Le pactole (espéré) de la 5G

Alors que la prochaine génération de communication mobile est en plein développement, la 5G pourrait générer quelque 247 milliards de dollars de recettes en 2025, selon le cabinet ABI Research.
Pierre Manière
En février dernier, les équipementiers et opérateurs télécoms ont multiplié les démonstrations liées à la 5G au Mobile World Congress de Barcelone (photo).

Les chiffres tombent. Et bien sûr, ils sont mirobolants. Alors que partout dans le monde, les industriels des télécoms mettent les bouchées doubles pour développer la 5G, plusieurs études tentent d'évaluer le poids de cette future locomotive technologique pour le secteur.

La semaine dernière, le cabinet ABI Research s'est prêté au jeu des pronostics. D'après lui, le chiffre d'affaires de cette nouvelle génération de communication mobile pourrait s'élever à 247 milliards de dollars en 2025, en précisant que l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Europe de l'Ouest constitueraient des marchés-clés.

De nouveaux usages

Selon Joe Hoffman, vice-président d'ABI Research, « la 5G sera une technologie cellulaire à croissance rapide, très probablement plus rapide que les générations précédentes, y compris la 4G ». En outre, il affirme que la 5G va générer de nouveaux cas d'usage, qui constitueront autant de revenus supplémentaires.

En effet, contrairement à la 4G, qui a initialement été pensée pour offrir le plus de débit possible, la 5G sera nativement calibrée pour l'Internet des objets, perçu comme un important marché dans les années à venir. C'est la raison pour laquelle les industriels des télécoms multiplient les expérimentations pour ferrer, à terme, de nouveaux marchés, comme l'automobile avec la voiture autonome.

      Lire aussi : Quand la 5G bombe le torse

Mais que penser de cette projection d'ABI Research ? Est-elle crédible ? L'été dernier, le cabinet Juniper Research avait de son côté estimé que la 5G pèserait quelques 65 milliards de dollars en 2025. C'est-à-dire près de quatre fois moins que le chiffre avancé par ABI Research.

Le directeur de la stratégie chez Ericsson France, Viktor Arvidsson juge que le montant de 247 milliards de dollars d'ABI Research « n'est pas délirant », si l'on considère qu'il représente, à la louche, 20% ou 25% du chiffre d'affaires actuel total des opérateurs mobiles dans le monde. D'ici 2025, « on peut imaginer qu'une part importante des connexions passe par la 5G », poursuit-il. « Ce qui est intéressant, c'est que la feuille de route concernant la 5G s'accélère ». D'après lui, il y a globalement une volonté des industriels et des Etats d'aller vite. A l'instar de la Corée du Sud qui veut que cette technologie soit disponible pour les JO d'hiver de 2018, avec une première version commerciale.

50 millions d'abonnés en 2021 ?

Outre cette vitrine, la conférence mondiale des télécoms, qui aura lieu en 2019, doit permettre de déterminer quelles fréquences seront allouées à la 5G. Un préalable indispensable à une deuxième version commerciale plus poussée, attendue en 2020. Si le calendrier est respecté, « on pourrait déjà avoir de vrais réseaux 5G commerciaux en 2021, avec environ 150 millions d'abonnés dans le monde », se projette Viktor Arvidsson.

Reste qu'aujourd'hui, la 5G est encore en plein développement et fait l'objet d'une véritable bataille mondiale pour imposer ses normes. A ce petit jeu, l'Union européenne, qui a perdu la précédente guerre de la 4G, ne veut pas une fois encore se faire damer le pion par l'Amérique ou l'Asie.

Pour faire entendre sa voix, Bruxelles a débloqué 700 millions d'euros d'ici 2020 dans un partenariat public-privé (PPP) dédié à la 5G. Sachant que dans le cadre de ce plan, le secteur privé compte débourser 3,5 milliards d'euros. En parallèle, l'UE multiplie les accords de coopération pour jouer les premiers rôles dans la détermination des standards de la 5G. En février dernier, elle a notamment signé un partenariat avec le Brésil. Et en septembre 2015, elle en a lancé un avec la Chine.

     | Lire aussi :  Bruxelles met les bouchées doubles dans la course à la 5G

D'après plusieurs analystes, outre ce bras de fer technologique, l'enjeu pour le Vieux Continent sera de ne pas prendre de retard dans les déploiements et dans la commercialisation de la 5G. Pour mémoire, la Suède avait pris très tôt, dès 2009, le virage de la 4G: en 2014, près d'un tiers de sa population était abonnée à cette génération de communication. Alors qu'au même moment, en France, elle ne comptait que 5,6% (3,7 millions) de clients d'après l'Arcep, le régulateur des télécoms.

     | Lire aussi : Huawei : « Pour développer la 5G, on anticipe les usages de demain »

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 21/04/2016 à 13:22
Signaler
"ON" parle de 4G et de 5G. Pendant ce temps, nous en sommes TOUJOURS à la 2G !

à écrit le 21/04/2016 à 10:31
Signaler
ft pas etre presse d'investir la dedans, la 4g n'est meme pas en rythme de croisiere, et c'est pas avec des forfaits a 2 euros en tt gratuit tt illimite reùmbourse par la secu que ca va aller mieux... les entreprises, elles ont un bilan ( et des rat...

à écrit le 21/04/2016 à 8:32
Signaler
Il est bon de voir que le vieux continent est bien décidé à peser sur les normes et à ne pas prendre de retard sur cette technologie. La HD, la 3D et la réalité virtuelle prendrons tout leur essor avec la 5G. Cela dit je reste dubitatif sur les obje...

le 22/04/2016 à 9:02
Signaler
Les cycles sont plus de 10 ans. Et puis c'est possible, à la condition de soutenir une concurrence chez les equipementiers telecoms traditionnaux. Et certains y travaillent activement...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.