Rapport accablant de l'Inspection des finances sur France 24 et RFI

Dans un rapport commandé par Matignon, l'Inspection des finances fustige les dérives dans la gestion de l'audiovisuel extérieur.
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Depuis un an, l'audiovisuel extérieur (qui rassemble France 24, RFI et TV5) a surtout fait parler de lui pour sa guerre des chefs opposant Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent. Mais cette guerre cachait d'importantes dérives dans la gestion, à en croire un rapport que l'Inspection générale des finances (IGF) vient de remettre à Matignon après six mois d'enquête. Revue de détail des dérives constatées.

Les contrats de prestations externes : le rapport relève "plusieurs irrégularités". D'abord, des prestations ont été payées "en l'absence de contrats". Ensuite, certains marchés ont été attribués sans mise en concurrence, alors qu'il s'agissait d'une "obligation".

Les synergies : elles manquent cruellement dans plusieurs domaines, en particulier entre France 24 et TV5. Ainsi, "la seule synergie de contenu se limite à l'utilisation par France 24 de la météo internationale pour Internet produite par TV5". Les deux chaînes sont aussi "partiellement concurrentes" auprès des réseaux de distribution: câble, satellite... "Des effets de surenchère tarifaire entre les deux chaînes, ou même d'éviction réciproque, ont été constatés".

L'emploi : le rapport déplore que le premier plan social à RFI a coûté "nettement plus que prévu" : 41,3 millions au lieu de 30,2. Quant au plan social en cours, "son dimensionnement a manifestement davantage été déterminé en fonction d'un objectif d'économies à réaliser, qu'à partir d'une véritable analyse prospective", dénonce le rapport, pour qui "la masse salariale a servi de variable d'ajustement". En outre, 12 millions d'euros avaient été dépenses pour financer 153 départs transactionnels, dont beaucoup de dirigeants. "La quasi-totalité des membres du comité de direction a été renouvelée au moins une fois depuis 2008".

La publicité : les prévisions de la direction sur les recettes propres étaient "très optimistes", mais "la crédibilité de ce modèle a été rapidement remise en cause par les faits". Ainsi, en 2010, ces recettes propres ne se sont élevées qu'à 19 millions d'euros, "soit 40% de moins que la prévision de 32 millions". Cela est "d'autant plus préocuppant que la distribution et l'audience de France 24 ont fortement progressé. Ce qui fragilise le postulat selon lequel cette progression devrait faire affluer les recettes publicitaires". L'avenir n'est guère plus rose. Les prévisions ont été "fortement révisées à la baisse", passant pour 2013 de 39 à 19 millions. Mais l'IGF pense que c'est encore "particulièrement ambitieux" et "probablement trop optimiste". En effet, les recettes des premiers mois de 2011 sont à nouveau loin du budget. L'IGF craint donc que les prévisions de la direction soient encore surévaluées de 19,5 millions sur 2011-13.

Le dérapage des comptes : depuis 2009, la direction a demandé pas moins de 104 millions d'euros de "subventions exceptionnelles" à l'Etat (qui, à ce jour, lui en a accordé la moitié), pour des motifs divers: plans sociaux, déménagements, recapitalisation de RFI... Mais le rapport estime que les comptes pourraient encore déraper de 55 millions d'ici 2013, car il estime que certaines dépenses prévues restent minorées.

Mise à jour à 17h15:

L'audiovisuel extérieur a publié un communiqué dans lequel elle assure  "partager plusieurs des analyses et recommandations du rapport de l?IGF, qui lui apparaissent pertinentes et de nature à favoriser un développement maîtrisé de ses entreprises. En revanche, l?Audiovisuel Extérieur de  la France n?approuve pas certaines préconisations de ce rapport, qui reposent sur des analyses peu en phase avec la réalité des entreprises soumises à une concurrence internationale de plus en plus rude"

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