L'oligarque Souleïman Kerimov ne regarde pas à la dépense pour propulser le club de foot de sa région natale au niveau européen. Il n'est propriétaire du club Makhatchkala Anji que depuis un an à peine, mais il a déjà dépensé 100 millions d'euros pour construire un stade de 45.000 places, plus environ 150 millions d'euros pour s'offrir, entre autres, des joueurs comme le Brésilien Roberto Carlos (désormais directeur sportif), le Camerounais Samuel Eto'o et l'entraîneur Hollandais Guus Hiddink. Mardi, le club de la capitale du Daguestan a déclaré à la radio russe BusinessFM être prêt à dépenser 300 millions d'euros supplémentaires pour s'offrir de nouveaux joueurs. Roberto Carlos souligne que les stars du foot « choisissent Anji car elles comprennent qu'on peut gagner beaucoup dans ce club ».

Pas encore de résultats sportifs mirobolants

Malheureusement, cela ne se traduit pas encore par des résultats mirobolants, puisque le club n'a réussi à se hisser qu'à la 7ème place d'une première division russe aux tribunes souvent à moitié vides. Les premières places sont toujours occupées par quatre clubs moscovites et un club de Saint-Pétersbourg, Zenit, financé par Gazprom. En outre, l'actualité du championnat russe est plus souvent dominée par les rixes entre supporters, les scandales liés à l'arbitrage et aux bananes lancées depuis les gradins aux joueurs d'origine africaine qu'aux exploits sportifs. Les centaines de millions d'euros vont-ils changer la donne ? Les experts en doutent. Le rédacteur en chef de sovsport.ru Andreï Choumakov souligne que l'énorme disparité des salaires entre les stars étrangères et les joueurs locaux ne va pas dans le sens de la constitution d'un esprit d'équipe et de la stabilité du club. Les commentateurs notent qu'aucun club européen ne suit cette stratégie et qu'Anji ferait mieux d'acheter plusieurs bons joueurs de niveau équivalent plutôt que deux ou trois superstars.

Les clubs étrangers privilégiés par les autres grandes fortunes russes

Les efforts de Souleïman Kerimov, dont la fortune est estimée par Forbes à 6,5 milliards de dollars, auront au moins l'heur de plaire au Kremlin, qui n'a jamais beaucoup apprécié de voir des milliardaires russes dépenser des sommes colossales dans les clubs étrangers. Roman Abramovitch a par exemple dépensé 700 millions de dollars dans le club londonien Chelsea depuis 2003. D'autres milliardaires, comme la première fortune de Russie  Alicher Ousmanov (Arsenal), Dmitri Rybolovlev (Monaco) et Mikhaïl Prokhorov (New Jersey Nets) ont ensuite suivi son exemple jugé peu patriotique...