Jadis fleuron du groupe Hersant, le groupe Paris-Normandie a déposé le bilan

Nouvelle victime de la crise de la presse écrite, le quotidien régional Paris-Normandie créé en 1944 sur les ruines du Journal de Rouen se prépare à déposer son bilan après des années de difficultés et d'érosion continue de ses ventes.
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Le dépôt de bilan du groupe Paris-Normandie, qui va également affecter le Havre Libre, Le Havre-Presse et Le Progrès de Fécamp figure à l'ordre du jour d'une réunion extraordinaire du comité d'entreprise de la Société normande de presse d'édition et d'impression (SNPEI), filiale du Groupe Hersant Médias (GHM), prévue lundi prochain à Rouen, selon le syndicat SNJ. Formellement le dépôt de bilan doit être déposé le 29 février devant le tribunal de commerce du Havre, selon le syndicat du livre CGT. "Nous sommes dans une logique d'abandon de l'actionnaire qui nous coupe les ailes", a déclaré Benoît Marin-Curtoud, délégué du SNJ en visant le Groupe Hersant Médias - qui n'a fait aucun commentaire pour l'instant. Dès vendredi, le SNJ et le syndicat du livre CGT organisent une assemblée générale à Déville-lès-Rouen, près de Rouen, où se trouve la rotative et où sont regroupées une grande partie des activités.

L'annonce n'a pas surpris le personnel qui redoutait depuis plusieurs semaines, au mieux un plan social et au pire un dépôt de bilan. "J'aurai tendance à penser que ces choses ont été organisées pour en arriver là de manière à faire payer les difficultés par l'Etat", a déclaré la secrétaire du Comité d'entreprise Véronique Christol membre du syndicat du livre CGT.

Robert Hersant, "le papivore"

Né sur les ruines du Journal de Rouen, fermé pour cause de collaboration, ce journal dont les premiers actionnaires furent des personnalités issues de la Résistance fut un des fleurons de la presse régionale dans les années 1950 et 1960. En 1972, il est passé dans le giron du patron de la Socpresse, Robert Hersant, alors surnommé le "papivore", qui cherchait à étendre son empire en province. La rédaction avait alors cessé le travail durant plus d'un mois pour stopper la transaction, avant de s'avouer vaincue. Depuis, la diffusion payante du journal n'a cessé de reculer passant de 166.000 exemplaires en 1972 à 53.000 en 2011. Cette descente aux enfers n'a été amortie ni par le rapprochement avec les journaux du Havre ni par les changements de formule - comme le passage au format tabloïd - ni par le retour à une certaine neutralité politique après une grande proximité avec la mairie centriste de Rouen dans les années 1970 à 1990. Au cours des cinq dernières années, la diffusion totale des titres de la SNPEI a chuté de 26% pour s'établir à 76.000 exemplaires en 2011, selon l'OJD. Selon le SNJ, l'entreprise qui emploie 365 salariés dont 114 journalistes a accusé en 2011 un déficit d'exploitation de deux millions d'euros pour un chiffre d'affaires d'environ 40 millions.

Une concentration de la PQR

A cause de ces mauvais résultats, le pôle normand avait été écarté en octobre du projet de mariage entre GHM et le groupe belge Rossel, toujours en cours de négociation. Prise dans une logique de réduction de coût après des années de prospérité, la presse régionale française s'est concentrée ces dernières années entre les mains d'une poignée de grands groupes comme Ouest France, Ebra (Crédit Mutuel, 10 titres), GHM (27 titres régionaux), Centre France-la Montagne, Sud-Ouest, La Voix du Nord qui appartient à Rossel.

Après le choc de la révolution numérique, la crise financière a frappé de plein fouet la presse qui a vu, en 2009, la publicité reculer de 10% à 30% en valeur selon les titres, alors que les ventes chutaient en moyenne de 7%. Plus globalement, avec la désaffection des lecteurs, la diffusion de la presse d'information générale a baissé de 400 millions d'exemplaires entre 1982 et 2000 (-11,7 %). Et seul un Français sur trois (34%) lit un quotidien régional, selon une étude publiée par Audipresse en 2010.

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Commentaire 1
à écrit le 27/02/2012 à 16:07
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Il y eut la grande époque avec Pierre-René Wolf. Tous les quotidiens régionaux sont à la botte des potentats locaux. Dans l'Est via le Crédit Mutuel, la banque "mutualiste" sur le papier. Ils sont souvent d'un autre âge sans aucune saveur ne voulant ...

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