Grand déménagement en vue chez Orange. D'après plusieurs sources syndicales, l'opérateur historique compte rassembler une grande part de ses effectifs parisiens dans un vaste complexe à Issy-les-Moulineaux. Situé près des quais de Seine, à proximité de la station de RER C Issy Val de Seine, ce nouveau site comptera 54.000 m2 de bureaux. C'est la société de construction et de promotion immobilière Altarea Cogedim qui chapeaute ce vaste projet immobilier, qui devrait être achevé au premier trimestre 2020. Il deviendrait ainsi le nouveau siège d'Orange, aujourd'hui situé rue Olivier de Serres, dans le XVème arrondissement de la capitale.
Outre l'actuel siège de l'opérateur historique - qui rassemble la direction générale, les équipes juridiques, la communication, et des équipes dédiées aux activités en Afrique et au Moyen-Orient -, deux autres sites parisiens devraient fermer leurs portes. Il y a les locaux de la rue Jobbé Duval, qui abritent les équipes des ressources humaines, ainsi que le site d'Orange Campus, situé à Montrouge et dédié à la formation. Quant au précédent siège du groupe jusqu'en 2012, place d'Alleray, qui abrite aujourd'hui un pôle financier, ses troupes devraient aussi rejoindre le nouveau complexe. Mais le site, qui a récemment été rénové, serait a priori conservé. Au total, environ 2.200 collaborateurs devraient faire leurs cartons pour rejoindre Issy-les-Moulineaux. Sachant que ce nouveau navire amiral disposera d'une capacité totale de 2.800 personnes. En revanche, le site d'Orange Gardens, le campus de l'opérateur historique dédié à l'innovation et inauguré en juin dernier à Châtillon, n'est pas concerné par l'opération.
Réduire les coûts
Pourquoi ce déménagement ? D'abord, vraisemblablement, pour réduire les coûts. D'après Sébastien Crozier, à la tête du syndicat CFE-CGC d'Orange, « la direction financière compte économiser 4 millions d'euros de loyers par an ». L'état-major de l'opérateur historique souhaite aussi disposer de locaux plus adaptés aux nouvelles organisations du travail en vogue. C'est-à-dire mettre en place des open spaces plus grands, couplés à un système de bureaux partagés (« flex office »). En outre, le site situé rue Jobbé Duval, « qui est un ancien commutateur d'abonnés, est vieillissant et peu adapté », indique Sébastien Crozier.
Interrogé par La Tribune, Orange jure que l'opération relève de « l'hypothèse » : « Il n'y a rien de fait, rien d'officiel », nous dit-on, assurant que l'objectif est « d'améliorer l'efficacité des équipes dispersées sur différents sites, et pas de réduire les coûts ». Malgré ces dires, le projet est très, très avancé, puisque l'opération a été présentée mi-avril par la direction d'Orange en comité central d'entreprise (CCE). D'après la CFE-CGC, le comité d'investissement d'Orange a donné son feu vert.
Grogne des syndicats
Reste que le projet va faire l'objet de discussions avec les représentants du personnel, qui doivent donner leur avis. Or parmi eux, des voix s'élèvent déjà pour critiquer l'opération. Même s'il faut souligner que des élections syndicales auront lieu d'ici peu, et que certains élus ont intérêt à montrer qu'ils se préoccupent de leurs troupes.
D'après Sébastien Crozier, « il y a un consensus pour considérer que ce n'est pas un bon projet ». D'une part, il juge que la localisation des nouveaux locaux va globalement accroître les temps de transport des salariés, ce qui pèsera, selon lui, sur leur efficacité. D'autre part, il se montre méfiant sur l'augmentation de la taille des open spaces. Et surtout, il dénonce le système de bureaux partagés, jusqu'ici envisagé « dans des proportions inacceptables ».
« Se laisser le temps d'évaluer le projet »
Chez Sud, Christian Pigeon se dit aussi inquiet. « Avec ces déménagements, on craint que la direction nous impose une réorganisation du travail sans avoir le temps de voir ce qu'il en est exactement, affirme-t-il. Or on est dans une logique numérique, avec du télétravail, des bureaux partagés où le premier arrivé est le premier servi... Aujourd'hui, on est plus convaincu que c'est plus une question d'économies que de qualité du travail. » Même son de cloche pour Cédric Carvalho, de la CGT. Il estime qu'ici, « le nerf de la guerre, c'est de faire économies ». Pour sa part, Laurent Riche, de la CFDT, affirme qu'il est encore trop tôt pour juger l'opération.« On doit encore se laisser le temps d'évaluer le projet », souligne-t-il, soucieux d'en savoir plus sur ses particularités avant d'amorcer des négociations.
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