Anne-Marie Couderc à la tête de Presstalis : une femme de papier

Directrice déléguée de Lagardère Active, chargée des négociations extérieures sur la diffusion du pôle presse du groupe, Anne-Marie Couderc, 60 ans, est nommé directrice générale de Presstalis (ex NMPP), premier distributeur de la presse en France. Elle remplace mercredi 28 juillet, Rémy Pflimlin nommé PDG de France Télévisions.

« J'ai adoré passé mes nuits dans les imprimeries, sentir l'odeur de l'encre » Anne-Marie Couderc est une passionnée de politique mais sa plus belle histoire reste la presse écrite. Pour ne pas la fâcher, il ne faut donc pas lui parler d'emblée de son passé de ministre, « juste deux ans sur une vie professionnelle de près de 35 ans » mais plutôt de son histoire avec Hachette Filipacchi Médias rebaptisé depuis Lagardère Active. De 2000 à 2006, elle fut à la tête du pôle presse magazine de Lagardère, alors premier groupe mondial de presse magazine.

Une période pas toujours facile qui fut marquée par la mort de Jean-Luc Lagardère en 2003, et le départ de Gérald de Roquemaurel, président d'HFM, en 2006. Il est remplacé par Didier Quillot avec qui les relations sont tendues au début mais n'ont cessé de s'améliorer depuis, affirme un cadre du groupe. « Il y a beaucoup de respect entre deux et le départ d'Anne-Marie n'est pas une bonne nouvelle pour Lagardère Active », poursuit-il. Depuis 2006, elle était directrice déléguée de Lagardère Active, chargée des négociations extérieures sur la diffusion du pôle presse du groupe. Elle est aussi vice-présidente du Conseil supérieur des messageries de presse, l'autorité de référence de la profession.

Cette ancienne « Juppette » est une fidèle. Fidèle en politique où depuis toujours elle défend un seul parti, le RPR devenu l'UMP, et fidèle dans son travail, elle n'a connu qu'un groupe de presse, Lagardère. D'ailleurs, la décoration de son élégant bureau de Levallois est à l'image de ses deux passions : sur le mur trône la une du Journal du dimanche consacrée à l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République en 1995.

Son diplôme d'études supérieures de droit et de sciences criminelles en poche, Anne-Marie Courderc enfile très jeune sa robe d'avocat puisqu'elle n'a que vingt-deux ans quand elle prête serment. Travailleuse, elle se fait remarquer en 1975, lors de la gestion d'un lourd conflit social dans l'imprimerie où elle représente le groupe Hachette. Et sait désormais que sa voie est tracée dans les médias où « elle aime le rapport très sensuel avec la presse » et plus précisément chez Hachette.

Elle en ressort épuisée mais avec un nouveau job à la clé, celui de responsable juridique du secteur industriel chez Hachette. Après cinq années à ce poste, Anne-Marie Courderc n'hésite pas longtemps quand Daniel Filipacchi (le patron du groupe à l'époque, Ndlr) l'appelle à ses côtés pour s'occuper du recrutement. « Je pensais que c'était du court terme mais j'y suis restée dix ans », confiai-t-elle amusée il y a quelques années. « C'est l'époque où Hachette prenait sérieusement la voie de l'internationalisation et devenait de plus en plus gros. Je repérais les gens, les mettais en situation, les voyais évoluer », raconte-t-elle un brin nostalgique. Et de confier : « C'est à ce moment que j'ai connu mes plus belles réussites et mes plus beaux échecs aussi. »

A tout juste soixante ans et après près de trente ans de maison, Anne-Marie Couderc a toujours revendiqué haut et fort son envie de « travailler avant tout en équipe ». Mais si elle affirme « ne pas être une solitaire », elle a toujours savouré de pouvoir s'accorder des week-ends tranquilles dans sa maison en Creuse. « Je suis exclusive et entière et c'est vrai qu'entre le travail et mes engagements politiques, pendant plus de vingt ans, je n'ai pas eu une soirée à moi », confiait-t-elle en 2002. Et d'ajouter : « J'étais crevée mais épanouie. C'est vrai qu'il y a des tas de choses que je n'ai pas faites, je n'ai pas d'enfant par exemple, mais le bilan que je dresse aujourd'hui est passionnant. »

Quand à sa vie de militante qui lui sied comme une seconde peau, elle avoue avoir quitté en pleurs Hachette quand elle accepta d'être ministre déléguée à l'Emploi du gouvernement Juppé en 1995. Mais une telle proposition « ne se refusait pas ». Durant sa vie de ministre, même si elle ne pensait pas à l'époque retourner à une vie professionnelle classique, elle ne coupe par pour autant les liens avec ses anciens patrons. Jean-Luc Lagardère lui demandait régulièrement « quand elle allait rentrer à la maison » et Gérald de Roquemaurel « lui prenait ponctuellement le pouls », raconte-t-elle coquette.

Débarquée du gouvernement, les deux hommes lui proposent aussitôt, en 1997, de prendre la direction de la presse magazine France. Anne-Marie Couderc avait alors demandé un mois de réflexion avant d'accepter et de se retrouver alors « patronne » d'une quarantaine de magazine dans un monde particulièrement masculin et seule femme du comité de direction de HFM. Mais elle a toujours précisé : « si la politique reste une passion, je ne suis pas retournée chez Hachette par dépit ».

Aujourd'hui, la tâche qui l'attend chez Presstalis est lourde et Anne-Marie Couderc le sait. Il se dit qu'elle n'a pas vraiment eu le choix. « Anne Marie Couderc est une vraie professionnelle, elle connaît mieux que personne le secteur de la presse écrite. Son passé de ministre lui saura fort utile pour gérer les futurs conflits sociaux », affirme un professionnel du secteur. Et d'ajouter « une femme dans ce monde d'homme, ça peut faire des miracles ! ».

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