Rabibochage en vue entre Trump et la Silicon Valley ?

Une douzaine de Pdg et de directeurs généraux des plus grands fleurons de la Silicon Valley (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Oracle, Cisco, IBM…) rencontreront Donald Trump mercredi 14 décembre à New York, d’après la presse américaine. L’occasion d’enterrer la hache de guerre de la campagne… pour mieux lancer un nouveau bras de fer.
Sylvain Rolland
Jamais la Silicon Valley n'avait soutenu si ouvertement -médiatiquement et financièrement- un candidat plutôt qu'un autre dans la course à la Maison Blanche. Mais désormais, il va falloir composer avec Donald Trump.

Donald Trump et la Silicon Valley vont-ils enfin enterrer la hache de guerre ? D'après le site américain Re/code, une douzaine de pontes de la Silicon Valley se rendront mercredi 14 décembre à New York, dans la Trump Tower, pour rencontrer, à sa demande, le président-élu.

La presse américaine indique que Tim Cook (Apple), Sheryl Sandberg (Facebook), Larry Page (Google), Elon Musk (Tesla, SpaceX), Jeff Bezos (Amazon), Satya Nadella (Microsoft), ainsi que des dirigeants de Cisco, d'IBM ou encore d'Oracle devraient participer au sommet. La rencontre a été organisée par l'équipe de transition de Donald Trump, par l'intermédiaire du puissant investisseur Peter Thiel. Le co-fondateur milliardaire de Paypal, également premier investisseur de Facebook, faisait partie des rares soutiens de Trump dans la Silicon Valley pendant la campagne, à laquelle il a versé un chèque de plus de 1 million de dollars. Un engagement à contre-courant, mais payant : Thiel est désormais le conseiller du futur président sur les nouvelles technologies.

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Des relations glaciales avec la Silicon Valley...

Pour le camp Trump, cette réunion est l'occasion de mettre fin à une défiance profonde. Et pour cause, les attaques ont fusé des deux côtés pendant la campagne présidentielle. La plupart des entreprises et des influenceurs de la Silicon Valley se sont rangés comme un seul homme derrière Hillary Clinton. Un phénomène inédit : d'ordinaire habituée à placer ses œufs dans tous les paniers, la Silicon Valley n'avait jamais soutenu si ouvertement -médiatiquement et financièrement- un candidat plutôt qu'un autre dans la course à la Maison-Blanche.

Pendant l'été, 145 influenceurs de la Silicon Valley -dont les cofondateurs d'Apple, Twitter, Wikipedia et eBay, avaient même publié une lettre ouverte avertissant que l'élection de Donald Trump serait « un désastre pour l'innovation ». Mark Zuckerberg (Facebook) avait fermement critiqué les propos de Trump sur l'immigration et avait appelé à « choisir l'espoir plutôt que la peur » et à « construire des ponts plutôt que des murs ».

Depuis l'élection, la baie participe au mouvement de contestation anti-Trump en Californie. Shervin Pishevar, le co-fondateur du système de transports Hyperloop, a même apporté son soutien au "Calexit", qui prône l'indépendance de la Californie, Etat le plus peuplé de l'Union et qui a voté à 61,5% pour Hillary Clinton.

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... et particulièrement avec Apple et Amazon

Donald Trump aura du pain sur la planche pour détendre l'atmosphère. Notamment auprès de Tim Cook, le patron d'Apple, et de Jeff Bezos, celui d'Amazon. Le bouillant président-élu, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, avait menacé en mars dernier de forcer Apple à rapatrier sa production d'iPhones aux Etats-Unis. Un mois plus tôt, alors que Tim Book et le FBI étaient engagés dans un bras de fer politique et médiatique à propos de l'iPhone d'un terroriste de l'attaque de San Bernardino, le candidat avait poussé au boycott des produits Apple. « Ce qu'on devrait faire, c'est boycotter Apple jusqu'à ce qu'ils donnent le code au FBI », avait-il martelé dans un discours en Caroline du Sud, avant de le tweeter :

 "J'utilise à la fois Apple et Samsung. Si Apple ne donne pas les informations aux autorités sur les terroristes je n'utiliserai plus que Samsung jusqu'à ce qu'ils donnent les informations".

Les relations de Donald Trump ne sont pas meilleures avec Amazon. Jeff Bezos, son puissant Pdg, est aussi le propriétaire du Washington Post, un journal qui a pris parti pour Hillary Clinton et qui a critiqué Trump très fermement pendant la campagne. En réaction, Donald Trump accusait Jeff Bezos d'avoir acquis le prestigieux quotidien pour « échapper à des taxes »... Il avait même promis d'ouvrir une enquête sur les pratiques fiscales d'Amazon et de poursuivre le groupe pour abus de position dominante. Lassé, Jeff Bezos suggérait de se débarrasser du milliardaire en l'envoyant dans l'espace, à bord d'une fusée d'une de ses sociétés, Blue Origin...

 "Si je deviens président, oh ils ont des problèmes. Ils vont avoir tellement de problèmes".

Trump et la Silicon Valley veulent normaliser leurs relations

D'un naturel plutôt rancunier -ses tweets depuis l'élection le prouvent-, Donald Trump devra mettre de l'eau dans son vin. L'élection a rebattu les cartes et le futur président doit collaborer avec l'épicentre de l'innovation mondiale. Apple et Google sont les deux premières capitalisations boursières dans le monde et la Silicon Valley pèse, à elle seule, 6% du PIB américain... Difficile à ignorer.

De leur côté, les dirigeants de la Silicon Valley, qui ont tant critiqué le programme de Trump, doivent désormais faire preuve de pragmatisme. Pour protéger leurs intérêts, ils doivent convaincre le futur président de ne pas mettre en œuvre certaines de ses promesses, notamment par rapport à l'immigration, au renforcement du copyright ou encore au chiffrement des données, que Trump voulait affaiblir après le conflit Apple/FBI.

Au menu : cryptage des données, immigration et régulation européenne

Certains des participants à la réunion ont d'ores et déjà annoncé la couleur. « Je veux dire au président-élu que nous sommes avec lui et disposés à l'aider », a déclaré la directrice générale d'Oracle, Safra Catz. L'industrie des nouvelles technologies, réunie au sein du lobby Internet Association, a déjà fait part à Donald Trump de ses préoccupations. Dès le 14 novembre, les quarante membres (dont Google, Facebook, Twitter, Amazon, Netflix, Uber, Airbnb ou encore Paypal) cosignaient une longue lettre à l'attention du nouveau président.

En tête de leurs demandes : ne pas affaiblir le chiffrement des données, « indispensable à la sécurité nationale et individuelle » ; faciliter l'embauche des travailleurs qualifiés non-Américains, dont la Silicon Valley dépend ; réformer « la surveillance », qui serait « en contradiction avec les valeurs importantes de la vie privée défendues par la Constitution » ; et promouvoir un « marché unique transatlantique numérique » pour lutter contre la sévérité grandissante des régulateurs européens envers les plateformes en ligne. Pas sûr que l'oreille de Donald Trump soit sensible à toutes ces revendications.

Sylvain Rolland

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Commentaires 6
à écrit le 13/12/2016 à 18:00
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Bien sûr que là, tous vont faire preuve de pragmatisme . Il n'y a plus guère (guerre?) que les dirigeants et médias français et allemands (arte, france inter ...) à faire de l'anti trumpisme primaire, comme ils font de l'anti poutinisme primaire ....

à écrit le 13/12/2016 à 16:34
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Les gens comme Trump ne sont pas difficile à comprendre. Le seul moyen de le faire aller dans ton sens si les opinions diffèrent, c'est de sortir le chéquier. Ils semblent en avoir les moyens. Même si la gourmandise de Trump pourrait être sans fin. ...

à écrit le 13/12/2016 à 13:31
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Ils viennent lui manger dans la main...! La liste sera longue des convertis , même Ayraut va se coucher .ND des Landes priez pour nous .

à écrit le 13/12/2016 à 13:16
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L'argent n'a pas d'odeur.

à écrit le 13/12/2016 à 8:48
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Faire des USA une immense entreprise, c'est donnée un but a l'Amérique!

à écrit le 13/12/2016 à 8:38
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Entre chiens et loups quand tombe la nuit.

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