La difficile mutation des journaux à l'étranger

La part des revenus numériques avoisine au mieux 15 %, même chez les pionniers comme le « Guardian ».
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Si le paysage de la presse française a ses particularités et ses lourdeurs spécifiques, l'ensemble des quotidiens dans le monde souffre de cette érosion des ventes papier, comme de la contraction des recettes publicitaires, et se cherche un modèle à l'heure du numérique. Et la crise n'améliore pas les choses. Ainsi en Italie, une centaine de journaux risquent la fermeture en raison du non-renouvellement de certaines aides à la presse en 2012, décidé dans le cadre des mesures d'austérité. En Espagne, le quotidien « Publico » est en cessation de paiements depuis début janvier. En Grèce, la crise de la dette a provoqué la fermeture de deux quotidiens et l'un des historiques, « Elefthérotypia », est menacé de faillite. Même la presse américaine, réputée en pointe sur le numérique, effectue sa mutation dans la douleur. Plus de 13.000 emplois de journalistes ont été supprimés aux États-Unis depuis 2007. Selon l'Association des journaux américains (NAA), les recettes publicitaires du secteur sont en recul depuis 20 trimestres consécutifs, à 25 milliards de dollars en 2011, soit moitié moins qu'il y a six ans. Actuellement, la moitié des journaux américains tireraient moins de 9 % de leurs revenus de leurs activités numériques, selon une étude de l'université du Missouri, mais 10 % d'entre eux s'attendent à ce que cette part atteigne 25 à 30 % de leurs revenus dans trois ans. Les modèles en la matière sont le « Wall Street Journal » (1,3 million d'abonnés numériques) et le « New York Times », certes déficitaire, mais qui semble avoir réussi son passage à un accès payant sur Internet, avec 324.000 abonnés payants à fin septembre et 14 % des recettes du groupe provenant du numérique.

En Grande-Bretagne, le « Guardian », pionnier sur le numérique, continue d'en faire sa priorité, son rédacteur en chef, Alan Rusbridger étant convaincu qu'« à terme, tous les journaux finiront par abandonner le papier. Il faut s'y préparer ». Mais en attendant, si son site est le deuxième plus visité des journaux européens, derrière le « Daily Mail », avec 15,7 millions de visiteurs uniques par mois selon ComScore, le numérique ne génère que 37 millions de livres sur ses 221 millions de chiffre d'affaires. Plus généralement, si un internaute européen sur deux se rend sur des sites de journaux, les revenus de la publicité en ligne ne permettent pas de compenser ceux perdus dans la pub papier ni de supporter les coûts d'une rédaction de quotidien à ce stade.

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