Comme le marché automobile , le haut de gamme c'est la ou les marges sont les plus importantes . La force de frappe financière d'airbnb est quasi sans limite ( elle est supérieure au groupe hôte...

à écrit le 26/09/2015 à 8:27
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Vous pensez réellement que Airbnb va se laisser faire ? Comme le marché automobile , le haut de gamme c'est la ou les marges sont les plus importantes . La force de frappe financière d'airbnb est quasi sans limite ( elle est supérieure au groupe hôte...

à écrit le 26/09/2015 à 8:27
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Vous pensez réellement que Airbnb va se laisser faire ? Comme le marché automobile , le haut de gamme c'est la ou les marges sont les plus importantes . La force de frappe financière d'airbnb est quasi sans limite ( elle est supérieure au groupe hôte...

à écrit le 28/07/2015 à 11:14
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Une agence immobilière (car c'est bien leur objet social) qui propose des séjours au forfait dans lodges et des hôtels - et pas seulement des villas à louer - avec des services, des activités, des transferts, etc... Donc sans même avoir une licence d...

à écrit le 27/07/2015 à 19:07
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Je trouve cette idée géniale, dans l'air du temps et en ligne avec l'evolution des usages. Hyper confiant sur leur succes

à écrit le 27/07/2015 à 15:12
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Pourquoi pas. Apres tout il y a une demande. Mais...encore faut il que la concurrence se fasse sur la base d'une meme legislation applicable a tous. Sinon, cela reviendrait a favoriser la course au moins disant en terme de protectio ndu consommateur.

à écrit le 26/07/2015 à 19:25
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Et pourquoi pas, on ne peut pas normalement (sauf en France peut-être) empêcher les gens de gagner leur vie. Il faut bien évidemment que ces entrepreneurs paient les taxes et impôts sur leurs revenus comme tout un chacun :-)

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