Pour Xavier Niel, l’Etat n’a rien à faire au capital d’Orange

Le fondateur et propriétaire d’Iliad (Free) a estimé, dans l’émission Clique Dimanche (Canal+), que l’Etat doit se désengager de l’opérateur historique, dont il détient près de 23% du capital. En outre, il a critiqué la politique de son rival Patrick Drahi, le propriétaire de SFR, en matière de presse.
Pierre Manière
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free).

Alors que le gouvernement a indiqué, le mois dernier, que plusieurs privatisations allaient voir le jour, un désengagement de l'Etat dans Orange (dont il possède près de 23%) constitue, aux yeux des observateurs, une sérieuse possibilité. Pour Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free), une telle manœuvre serait bienvenue. Hier, dans l'émission Clique Dimanche sur Canal+, il n'y est pas allé par quatre chemins :

« Je pense que l'état doit se désengager d'Orange. Et vous pouvez aussi poser la question de la légitimité, peut-être, de l'Etat à avoir autant de chaînes publiques... »

A ses yeux, « ce n'est pas le rôle de l'Etat d'être actionnaire de sociétés privées qui vivent dans un monde concurrentiel ». Avant de juger que l'Etat devrait davantage concentrer ses moyens sur d'autres sujets importants, comme « l'énorme problème du logement ».

> Lire aussi: L'Etat va-t-il privatiser Orange ?

Pour rappel, Bruno Le Maire a annoncé début septembre que l'Etat allait « privatiser certaines entreprises pour avoir de l'argent afin de financer l'innovation ». D'après le ministre de l'Economie, « c'est une meilleure façon de dépenser de l'argent en finançant l'innovation plutôt que d'être emprisonné dans certaines compagnies qui ne sont pas stratégiques pour l'Etat français ». Au total, l'Etat espère récolter quelque 10 milliards d'euros, qui devraient être confiés à Bpifrance pour investir, notamment, dans l'industrie du futur.

« Rendre la presse gratuite, c'est la détruire »

Au passage, Xavier Niel, actionnaire à titre personnel du Monde et L'Obs, s'est montré très critique envers la vision de la presse de son rival Patrick Drahi, qui a racheté L'Express et Libération, avant de les faire passer sous la coupe de son opérateur SFR. Le propriétaire de l'opérateur au carré rouge avait ensuite inclus dans ses abonnements un accès illimité à ces journaux, notamment pour profiter d'une TVA plus avantageuse. Une initiative qui a visiblement irrité le patron de Free :

« Je pense que rendre la presse gratuite, c'est la détruire, dit-il. C'est plus ce que je vais appeler une magouille de TVA. Cela consiste juste à dire : si je mets de la presse dans mon forfait téléphonique, j'ai une TVA réduite, je gagne 400 millions d'euros, ça me fait économiser 10 millions, et je fais [une belle affaire sur le] plan financier. Donc, en fait, [SFR] ne s'intéresse pas à la presse. Au contraire, je pense qu'il accélère [sa] disparition plutôt que de l'aider. »

A noter que les députés français ont décidé de mettre fin à cette pratique. Ce samedi, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances (PLF) 2018, ils ont voté un amendement qui réserve la TVA réduite pour la presse en ligne à sa vente effective par les opérateurs mobiles.

> Lire aussi : Fin de la TVA réduite pour les abonnements télécoms

Pierre Manière

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Commentaires 11
à écrit le 25/10/2017 à 23:03
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Orange est une entreprise magnifique aux salariés dévoués et travailleurs mais gérée de façon insensée, dans les Directions d'orange des promotions surprises qui étonnent tout le monde de personnes inadéquates, des décisions stratégiques incompréhens...

à écrit le 24/10/2017 à 14:33
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Orange (France Télécom) est le propriétaire du réseau cuivre téléphonique national, construit avec les deniers de l'Etat. C'est ce réseau qui, loué à Free, lui a permis de devenir l'opérateur qu'on connaît aujourd'hui. S'il n'y avait pas eu la puissa...

à écrit le 24/10/2017 à 13:18
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Difficile de rompre avec le mélange des genres et de couper le cordon ombilical. Maintenant que le groupe Orange est performant et diversifié, il parait logique de le laisser voler de ses propres ailes. Le management public n’est pas toujours synon...

à écrit le 24/10/2017 à 12:09
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Sauf que les télécoms ont toujours été un domaine stratégique et régalien. D'autre part, l'État se doit d'investir dans des entreprises qui tournent bien. Mai bon, je comprends bien qu'il aimerait que le monopole du secteur lui revienne :-)

à écrit le 24/10/2017 à 9:10
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....Et donc que la boucle locale filaire appartenant à Orange n'a rien à voir avec des intérêts publics.

à écrit le 23/10/2017 à 21:38
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Revenons au moment où le rachat de Bouygues a capoté en raison du refus de MACRON. Les copains-coquins NIEL-DRAHI-BOUYGUES se sont donné RV avec Stéphane RICHARD et MACRON pour l'après présidentiel. C'est un secret de polichinel que tout le milieu c...

le 24/10/2017 à 10:40
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Dans ce cas faut-il acheter des actions orange car le résultat est que avec la vente des actions que l'État détient le cours va grimper

à écrit le 23/10/2017 à 19:11
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Pas faux ! L'époque des "PTT" c'est fini !

à écrit le 23/10/2017 à 17:34
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Si l'état sort du capital d'Orange ça doit être pour se désendetter, pas pour financer une fumeuse innovation.

le 23/10/2017 à 19:27
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Je regardais une émission sur public sénat, vrai ou pas (je ne sais pas, c'est tellement c'est énorme) avec une certaine méfiance des médias... son "copain" Drahi empreinte du fric, pour payer les actionnaires ! Heu ...

à écrit le 23/10/2017 à 17:10
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Si des dividendes tombent chaque année, c'est tout bon...

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