Comment la revue Mouvement a sauvé son dernier numéro grâce au "crowdfunding"

Le magazine spécialisé dans l'actualité artistique contemporaine a réussi à lever suffisamment de fonds pour financer le tirage de son dernier numéro. Mouvement doit encore consolider son modèle économique et compte sur un sursaut de son lectorat.
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Le crowdfunding à la rescousse de la presse française ? La revue culturelle et artistique Mouvement a fait l'heureuse expérience du financement participatif en parvenant à sauver la publication de son dernier numéro grâce à la générosité de ses lecteurs. Et pourtant, la revue fondée il y a une vingtaine d'années par Jean-Marc Adolphe, a bien failli disparaitre brutalement.

"Tout a été très vite. Nous pensions disposer d'un petit délai lorsque Mouvement a été mis en redressement judiciaire le 10 juin dernier. Mais le blocage de notre compte en banque et l'exigence de notre imprimeur d'un paiement préalable au lieu des 90 jours avaient menacé la parution de notre dernier numéro", nous explique Jean-Marc Adolphe qui dirige toujours la rédaction.

L'objectif de financement dépassé à 134%

Aussitôt le site ouvre sur son site internet une souscription ouverte aux lecteurs pour sauver Mouvement. Cette souscription lui permettra de récolter près de 7.000 euros. Puis la direction décide d'ouvrir un appel à projet sur le site de crowdfunding Kiss Kiss Bank Bank. Cet appel de fonds permet à la revue de dépasser son lectorat habituel. "En trois jours, nous avons reçu 8.000 euros de fonds", s'étonne Jean-Marc Adolphe, soit suffisamment pour commander un nouveau tirage de 20.000 numéros et retourner en kiosque la semaine du 9 juillet. En échange d'un don, chaque contributeur peut profiter d'un privilège gratifiant comme voir son nom apparaître dans le prochain numéro, ou recevoir un CD, un livre, ou encore une rencontre avec un artiste soutenu par le magazine pour les donneurs de plus de 500 euros. Vendredi après-midi, l'appel à projet a permis d'atteindre les 10.700 euros de dons, soit 134% de l'objectif prévu, et la ligne reste ouverte jusqu'au 30 juin.

Ce surplus de fonds ne sera pas de trop parce que Mouvement n'est pas tout à fait tiré d'affaires. Le magazine doit assurer le financement des prochains numéros. D'après lui, les difficultés rencontrées aujourd'hui sont les conséquences du très difficile exercice 2009 dont le déficit continue à plomber les comptes aujourd'hui encore. "En 2012, nous étions à l'équilibre à 5.000 euros près, pour un chiffre d'affaires de 670.000 euros", rappelle le fondateur de la revue.

Internet, un investissement nécessaire

"Nos difficultés de trésorerie nous ont rendus fragiles et nous ont empêchés d'investir dans des campagnes ou dans de nouveaux outils", explique Jean-Marc Adolphe. D'ailleurs, la refonte du site internet en 2012 avait été permise grâce à une subvention publique à travers le fonds SPEL. "Mais même avec cette enveloppe, le nouveau site a représenté un véritable coût que notre structure a dû supporter", précise le directeur de la rédaction de Mouvement.

Le soutien des annonceurs

Le fondateur se veut désormais optimiste et croit à la force affective de Mouvement auprès d'un lectorat très attaché à cette revue artistique et culturelle. "Le paysage culturel a besoin d'un magazine comme Mouvement (...). Nos lecteurs le savent, d'ailleurs nous jouissons d'une très bonne audience puisque chaque numéro est lu par au moins sept personnes", justifie Jean-Adolphe qui espère un sursaut auprès de son lectorat ou des anciens abonnés. "Nos annonceurs nous soutiennent également. Connaissant notre situation, ils ont consenti à accélérer les paiements des encarts publicitaires, certains ont même anticipé le paiement", a-t-il ajouté.

Mouvement a également lancé de nouveaux projets afin d'augmenter la visibilité de sa marque mais également pour diversifier ses revenus comme des projets de co-édition de suppléments magazines financés par des structures culturelles ou publiques... Des discussions ont également été engagées avec Myprofilart, un site qui favorise les partenariats dans le monde de la culture et des arts à travers des appels à projet ou à collaboration.

Fidèle à ses valeurs, jusqu'au bout

Mais la fragilité de Mouvement tient également sur les principes et les valeurs défendues par Jean-Marc Adolphe. Ainsi, le parti pris par la société sur sa politique commerciale en matière de publicité ne lui permet pas de profiter à plein de son audience sur internet et ce malgré le succès de la nouvelle mouture de son site internet visité chaque mois par 190.000 internautes, en progression de 50% depuis 2012. Malgré ses difficultés financières, Mouvement reste sur sa ligne de ne pas submerger le site de "publicités intempestives et de pop-up". Pour Jean-Marc, "il faut que les lecteurs se responsabilisent, l'information a un coût, ce n'est pas gratuit". "Bien sûr, on fait attention aux notes de frais, aux factures téléphoniques, mais je continue à indemniser nos stagiaires au-dessus du minimum légal". Et quand on lui demande s'il préfère la liquidation judiciaire au renoncement de ses principes, il nous répond... "Oui!".

 

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Commentaires 4
à écrit le 30/06/2013 à 11:47
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Merci pmxr, c'est ce que j'allais écrire. Le niveau d'anglais est-il donc si faible pour ne pas être capable de traduire ?

à écrit le 30/06/2013 à 10:33
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crowdfunding = financement participatif !.... Mesdames,Messieurs les journalistes ... il faut parler français !

le 03/07/2013 à 14:16
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Ce genre de commentaires est puéril et ne fait pas avancer le débat... Au lieu de dire : "il y a une faute d?orthographe" ou "Parlez français Messieurs les journalistes", vous devriez plutôt vous soucier du fonds de l'article et notamment du CROWDFUN...

le 07/07/2013 à 12:56
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La vulgarité de la réaction de ce Thibault est sans limite. Beurk.

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