Levée de boucliers au Royaume-Uni après l'offre de Murdoch sur Sky

Politiques et journalistes demandent une saisine du gendarme des télécoms, craignant que le rachat du télé-diffuseur britannique par l'empire des médias de Rupert Murdoch ne mette en péril la concurrence et la pluralité démocratique.
Rupert Murdoch va acquérir les 61% de Sky qu'il ne détenait pas encore déjà via son groupe 21st Century Fox.

Soucieux de consolider son empire des médias en Europe et aux Etats-Unis, Rupert Murdoch va acquérir les 61% de Sky qu'il ne détenait pas encore déjà via son groupe 21st Century Fox. L'offre ferme de 14,6 milliards de dollars (14 milliards d'euros), en numéraire, valorise le télé-diffuseur britannique quelque 18,5 milliards de livres (22,1 milliards d'euros), selon l'accord préliminaire annoncé vendredi par les deux sociétés.

Malgré le prix par action (10,75 livres, soit 40% de prime par rapport au cours du 8 décembre), jugé insuffisant par certains actionnaires qui ont estimé Sky trop complaisant envers son fondateur et principal actionnaire, le groupe de Rupert Murdoch est parvenu à ses fins. Le magnat des médias a en effet obtenu un arrangement lui permettant de se contenter du soutien de 75% des actionnaires indépendants de Sky pour mener à bien son offre, ce qui lui permettra, une fois le processus d'acquisition achevé, de contrôler en totalité ses 22 millions de clients en Grande-Bretagne, en Irlande, en Italie, en Allemagne et en Autriche.

Les juristes de Sky confiants face aux autorités de la Concurrence

L'offre amicale intervient cinq ans après une première tentative qu'avait fait échouer le scandale des écoutes téléphoniques effectuées par l'un des tabloïds de Murdoch. Les juristes du groupe s'attendent à ce qu'elle obtienne le feu vert des autorités européennes et britanniques de la concurrence.

C'est pourtant un accueil plutôt froid qui a été réservée à l'annonce par les politiques britanniques, comme le rapporte le Guardian. Le député Tom Watson, chef adjoint du parti travailliste et chargé des questions culturelles, a ainsi réclamé une saisine de l'Ofcom (le gendarme des télécoms britanniques) pour déterminer "s'il y aurait trop de concentration de pouvoir médiatique dans trop peu de mains, et si Rupert et James Murdoch sont 'des personnes convenables' pour diriger un diffuseur". Du côté des libéraux démocrates, l'ancien chef du Département des Affaires, John Vincent Cable, s'est prononcé contre l'accord. Estimant qu'il "peut être acceptable pour une majorité d'actionnaires, mais cela ne veut pas dire qu'il est dans l'intérêt du public", il ajoutait :

"Le ministre devrait maintenant faire appel de la prise de contrôle et lancer le processus d'enquête indépendante quant à l'impact sur la pluralité [des médias] et la concurrence."

Un point de vue également partagé par l'Union national des journalistes, selon qui l'accord devrait être suspendu jusqu'à ce que parviennent les conclusions de la seconde enquête Leveson - elle a été lancée suite au scandale des écoutes téléphoniques de News of the World - sur l'éthique dans la presse britannique.

(L.P. avec Reuters)

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Commentaires 2
à écrit le 16/12/2016 à 23:08
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Le Brexit c'est lui, Trump c'est lui (Fox) Murdoch est un dangereux prédateur

le 17/12/2016 à 14:19
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Tout à fait d'accord. Murdoch manipule continuellement l'opinion. C'est un extrémiste, d'une vulgarité immense, qui infecte les esprits de ses lecteurs. C'est effectivement un problème démocratique et une affaire de santé mentale du public.

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