La Tribune, après 27 ans d'une vie agitée, est reprise par l'éditeur France Economie Régions

C'est finalement l'éditeur France Economie Régions qui a été choisi par le tribunal de commerce. Les trois quarts des effectifs vont être supprimés. Mutation technologique, changements d'actionnaires à répétition sont à l'origine de l'arrêt de l'édition papier.
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La Tribune paraît pour la dernière fois sous la forme d'un quotidien national. Ce lundi, le tribunal de commerce a finalement choisi le tandem composé du groupe de presse régional France-Economie-Régions associé à la régie de publicité sur Internet Hi-Media, dont le projet de reprise prévoit aussi un hebdomadaire. Quoi qu'il arrive, les trois quarts des 77 journalistes et des 160 salariés devront faire leur carton.

Un épilogue tragique, qui vient clore 27 ans d'une histoire agitée et complexe. Eternel challenger, La Tribune, qui a toujours tenté de se démarquer de son puissant concurrent Les Echos, par un ton original, des titres percutants, et des innovations éditoriales régulières (quadrichromie, photos) est la deuxième victime de la crise de la presse quotidienne. Mais pas seulement. Le journal, sans groupe puissant pour supporter les mutations technologiques et les crises, fait aussi les frais de multiples changements d'actionnaires et de dirigeants. En quasiment trois décennies, pas moins de six propriétaires se sont succédé à la tête du journal. Principal tournant en 1993, LVMH rachète le quotidien, déjà en grandes difficultés, à l'entrepreneur Georges Ghosn.

Si ce groupe industriel a englouti énormément d'argent, dans un quotidien, qui perdait à l'époque 1 million d'euros par mois, il n'a pas cherché à le développer, Bernard Arnault le qualifiant "d'investissement incident". Une danseuse en quelque sorte. En 2007, il rachète Les Echos à Pearson pour 350 millions d'euros (dette comprise) et cède La Tribune. Pour attirer le chaland, il laisse dans les caisses 47 millions d'euros, censés financer au moins trois années de pertes.

Parmi les candidats, Alain Weill l'emporte et promet des synergies avec son groupe audiovisuel NextRadioTV, qui ne se concrétiseront que marginalement. Il investit généreusement dans une relance : équipe rédactionnelle prestigieuse, édition du samedi, abandon du format tabloïd pour le berlinois. Pourtant la crise financière s'abat sur le monde fin 2008. S'il réduit les coûts, notamment sur les invendus, le PDG de NextradioTV investit insuffisamment dans le numérique, et tarde à développer de nouvelles sources de revenus, comme le "hors média" (les salons, conférences, etc.). Au printemps 2010, Alain Weill, refusant de supporter des pertes qui s'élevaient toujours à près de 1 million d'euros par mois, cède 80% du capital à Valérie Decamp pour 1 euro symbolique, alors qu'il ne reste plus que 10 millions d'euros en caisse. La directrice générale, sans surface financière, est chargée de trouver de nouveaux investisseurs. En vain. La suite est une descente aux enfers. Le journal est placé sous procédure de sauvegarde en janvier 2011, avant le dépôt de bilan en décembre dernier.

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