Objets connectés : Bouygues Telecom vient concurrencer Sigfox

L’opérateur annonce le lancement cet été d’un réseau low-cost dédié aux objets communicants des industriels (compteurs etc), selon la technologie de longue portée LoRa, adoptée par d’autres opérateurs dans le monde. Bouygues vient sur les terres de la startup française Sigfox, présidée par Anne Lauvergeon, qui vient de lever près de 100 millions d’euros.
Delphine Cuny
Qui gagnera le juteux business des compteurs intelligents d'électricité ou d'eau ?
Qui gagnera le juteux business des compteurs intelligents d'électricité ou d'eau ? (Crédits : ERDF)

Les opérateurs mobiles veulent leur part du gâteau de l'Internet des objets et ne pas laisser de nouveaux entrants - tels que la startup française Sigfox, présidée par Anne Lauvergeon, qui a fait récemment la Une des médias -  truster ce marché prometteur. Les spécialistes du secteur prévoient en effet plusieurs dizaines de milliards d'objets connectés dans le monde d'ici à 2020 : Orange parle de 25 milliards, Ericsson de 50 milliards, le cabinet Idate de 80 milliards ! Bouygues Telecom a décidé d'aller au-delà de la vente de cartes SIM machine-à-machine (M2M) aux entreprises qui souhaitent connecter leurs produits par les réseaux mobiles, tels que les constructeurs automobiles (l'Arcep recense 8,2 millions de cartes M2M en France) : il va déployer un réseau spécifique, « le premier réseau français dédié aux objets communicants basé sur la technologie LoRa » annonce-t-il dans un communiqué, qui sera lancé commercialement en juin à Issy-les-Moulineaux et Paris.


Cette technologie bas débit Long Range (littéralement longue portée) utilise des fréquences sans licence, gratuites (dans la bande 863-870 Mhz), à usage industriel, scientifique ou médical ("ISM", à l'image des portes de garage), et permet d'échanger des données de petits volumes à moindre coût, en préservant l'autonomie des objets communicants.

« Nous avons dressé le constat que nous ne pouvions répondre avec la technologie GSM aux besoins de clients réclamant une basse consommation d'énergie, de faibles coûts d'équipements (quelques euros par objet) et de transmission (quelques euros de communication par an) et une autonomie de plusieurs dizaines d'années » explique à La Tribune Franck Moine, directeur de la division Machine-à-machine de Bouygues Telecom.


Le potentiel se chiffre « en plusieurs millions d'unités » sur le marché français.


Smart city, compteurs intelligents, logistique etc

Le déploiement de ce nouveau réseau, qui consistera à ajouter quelques milliers de boîtiers, des « passerelles », aux antennes existantes sur les toits-terrasses (des bornes conçues par la société bretonne Kerlink), coûtera « plusieurs dizaines de millions d'euros, rien à voir avec celui de la 4G. »


Bouygues Telecom a testé à Grenoble pendant seize mois en conditions réelles cette technologie développée par une startup grenobloise, Cycleo, rachetée par l'Américain Semtech, avec des partenaires et de « grands industriels » qu'il est tenu de ne pas citer. Une expérimentation qui est « une première mondiale. » Cette technologie peut avoir de nombreux domaines d'application : les compteurs intelligents, la maintenance prédictive (ascenseurs etc), l'optimisation logistique (suivi des palettes), la sécurité et le «monitoring» d'objets à distance (pneus, imprimantes) à mesure que les industriels veulent orienter leur activité vers les services, mais aussi dans des projets de villes connectées (smart city) pour le suivi des candélabres publics. Ou même pour connecter les objets connectés grand public tels que les bracelets, les détecteurs de fumée, qui privilégient actuellement la connexion en WiFi et Bluetooth.

« L'internet des objets va transformer des pans entiers de notre économie. Grâce à l'expertise et aux infrastructures de Bouygues Telecom, nous proposerons rapidement une couverture nationale avec une forte qualité de service » se félicite Olivier Roussat, le PDG de Bouygues Telecom.


L'opérateur affirme que son « nouveau réseau IoT » (Internet des objets) couvrira près de 500 villes dont Paris, Marseille, Lyon, Lille, Nice, Rennes, Nantes, Montpellier, d'ici à la fin de l'année.

Approche low-cost comme Sigfox


Dans une même « approche low-cost », la technologie LoRa aurait un coût similaire à celle de Sigfox, « de l'ordre de quelques euros par an, contre quelques euros par mois en GSM.»

« Nous avons choisi la technologie LoRa plutôt que celle de Sigfox car lors des tests nous avons constaté que la technologie Long Range avait l'avantage de porter mieux à l'intérieur des bâtiments et d'être bidirectionnelle, nativement, sans compromis sur l'autonomie, pour actionner des dispositifs ou effectuer des mises à jour. LoRa fonctionne aussi pour des objets en déplacement et permet de localiser ces derniers sans GPS, lequel consomme plus d'énergie et ne fonctionne pas en intérieur » indique le responsable M2M de Bouygues Telecom.

La technologie permet surtout aux opérateurs de valoriser leurs actifs, leurs "points hauts", les toits où ils ont installé leurs antennes-relais.


L'opérateur assure avoir déjà « de gros clients », même si le temps d'intégration est long (entre 8 et 18 mois pour déployer les capteurs chez les industriels). Cette annonce vise à envoyer « un signal fort aux industriels » qui s'intéressaient à la technologie mais s'inquiétaient de ne voir aucun opérateur. Bouygues Telecom fait valoir que l'alliance LoRa lancée lors du CES de Las Vegas en janvier compte désormais 19 membres opérateurs, dont Swisscom, Belgacom et KPN, ce qui offrira à terme « une continuité de service » pour les clients.


En France, Orange a décidé de tester la technologie à Grenoble au printemps.

Delphine Cuny

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