En novembre 2018, l'agence de presse chinoise Xinhua a innové avec deux présentateurs virtuels animés par l'intelligence artificielle (IA). Ford s'est allié avec le géant chinois Baidu pour développer et tester les véhicules autonomes de niveau 4. L'an dernier, 17 secteurs prioritaires ont été identifiés par Pékin pour le développement de l'IA, dont les véhicules autonomes, les robots et les drones intelligents, les puces de réseaux de neurones. En 2017, le marché chinois de l'IA a atteint 23,7 milliards de yuans (3,5 milliards de dollars, en hausse de 67 % comparé à 2016), et ses investissements et financement représentaient déjà 70 % du total mondial dans ce domaine. Le paiement par reconnaissance faciale a déjà été lancé dans les supermarchés impliqués dans le concept « New Retail »...
Pourquoi l'Empire du Milieu veut-il aller si vite dans le domaine de l'intelligence artificielle ? D'abord, parce que celle-ci sera incontournable pour que la Chine devienne une grande puissance technologique. Cela correspond également à son fort besoin de développement, afin d'optimiser sa structure industrielle, améliorer son efficacité et réduire ses coûts. Dans les services publics, par exemple, le pays mise sur l'IA et le big data pour répondre à la pénurie grandissante de médecins car le pays compte seulement 1,5 médecin généraliste pour 10000 habitants.
L'Europe pourrait être un partenaire stratégique
D'ici 2030, la Chine entend devenir le leader de l'IA avec un secteur industriel qui pourrait peser 1000 milliards de yuans (environ 150 milliards de dollars). Dès 2020, elle rattraperait les États-Unis dans ce secteur. Elle dispose d'atouts majeurs pour y parvenir. Du fait de sa grande population, il lui est plus facile de collecter des données abondantes et de mener des tests. Surtout, pour une grande partie des Chinois, la commodité et la sécurité comptent davantage que la confidentialité des données. La Chine a d'autres points forts : un marché dynamique et ouvert aux nouveaux concepts, de multiples industries pour l'application de l'IA, des fonds suffisants avec une forte culture de venture capital, de nombreux talents en R & D, des entrepreneurs motivés, et enfin, le soutien actif du pouvoir politique.
Dans cette perspective, le potentiel de coopération entre la Chine et l'Europe est considérable. « Le marché européen reste très fragmenté et très réglementé, mais possède des modèles industriels et commerciaux bien avancés et de riches expériences dans la gestion de projets internationaux », commente Jin Duan, le président de la filiale européenne de DeepBlue Technology, un groupe leader dans l'IA en Chine, qui envisage de créer bientôt une plateforme d'investissements en Europe. « En termes d'IA, les États-Unis occupent actuellement la position de leader et disposent d'un vaste marché domestique ; ils possèdent donc un système indépendant et mature. Dans ce secteur la complémentarité est donc beaucoup plus forte entre la Chine et l'Europe », conclut-il. Ceci est encore plus vrai pour la France, pays de brillants mathématiciens.
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