Pourquoi Deutsche Telekom pourrait quitter les Pays-Bas

D’après l’agence Bloomberg, le géant allemand des télécoms songe à vendre T-Mobile Netherlands. En difficulté, cet opérateur mobile est confronté à la menace de Tele2, qui déploie son réseau 4G, et à la concurrence des MVNO.
Pierre Manière
Au mois de juin, T-Mobile Netherlands ne comptait plus que 3,7 millions d'abonnés, contre 4,4 millions un an auparavant.

Si le marché français des télécoms est concurrentiel, que dire de la situation aux Pays-Bas ! Le Royaume compte pas moins de cinq opérateurs d'envergure pour seulement 17 millions d'habitants. Depuis des années, ces acteurs se livrent une compétition féroce. Dans ce contexte, Deutsche Telekom semble prêt à jeter l'éponge. D'après Bloomberg, le géant allemand des télécommunications envisage de céder ses activités mobiles, lesquelles pourraient valoir entre 4,7 et 5 milliards d'euros. Deutsche Telekom aurait ainsi mandaté la banque Credit Suisse pour examiner les possibilités de vente de T-Mobile Netherlands, son principal actif dans le pays.

Même si rien n'est fait, cette annonce ne constitue guère une surprise. En premier lieu, T-Mobile Netherlands est en grande difficulté derrière l'opérateur historique - et « Orange » local - KPN, et son autre gros concurrent Vodafone. En témoigne la dégringolade de son nombre d'abonnés : au moins de juin, l'opérateur en comptait environ 3,7 millions, contre près de 4,3 millions un an auparavant. « Sur le mobile, KPN et Vodafone représentent plus de la moitié du marché, quand T-Mobile Netherlands n'en pèse plus que 10% ou 15%, constate Sylvain Chevallier, spécialiste des télécoms chez BearingPoint. En tant que troisième acteur, leur position s'avère difficile, car ils sont contraints de porter la compétition sur les prix pour gagner des parts de marché. »

Une concurrence accrue

En outre, T-Mobile Netherlands doit faire face à la montée en puissance des câblo-opérateurs, lesquels se muent en MVNO (c'est-à-dire en opérateurs de réseau mobile virtuel). Parmi eux, il y a Ziggo, qui appartient à Liberty Global, le géant européen du câble. Cet acteur important de l'Internet haut débit fixe (avec une part de marché de 45% à la fin 2014, très proche de celle de KPN) ne dispose pas de son propre réseau mobile. Mais il a trouvé un accord avec Vodafone pour utiliser ses d'antennes et proposer des offres à ses clients.

Et comme si cela ne suffisait pas, T-Mobile Netherlands doit aussi affronter Tele2. Cet opérateur suédois a en effet décroché une licence 4G en décembre 2012. Il a beaucoup investi, et envisage de lancer son réseau très haut débit mobile d'ici à la fin de l'année. « Si Tele2 fait un carton sur ses offres, alors oui, la situation risque de devenir très compliquée pout T-Mobile », confie un analyste.

Besoin d'argent pour soutenir T-Mobile US

En résumé, l'opérateur essuie des attaques de partout. De plus, comme le remarque Sylvain Chevallier, T-Mobile Netherlands pâtit aussi des offres « convergentes » (mêlant Internet haut débit, télévision, téléphonie fixe et mobile) de ses concurrents. « Aujourd'hui, être uniquement un acteur mobile, ça n'est pas suffisant », insiste-t-il.

Sur ce créneau, Deutsche Telekom ne cache d'ailleurs pas qu'il souhaite se recentrer sur les pays où il est en mesure de proposer tout l'éventail des services de télécommunication. Concernant une éventuelle cession de T-Mobile Netherlands, Bloomberg précise, via des sources anonymes, que la recette d'une vente pourrait être utilisée pour réduire la dette de la maison-mère. Yves Gassot, à la tête du think tank Idate, spécialisé dans les télécoms et le numérique, juge que cette manne pourrait aussi être utilisée pour acheter de nouvelles et précieuses fréquences mobiles pour T-Mobile US. Sachant que sur ce front, le calendrier est serré, constate Yves Gassot. « Pour en décrocher, les opérateurs ont jusqu'au 18 décembre pour déposer leur dossier de candidature, pour une attribution courant mars. »

Liberty Global, l'acheteur idéal ?

Parmi les acquéreurs potentiels de T-Mobile Netherlands, le nom de Liberty Global fait l'unanimité auprès des analystes. Et pour cause : un mariage avec son câblo-opérateur Ziggo lui permettrait de proposer des offres convergentes sans avoir à louer les services d'autres opérateurs mobiles. Affaire à suivre, donc.

Pierre Manière

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