Pourquoi le deal Orange-Bouygues Telecom a échoué

Après trois mois de négociations, Orange et Bouygues ont mis un terme à leurs négociations. Martin Bouygues a notamment refusé les exigences de l’Etat actionnaire.
Martin Bouygues, à la tête du groupe éponyme, était engagé dans un bras de fer avec Bercy ces derniers jours.

Le deal ne se fera pas. Orange et Bouygues ont rompu leurs négociations concernant le rachat de Bouygues Telecom par l'opérateur historique. Après trois mois de discussions, Martin Bouygues a finalement refusé les exigences de l'Etat, premier actionnaire d'Orange avec 23% du capital.

Dans un communiqué publié au terme d'un conseil d'administration, Bouygues confirme qu'il « met fin aux discussions avec Orange en vue d'un rapprochement ». Lors des négociations, le groupe précise avoir « attaché une grande importance » à plusieurs éléments : « L'intérêt des collaborateurs de Bouygues Telecom et les garanties sociales à leur apporter dans une telle opération », « le niveau de participation de Bouygues dans le capital d'Orange et la gouvernance associée pour être un actionnaire significatif [...] », « le risque d'exécution » et « la valeur retenue pour Bouygues Telecom ». Or d'après Bouygues, « un accord sur l'ensemble de ces points n'a pu être trouvé ».

Empêcher Bouygues de grimper

Même son de cloche chez Orange, qui réunissait son conseil d'administration au même moment. « Un accord en vue d'un rapprochement avec Bouygues Telecom n'a pu être trouvé », déplore l'opérateur historique.

D'après Le Figaro, Bercy a conditionné l'entrée de Bouygues au capital d'Orange à 18,5 euros par action, alors que jusqu'alors, les négociations se faisaient autour de 17 euros. En outre, Bercy voulait empêcher Bouygues de grimper au capital d'Orange pendant 7 ans, couplé à un gel des droits de vote double pendant dix ans. Face à ces exigences, Martin Bouygues aurait donc décidé de jeter l'éponge. « L'Etat veut que les actions Orange soient valorisées à un prix très supérieur au marché en imposant des conditions très strictes en matière d'actionnariat à Bouygues », expliquait un peu plus tôt à l'AFP une source proche du dossier, jugeant ces conditions difficilement acceptables pour le groupe industriel.

« Macron joue au banquier d'affaires »

Ces derniers jours, les relations entre Emmanuel Macron et Bouygues étaient particulièrement tendues. Jeudi, d'après une source proche du dossier, les discussions se passaient « mal ». « Il joue au banquier d'affaires », nous disait-on. A Bercy, l'ex-France Telecom et ses 40 milliards de chiffre d'affaires est à juste titre considéré comme un actif stratégique, surtout en pleine révolution numérique. Or Bouygues briguait 15% du capital d'Orange. Une ambition jugée trop élevée par l'Etat, qui voulait garder la main sur l'opérateur historique.

En outre, Bercy jugeait que le prix fixé par Martin Bouygues pour sa filiale télécoms était beaucoup trop cher par rapport à la valeur réelle de ses actifs. Fixé à 10 milliards d'euros, il correspondait à ce que Patrick Drahi, le patron d'Altice (SFR) était prêt à débourser au printemps dernier pour mettre la main dessus, avant de voir son offre rejetée.

Sous couvert d'anonymat, ce vendredi, un analyste relativisait malgré tout les craintes de l'Etat liées à l'arrivée de Bouygues au capital d'Orange:

« En France, Martin Bouygues a des activités dans la construction et dans les médias avec TF1. C'est un capitaine d'industrie et un partenaire historique de l'Etat. Ce n'est pas un Carlos Slim [le milliardaire mexicain qui a fait fortune dans les télécoms], par exemple. En plus, Martin Bouygues fait preuve d'une dimension sociale très prononcée à l'égard de ses employés. Ce n'est pas un trader fou. Et puis franchement, je ne suis pas certain que l'Etat soit très actif concernant la stratégie d'Orange... »

« Niel ne jouait pas le jeu »

De plus, de source proche du dossier, l'attitude de Xavier Niel, le patron d'Iliad (Free), n'aurait pas aidé. « On a toujours senti que Xavier Niel ne jouait pas le jeu et n'a pas arrêté d'ajouter des conditions. Il pouvait risquer de faire planter l'accord à tout moment », avec pour objectif de racheter ensuite Bouygues Telecom à bas prix, estime-t-elle.

Dès lors, la perspective d'un mariage entre Orange et Bouygues Telecom s'est-elle définitivement envolée? Pas forcément. Même si dans son communiqué, Bouygues juge que dans ce marché, « l'hypothèse d'une consolidation devient désormais durablement exclue ». Avant d'assurer que Bouygues Telecom poursuivra sa stratégie stand alone. En attendant, Martin Bouygues, qui avait lui-même sollicité Orange pour vendre sa filiale, devra d'abord remotiver ses troupes après une grande période d'incertitude.

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Commentaires 26
à écrit le 03/04/2016 à 20:23
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Bouygues et S.F.R Numéricable devraient fusionner tous leurs réseaux, antennes, cablages, recherche, logistique, centrales d'achats : Société Commune à 50/50 et demeurer indépendants sur le plan Commercial et concurrentiels, comme les groupes Auto Mu...

à écrit le 03/04/2016 à 8:10
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On aurait aimé autant de dureté de l état lors de,la,vente,de alsthom..macron joue les petit chefs dans une affaire franco francaise......alors que en ce moment, les américains sont entrain de transférer aux USA toute la,compétence alsthom...... Bra...

à écrit le 03/04/2016 à 8:10
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On aurait aimé autant de dureté de l état lors de,la,vente,de alsthom..macron joue les petit chefs dans une affaire franco francaise......alors que en ce moment, les américains sont entrain de transférer aux USA toute la,compétence alsthom...... Bra...

à écrit le 02/04/2016 à 22:09
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Bouygues peut sauver la face, mais il ne sauvera pas les meubles.

à écrit le 02/04/2016 à 18:30
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Martin a eu raison de toute manière L ARCEP le conseil de la concurrence ou Bruxelles aurait fait Peter le deal

à écrit le 02/04/2016 à 13:01
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Le NON mariage Bouygues Orange telecom est une excellente nouvelle ; car la politique client d'Orange est tellement éloignée des attentes légitimes des clients; le service client est absent, promène les clients et ne résout pas les problèmes.

à écrit le 02/04/2016 à 12:22
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Bouygues a été trop gourmand. On ne peut pas vouloir vendre une filiale Télécom qu'on juge pas assez rentable en souhaitant les meilleures conditions pour avoir le controle de l'acheteur. L'état a raison de ne pas céder aux exigences de Bouygues

à écrit le 02/04/2016 à 11:29
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Attendre 2017 pour que les considérations politiques s'effacent au profit de l'avenir industriel de notre pays : Orange a besoin de consolider son implantation en France pour s'engager résolument à l'international.

à écrit le 02/04/2016 à 11:28
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Si j ai compris c est Bouygues qui achete Orange, non seulement il encaisse 10 milliards mais il devient le premier actionnaire donc celui qui gouverne le nouvel ensemble.

à écrit le 02/04/2016 à 11:16
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c'est marrant, quand un super deal échoue, la partie acheteuse est saluée pour sa bonne gestion et son bon sens. par contre quand c'est l'Etat qui ne veut pas que Martin Bouygues opère un vol à l'étalage d'argent public, ledit Etat joue "le banquier ...

à écrit le 02/04/2016 à 10:23
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Moi ,je ne comprends rien a la stratégie . J avais un abonnement internet orange ,que j ai quitté pour une darty box , qui est repris par bouygues , qui viens de me mettre en bbox ,donc bouygues,, qui demain peut être deviendra orange... C est quoi ...

le 02/04/2016 à 15:47
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Vous finirez chez orange avec une facture à max. Lol C'est toujours mieux que de financer un boire qui est au Luxembourg et dans les paradis fiscaux !!!!

à écrit le 02/04/2016 à 10:22
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Le fond de l'affaire est de recentrer la place de l'état. Je pense qu'on marche sur la tête. On a vendu des autoroutes et on s'apprète à vendre des aéroports. Pour France Telecom on a refusé le scénario de la séparation fonctionnelle (localiser dans ...

à écrit le 02/04/2016 à 8:50
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L'Etat menace toujours de nationaliser l'industrie et le commerce. Le secteur privé économique n'est plus qu'un troupeau de cochons qui mange à l'auge du budget de l'état. Le secteur des télécom doit investir pour rendre la France compétitive. C'est...

à écrit le 02/04/2016 à 7:36
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Encore toute la compétence de Hollande qui a laisser traîner ce dossier. 3 mois pour finalement dire que 10 milliards et bouygues au capital de orange il ne voulait pas !! Des debut janvier on aurait dû voir que bouygues ne voudrait pas reculer

à écrit le 02/04/2016 à 7:04
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D'après l'article, il semble que certains ont participé à toutes les discussions hyper confidentielles et connaissent même la position de Bercy. Les seuls éléments tangibles sont inclus le communiqué de presse de Bouygues 1er avril qui indiquent cl...

à écrit le 02/04/2016 à 4:21
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Une excellente nouvelle pour les consommateurs. Ce mariage n'a pas lieu d'être. Dans la plupart des pays d'Europe, il y a au moins 4 opérateurs. Pourquoi devrait limiter la concurrence sur le dos des consommateurs ? C'est un non-sens économique et c'...

à écrit le 01/04/2016 à 23:05
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Super ! Maintenant j'espère que Bouygues Télécom va s'effondrer ! Je souhaite surtout que la France se débarrasse de ces oligarques purulents de la famille Bouygues. Quelle horreur ces gens-là, les nouveaux dictateurs de service. Il n'y aura pas de R...

à écrit le 01/04/2016 à 22:24
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Bon nouvelle !!! Altice à emprunter à des taux prohibitifs Il ne tiendra pas la guerre des prix Pour les francais c'est la meilleure nouvelles les prix N augmenteront pas demain Encore un truc mal gérer par normal 1 er Un retrait de la ...

à écrit le 01/04/2016 à 22:15
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En temps que salarié Orange, je dis tant mieux. Pas de besoin du réseau Bouygues Tel à 10 Milliards. Notre réseau Orange existe déjà et même à l'international. Quid des doublons ? En plus, avec 3 opérateurs, pas sur que les clients soient gagn...

le 01/04/2016 à 23:47
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Le but c'était de supprimer un concurent Évidement il y aurait eu des hausses de prix et des suppressions de postes

à écrit le 01/04/2016 à 20:12
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Martin va attendre le changement de gouvernement dés fois que paul bismuth revienne a u pouvoir !!!!!! c est pas un poisson d avril

à écrit le 01/04/2016 à 20:07
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Belle baisse du nombre de commentaires... Eeet, si vous remettiez la lecture possible..??

à écrit le 01/04/2016 à 19:49
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L'Etat actionnaire, c'est a dire nous tous, n'a fait que son travail. Acheter au meilleur prix un capitaine d'entreprise en perdition, et qui se voyait déjà le coucou en chef d'un paquebot tout neuf et qui marche sans rien avoir a faire... La conclu...

le 03/04/2016 à 4:17
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rigolo va !!!!!! créé ta boîte et tu parleras !!!!

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