Sites pour enfants : la vie privée pas assez protégée, dénonce la Cnil

En France, 9 sites sur 10 récoltent des données personnelles sur leur jeune public, mais seulement 33% les informent de cette collecte d'une manière adaptée à leurs capacités d'information, révèle une enquête menée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés.
Giulietta Gamberini
Les trois quarts des sites analysés par la Cnil s'adressent aux moins de 12 ans,

Les enfants surfent sur Internet, et de plus en plus. Ceux âgés de 1 à 6 ans y passent en moyenne 3 heures 40 min par semaine pour jouer, regarder des chaînes de télévision, mais aussi apprendre voire bénéficier d'un soutien scolaire. Les adolescents entre 13 à 19 ans consacrent même 13 heures 30 min hebdomadaires à cette navigation et, pour tout le monde, ce temps augmente: entre 2012 et 2015, chaque tranche d'âge a ainsi "gagné" plus d'une heure.

Toutefois, et malgré sa fragilité particulière, la vie privée de ce jeune public est insuffisamment protégée, dénonce la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) dans une étude rendue publique mardi 2 septembre, et menée de concert avec 29 autorités homologues de protection des données dans le monde.

Des comptes personnels difficiles à supprimer dans 6 sites sur 10

Des 54 sites pour enfants et adolescents analysés par la Cnil -sur un total de 1.494 passés au crible par le Global Privacy Enforcement Network (GPEN), réseau d'organismes agissant au sein de l'OCDE pour la protection de la vie privée-, 87% résultent collecter des données personnelles, notamment à partir de la création obligatoire d'un compte utilisateur. Il s'agit surtout des adresses mails, suivies du pseudonyme, mais aussi de la date de naissance et des nom et prénom, voire de l'adresse et du numéro de téléphone.

Cependant, non seulement cette collecte se révèle ne pas être toujours nécessaire par rapport au service proposé. Mais, surtout, si 71% d'entre eux prévoient bien une mention d'information relative à cette pratique, seulement 33% adaptent l'information aux capacités de compréhension du jeune public visé et l'indiquent sur le formulaire rempli par l'enfant (ou son parent). Ils ne sont par ailleurs que 39% à offrir à leurs utilisateurs une manière simple de supprimer leur compte, s'inquiète la Cnil.

Des cookies déposés par tous les sites

Quant aux mesures de vigilance ou de contrôle parental, telles que la publication de messages de sensibilisation sur la collecte des données ou l'envoi de mails aux parents pour demander leur accord, elles sont loin de constituer une pratique courante. 62% des sites examinés (dont pourtant les trois quarts s'adressent aux moins de 12 ans) n'en proposent aucune.

Plus de 6 sites sur 10 redirigent aussi leurs jeunes clients vers des partenaires tiers, dont certains marchands, par un simple clic. Tous déposent par ailleurs des cookies sur le terminal de l'utilisateur dès son arrivée sur la page d'accueil. Aucun ne recueille son consentement préalable et la plupart (63 %) omet d'apposer le bandeau d'information pourtant obligatoire, dénonce la Cnil. Qui n'exclut pas d'engager des procédures de sanction contre les éditeurs refusant de respecter les droits de leurs jeunes utilisateurs.

Giulietta Gamberini

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