Paris inaugure le Cargo, "vaisseau amiral" de la FrenchTech

Le lancement du plus grand incubateur de startups d'Europe a été officiellement célébré par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. Il doit accueillir à terme une centaine d'entreprises.
Laszlo Perelstein
Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont symboliquement levé l'ancre du Cargo. À droite, François Dagnaux, le maire du 19e arrondissement.

"Paris n'est pas une ville dans laquelle on peut être pessimiste." C'est donc pleine de confiance en l'avenir que la maire de Paris Anne Hidalgo a inauguré le Cargo, plus grand incubateur d'Europe. Situé dans le 19e arrondissement, sur le boulevard MacDonald, non loin de la Porte de la Villette et de la Cité des sciences et de l'industrie - en plein dans "l'Arc de l'innovation" cher à Anne Hidalgo et à son adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika -, le projet est d'envergure : le bâtiment s'étend sur six étages et 15.000 m², il pourra accueillir une centaine d'entreprises et de startups.

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Également présente à l'inauguration, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a applaudi le caractère "littéralement unique" du Cargo, notamment de par sa "puissance de créativité". Qualifiant l'entité de "vaisseau amiral de la FrenchTech", l'élue en a profité pour annoncer que la Région allait décupler les garanties de prêts BPI faites aux TPE et PME, en portant cette année le montant total à un milliard d'euros.

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Ephémère statut de champion

Le projet à 63,5 millions d'euros -"fruit d'un co-financement associant la Ville de Paris (15,2 millions), la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP) (39,3 millions) et la Région Ile-de-France (9 millions)"- ne gardera qu'un temps son titre de champion européen, comme n'a pas manqué de le rappeler François Dagnaud, maire PS du 19e arrondissement. Porté par Xavier Niel, fondateur d'Illiad (la maison mère de Free), le projet de la Halle Freyssinet devrait en effet voir le jour courant 2017 et accueillir 1.000 startups, devenant ainsi le plus grand incubateur du monde.

Ce statut éphémère de champion n'empêche pas François Dagnaux de penser que cet ambitieux projet permettra à ses "1.500 entrepreneurs et entrepreneuses, et 1.500 contributrices et contributeurs" d'"essayer de rabattre les cartes d'une société que certains peuvent trouver un peu figé" en se tournant "moins vers l'entre-soi [et] l'héritage".

Amorçage et décollage

Pour l'heure, le Cargo a peut-être levé l'ancre mais ses cabines peuvent encore accueillir entrepreneurs et entrepreneuses puisqu'une trentaine de startups et entreprises s'y sont installées depuis le début de l'année, selon Anne Gousset, directrice Incubation à Paris & Co. L'agence d'innovation et d'attractivité de Paris en charge de l'animation du Cargo, aux côtés d'Impulse Partners, propose deux offres d'incubation aux entreprises qui passent les différentes étapes de sélection : amorçage, d'une durée d'un an, et décollage, entre deux et trois ans.

L'incubateur de startups le Cargo un jour de pluie en mars 2016

Le Cargo s'étend sur 15.000 m². Crédits : La Tribune/Laszlo Perelstein.

Si la France est numéro un en Europe de l'amorçage des startups en nombre de deals en ce début d'année 2016, le pays peine  à faire décoller ses jeunes pousses, comme le montre le rapport 2015 sur la FrenchTech du cabinet d'études Tech.eu. Les startups françaises n'ont levé "que" 370 millions d'euros sur la période janvier-février 2016 -atteignant une moyenne de 3,81 millions d'euros par levée de fonds- contre 869 millions d'euros pour les startups britanniques (10,1 millions d'euros en moyenne). Sur l'ensemble de l'année passée, deux tiers des levées de fonds en France ont ainsi concerné un montant inférieur à cinq millions d'euros.

Parmi les premiers arrivants, plusieurs entreprises sont donc justement dans cette phase post-première levée de fonds. Arrivée il y a moins d'un mois dans les locaux, Expert Teleportation (ou Téléportation d'expert) commercialise ainsi une solution de lunettes connectées équipées d'oreillettes permettant aux entreprises d'assister leurs salariés grâce au streaming. Responsable de l'intégration logiciel et de l'agrégation des composants des lunettes, la startup a levé 100.000 euros en juin 2015 sur Lendopolis, la plateforme de micro-prêts aux TPE/PME lancé par KissKissBankBank. Comptant la SNCF, Peugeot ou encore Airbus parmi les entreprises intéressées par son produit, la jeune pousse a déjà en cours une nouvelle levée de fonds. C'est également le cas pour GymLib, site internet facilitant l'accès aux salles de sport, qui devrait annoncer son deuxième tour de table au cours du second semestre 2016, après avoir levé un million d'euros en juillet 2015. Lancée il y a deux ans, la startup qui commercialise des accès de courte durée est déjà partenaire de 1.200 salles, dont les réseaux CMG (ex-Club Med Gym), NeoNess et L'Orange bleue, et compte bien sur "l'écosystème d'innovations" pour s'ouvrir de nouvelles portes.

Des portes justement, certaines devraient s'ouvrir prochainement. Un nouvel appel à candidature pour le Cargo sera en effet lancé début avril et concernera, comme pour les entreprises déjà présentes, les jeunes pousses axées sur les médias et la culture. "Les axes restent encore à déterminer", précise néanmoins Anne Gousset, car cela dépendra des partenaires privés qui viendront se greffer au projet.

Laszlo Perelstein

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Commentaires 4
à écrit le 12/03/2016 à 10:36
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Bravo. Ça va dans le bon sens.

à écrit le 10/03/2016 à 14:32
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@BA et Phidias : Sûr que quand on lit vos commentaires, on peut s'inquiéter pour l'avenir. Entre le dénigrement de la moindre initiative, l'immobilisme, des modèles d'entreprise datant du XIXe siècle et des cadres qui brassent du vent on est mal barr...

à écrit le 10/03/2016 à 10:49
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Flexibilité , fiscalité favorable au PME, charges sociales compatibles avec la concurrence des autres pays etc ... on en est loin , le pire, c'est que les socialistes vont reculer sur la réforme du marché du travail. On parle de surtaxer les CDD, un...

à écrit le 10/03/2016 à 10:36
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63.5 millions d'€ de projet, qui finira autours de 120 comme d'habitude, à 5% de commissions occultes comprises dans les prix des adjudications, cela fait entre 3.2 et 6 millions d'€ de com. pour les campagnes électorales. C'est cela, le bon keynésia...

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