Les objets connectés forcent la porte des grands magasins

Huit enseignes de la grande distribution, dont Carrefour, Auchan et Leclerc, ont signé une Charte avec le gouvernement les engageant à commercialiser au moins cinq objets connectés par an dans au moins cinq magasins en France. Une opération de communication plus qu’autre chose, mais une opportunité tout de même, pour ces startups, de toucher le grand public.
Sylvain Rolland
Carrefour, Auchan, Leclerc et cinq autres enseignes de la grande distribution ont signé une Charte les engageant à commercialiser des objets connectés de la French Tech.

Et si les objets connectés n'avaient besoin que d'un petit coup de pouce, c'est-à-dire une meilleure distribution, pour enfin décoller dans les ventes? C'est le pari du gouvernement. Ce mercredi, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, et la secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire, ont signé une charte avec huit enseignes de la grande distribution, qui les engage à vendre des objets connectés de la French Tech.

L'objectif est double. Premièrement, encourager l'essor de ce secteur, auquel toutes les études promettent monts et merveilles mais qui peine toujours à décoller et à séduire le grand public. "La visibilité des objets connectés dans les grandes surfaces va permettre de les ancrer dans la vie quotidienne des Français", espère le cabinet d'Axelle Lemaire. Selon Cisco, le chiffre d'affaires des objets connectés pesait déjà 150 millions d'euros en 2014, et devrait grossir à 500 millions d'euros en 2016. Encore faut-il correctement les distribuer pour réaliser ce potentiel.

Le deuxième objectif est de donner un énième coup de pouce à la French Tech, l'écosystème français d'innovation. Quitte à ce que les objets connectés déferlent dans les caddies, autant qu'ils soient "made in France" plutôt qu'un acteur étranger réussisse à percer dans les rayons au détriment d'une startup bleu-blanc-rouge. L'enjeu ? Faire de la France un champion dans le domaine, conformément aux objectifs du programme "objets intelligents" du plan Nouvelle France Industrielle du gouvernement.

Pas très contraignant pour les enseignes

Dans le détail, la Charte n'est pas très contraignante pour les enseignes de grande distribution. Auchan, Leclerc, Carrefour, Boulanger, Darty, la Fnac, Orange et Innov8, les huit signataires, devront sélectionner "au moins cinq objets innovants" et les distribuer dans "au moins cinq points de vente". Les opérations de mise en avant des produits en magasin, via des animations, un "corner" spécifique ou des affiches, devront durer "au moins une semaine par an". Les objets devront aussi être intégrés dans les catalogues produits et mis en avant dès la page d'accueil de leur site et dans les newsletters envoyées aux clients. En contrepartie, elles pourront utiliser la marque French Tech pour communiquer autour de ces objets.

Pas très contraignant, donc. Peu importe: 43 startups ont d'ores et déjà rejoint le dispositif, dans l'espoir que cette distribution les aide à toucher le grand public. Certaines d'entre elles, à l'image de Withings, spécialistes des balances connectées et autres stations météo, sont déjà bien installées dans les rayons de la Fnac, de Darty, de Boulanger et chez les enseignes spécialisées LICK et Mood.

Pour d'autres, c'est l'occasion d'espérer toucher une fraction du grand public. Parmi les startups participantes figurent Awox, le spécialiste des ampoules connectées qui réveillent en douceur, la caméra à 360° Giroptic, les semelles et chaussures chauffantes de GlaGla Shoes, la brosse à dent connectée Kolibri, la boule musicale intelligente Phonotonic, ou encore le porte-clés connecté Wistiki.

Une opération avant tout symbolique

Les startups concernées n'attendent pas la lune de ce partenariat. Ils le voient plutôt comme une première étape, importante car symbolique, pour encourager les grandes enseignes à faire de la place dans leurs rayons surchargés pour les objets connectés. "Cinq objets connectés par enseigne et une communication d'une semaine par an, ça leur laisse la porte ouverte pour ne pas faire grand-chose, mais c'est toujours mieux que rien", confie un dirigeant d'une startup concernée.

De son côté, Dimitri Singer, le cofondateur et directeur général de 3DSoundsLabs, une startup qui a conçu un casque audio connecté, loue la force du groupe.

"Quand on est une startup et qu'on parle à des enseignes de la grande distribution, on a l'impression qu'on va se faire manger tout cru, sourit-il. Faire partie d'un collectif de startups au sein d'une Charte nous permettra peut-être de compenser notre petite taille et d'obtenir des conditions de commercialisation plus équilibrées", espère-t-il.

Les taux de marge du distributeur, les conditions d'accès, la mise en avant marketing, la gestion du stock, des retours... tout reste encore à définir. "Ce serait bien que ces conditions soient standardisées pour que nous n'ayons pas besoin de négocier avec chacun", précise Dimitri Singer.

L'accompagnement, condition essentielle à la vente des objets connectés

Les magasins ont donc le sort de ces objets entre leurs mains. Déploieront-ils les moyens nécessaires pour leur permettre de rencontrer de succès? Car on ne vend pas un casque de réalité virtuelle, un bracelet de mesure d'activité ou un traqueur de position pour enfant comme on vend un sac de carottes. "Vendre des objets connectés nécessite, idéalement, de former au moins un vendeur pour qu'il explique les vertus du produit, et de permettre au client de le tester", explique Dimitri Singer.

Grâce à la Charte, les magasins pourront mutualiser ces coûts et contribuer à changer l'image des objets connectés auprès du grand public. Toujours perçus comme des "gadgets" dispensables, ils pâtissent aussi d'un coût élevé et de craintes liées à la sécurité des données personnelles, même si certains d'entre eux peuvent améliorer la vie quotidienne de manière non-négligeable.

Sylvain Rolland

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Commentaires 8
à écrit le 02/03/2016 à 13:10
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ESSAI

à écrit le 23/10/2015 à 6:17
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Objets totalement inutiles encore un nouveau blabla de ce gouvernement d'incompétents. Ce type d'objets il faut pour ceux qui le souhaitent l'acquérir dans un magasin spécialisé et pas forcément de marques françaises. Il faut dire que pendant que Mac...

à écrit le 23/10/2015 à 0:03
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Encore faut-il démontrer l'intérêt, l'utilité.

à écrit le 22/10/2015 à 15:32
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C'est bien ce qui me semblait, c'est d'abord des objets inutiles. En fait tous ces messieurs cherchent un canal de vente, et les spécialistes capables d’interpréter ces données. Navré, mais en ce qui concerne E-santé, si c'est en vente en grande sur...

à écrit le 22/10/2015 à 14:56
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On a créé en cartel des hypermarchés qui ont détruit 5 emplois pour 1 proposé. On créé désormais un cartel avec cet outil pour étouffer l'activité créative naturelle. Nombre d'entreprises vont encore faire faillite.

à écrit le 22/10/2015 à 9:53
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On nous fait tout un plat des objets connectés et c'est vrai que certaines applications paraissent bluffantes technologiquement. Par contre la question qu'il faut se poser c'est l'utilité réelle pour le consommateur. Si l'application est utile elle ...

le 22/10/2015 à 10:17
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Votre commentaire reflète bien la situation: on veut nous faire à acheter en masse des gadgets techno qui serviront peu pour la plupart et finiront rapidement à la poubelle.Ces produits seront vite obsolètes et les services "connectés" associés ne...

le 22/10/2015 à 11:48
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Surtout que j'ai déjà du mal à hacker le vibro de ma voisine...

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