Le patron d'Amazon rachète le Washington Post ou quand la réalité dépasse la fiction...

En 2004, deux spécialistes américains des médias avaient prédit l'avenir de la presse dans une vidéo. Ils imaginaient la confrontation entre un support traditionnel et une entité née de la fusion d'Amazon et de Google. Une histoire qui fait écho à l'achat du Washington Post par le patron du site de e-commerce, Jeff Bezos.
Jeff Bezos, fondateur d'Amazon et futur patron du Washington Post  - DR
Jeff Bezos, fondateur d'Amazon et futur patron du Washington Post - DR

D'un côté, les géants du net, de l'autre les médias dits "traditionnels". Entre les deux une concurrence féroce qui ne pourrait qu'aboutir à la quasi disparition des seconds? L'achat du Washington Post par le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, annoncée ce mardi, oppose un nouveau démenti à cette assertion, en confirmant que les deux univers sont loin d'être irréconciliables. Les mises en garde de certains observateurs se trouvent ainsi battues en brèches. C'est le cas par exemple de cette vidéo baptisée "Epic 2014" qui a fait le tour du net. Ses auteurs, deux experts des médias, Robin Sloan et Matt Thompson, qui travaillent pour l'intitut Poynter, école de journalisme et centre de recherche situé en Floride, publient la première version de la fameuse vidéo en 2004. L'année suivante, elle est mise à jour pour devenir "Epic 2015". Ses auteurs y exposent leur vision de la façon dont risque de se traduire la confrontation entre nouveaux et ancien médias. Retour vers le futur.

La vidéo Epic, version 2014 (en anglais)

"Googlezon" défie le New York Times 

Le narrateur expose d'abord des faits - invention d'internet, lancement de Goole, Amazon - puis embraye sur la fiction. Les auteurs imaginent la fusion entre le premier moteur de recherche au monde et le site de e-commerce. "Googlezon" deviendra la métaphore d'un gigantesque conglomérat du web. En face, le New York Times symbolise la presse traditionnelle. 

Selon ces prévisions, les robots développés par "Googlezon"  parviennent, en compilant des milliards de données de sources différentes, notamment les blogs, à proposer une information ultra-précise et personnalisée. "Soudain, l'information est plus pertinente que jamais", susurre ainsi le narrateur. En 2014, le méga-moteur propose même "Epic", constructeur d'information évolutive et personnalisé. Un journal sur mesure écrit par des robots, donc.

Le New York Times se rebiffe

Toujours dans selon cette histoire imaginaire, le New York Times - soit le symbole de la presse traditionnelle - tente une action en justice pour concurrence déloyale. Et perd. Le titre décide finalement de quitter la toile et devient un média "destiné aux élites" et aux lecteurs les plus âgés. Autrement dit, la presse "traditionnelle" continuant de perdre des parts de marchés, se replierait, pour ne s'adresser finalement qu'à une cible très restreinte.

Des "Big data" à la bataille "Google Lex"... quelques prévisions réalisées

Certes, une fusion Google/ Amazon n'est restée que pure fiction. Certaines grandes évolutions comme l'avènement de Facebook, ont par ailleurs été omises. Il n'est pas non plus question des pratiques fiscales de certains des groupes cités, sujet qui provoque depuis plusieurs mois un vaste débat des deux côtés de l'Atlantique.

Toutefois, certaines de ces prédictions sont loin d'être farfelues. Déjà, des titres outre-Atlantique emploient des robots pour écrire par exemple des comptes rendus de rencontres sportives. L'utilisation massives des données est en outre devenu un paradigme majeur pour les entreprises du web, et pour l'économie en général.

>> "Big Data" is big business. Vraiment !

Un autre élément s'est bel et bien concrétisé: l'affrontement juridique et législatif entre éditeurs de presse et Google dont l'agrégateur de contenu "Google News" est accusé par les premiers d'accaparer une large part de leurs revenus publicitaires. En France, la bataille pour la "Lex Google" par exemple a démontré la force de cette confrontation. 

L'émergence des magnats du web

En revanche, ce qui ne rentrait pas du tout en ligne de compte alors, c'est l'émergence de nouveaux "magnats", issus du web, capables de s'offrir un titre comme le Washington Post. La fortune de Jeff Bezos, qui se porte acquéreur du groupe de presse à titre personnel pour 250 millions de dollars, lui permettrait virtuellement d'acheter 100 titres comme le Washington Post... 

La  vidéo Epic, version 2015 (en anglais)

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Commentaires 2
à écrit le 07/08/2013 à 12:46
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Dans la jungle du libéralisme , en Amazonie ou ailleurs, quand on n'aime pas les journalistes , mieux vaut les acheter ! D'autres y ont pensé avant toi Jeff ! Non Jeff t'es pas tout seul !

à écrit le 06/08/2013 à 17:28
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Il n'y a aucune concurrence entre Amazon et les autres.... Il s'agit de la meilleure stratégie mondiale, par d'un avatar internet ou d'une mode. Pour battre Amazon il ne faut pas combattre Amazon ni l'apprécier mais l'imiter! Je suis surpris que l'on...

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