MWC 2017 : Masayoshi Son prépare Softbank à l'ère de la "singularité"

Au Mobile World Congress, ce lundi, le patron du géant nippon des télécoms a justifié son intérêt pour les puces électroniques ou le capital-investissement par une volonté de se préparer à la "singularité". Ce moment où les machines surpasseront un jour l'intelligence de l'homme.
Pierre Manière
Masayoshi Son, le patron et fondateur de Softbank, au Mobile World Congress de Barcelone.

Masayoshi Son n'a pas fini de surprendre. Habitué des coûteuses emplettes dans le monde des nouvelles technologies, le fondateur et dirigeant du géant nippon des télécoms Softbank a justifié, ce lundi, la nouvelle direction qu'il a donné à son groupe. Au Mobile World Congress de Barcelone, plus grand salon mondial dédié aux technologies mobiles, le milliardaire a jugé que Softbank devait se préparer à l'avènement de la "singularité". Un concept qui fait débat, et caractérise le moment où les machines dépasseront les hommes en termes d'intelligence.

Masayoshi Son en est persuadé: avec l'essor de l'Intelligence artificielle (IA), cette perspective sera une réalité. A ses yeux, il est donc nécessaire de se préparer à cette révolution. Surtout lorsqu'on dirige un groupe de télécommunications traditionnel. Dans ce domaine, le patron de Softbank s'en tient à un constat: "Les opérateurs ont aujourd'hui très mal à la tête!" Pourquoi? Parce que si leurs revenus sont impactés par la croissance déclinante du marché des smartphones, ceux-ci sont contraints d'investir toujours plus dans leurs réseaux pour faire face à la consommation exponentielle de données, explique le grand patron.

L'IoT, future poule aux oeufs d'or?

D'après lui, le marché des télécoms ne va pas, toutefois, cesser d'étendre ses frontières. Le chef de file de Softbank en veut pour preuve l'émergence de l'Internet des objets, qui vise à connecter toutes choses. Or pour Masayoshi Son, c'est précisément "l'intelligence" de ce segment-clé qui va donner le la dans le monde de la high-tech ces prochaines années. De plus en plus perfectionnées, les puces électroniques présentes dans tous les objets du quotidien vont, à l'en croire, redéfinir le monde dans lequel on vit. Grâce à leur nombre toujours plus grand de transistors, "celles-ci dépasseront bientôt les capacités du cerveau humain", affirme-t-il. "Il y aura plus d'intelligence dans la puce de votre chaussure que dans votre cerveau!", rigole le grand patron.

Ce serait donc pour être un des acteurs qui comptent dans cette révolution, dit-il, que Softbank a cassé la tirelire, l'an dernier, pour racheter ARM, le spécialiste britannique des semi-conducteurs, pour 32 milliards de dollars. "Aujourd'hui, 99% des puces de vos smartphones ont été conçues par nous. Et demain, ce sera pareil pour celles de l'Internet des objets", balance crânement le patron japonais. Avant de prendre en exemple les robots, dont il est très friand. "A terme, ceux-ci seront partout, ils pourront se déplacer. Et ils seront plus intelligents que les humains!", s'exclame celui qui a racheté, il y a deux ans, les robots humanoïdes "Pepper" à l'ex-pépite française Aldebaran.

"J'ai une vision"

C'est avec ce même soucis de suivre la valeur et "l'intelligence" là où il l'imagine que Masayoshi Son a justifié, au passage, la création d'un fonds technologique de 100 milliards de dollars pour effectuer des investissements ciblés. "C'est parce que j'ai une vision et que je crois à la 'singularité' que je dépense tout cet argent", a-t-il affirmé, bien conscient que que ses emplettes à tout-va désarçonnent souvent les analystes financiers et autres experts en nouvelles technologies.

Evidemment, Softbank n'est pas le seul opérateur à miser sur l'Internet des objets et d'autres diversifications dans la high tech. Mais là où beaucoup y vont progressivement, par petites touches, Masayoshi Son y met d'emblée les très grands moyens, persuadé qu'il y a là un coche à ne pas manquer. Sous ce prisme, et à près de 60 ans, le grand patron demeure un indécrottable parieur. Lui qui a fait fortune, par le passé, en misant notamment sur un Vodafone moribond au Japon, ou dans un Alibaba en Chine.

Pierre Manière

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