Pourquoi Drahi veut s’introduire à Wall Street

En introduisant Altice USA, son câblo-opérateur au pays de l’Oncle Sam, à la bourse de New York, le milliardaire franco-israélien se prépare à jouer un rôle de premier plan dans la consolidation du marché outre-Atlantique. En parallèle, cela pourrait lui donner les moyens de se lancer dans le mobile, au gré des opportunités.
Pierre Manière
Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice (maison-mère de SFR en France).

L'initiative était attendue. Ce lundi, Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice (maison-mère de SFR en France), a détaillé les modalités de son introduction prochaine à la bourse de New York. Concrètement, c'est Altice USA, composée de ses deux câblo-opérateurs Suddenlink et Cablevision, qui va faire son apparition à Wall Street. Dans le détail, le groupe du milliardaire franco-israélien a annoncé qu'il comptait vendre 7% des actions de sa filiale dans une fourchette de 27 à 31 dollars. Ce qui valoriserait ainsi Altice USA entre 20 et 22 milliards de dollars.

Si le magnat des télécoms et des médias a lancé une telle opération, c'est parce qu'il rêve, depuis longtemps, de grandir aux Etats-Unis, où le marché du câble est en train de se consolider. Il y a tout juste un an, lors d'une audition par la Commission des affaires économiques du Sénat, Patrick Drahi avait justifié son appétit pour le pays de l'Oncle Sam, où il est déjà numéro quatre dans le câble, avec environ 2% du marché (soit 9 milliards de dollars) :

« En termes d'expansion de mon groupe, en France, il va être difficile pour moi de passer de 30% à 50% de part de marché. [...] Alors qu'aux Etats-Unis, il me paraît plus facile de passer de 2% à 10% de part de marché. Et les 8% gagnés en question ? Eh bien c'est 40 milliards, c'est-à-dire l'équivalent de tout le marché français des télécoms. »

Plus de flexibilité pour les deals à venir

En s'introduisant à la Bourse de New York, Patrick Drahi se met dans une position idéale pour fondre sur de nouvelles proies.

« L'avantage est double, explique Vincent Maulay, analyste télécoms chez Oddo Securities. En s'introduisant en bourse, Patrick Drahi met d'abord un prix sur Altice USA. Et comme celui-ci est plutôt flatteur, cela lui permet de mieux valoriser son groupe. En parallèle, il se créée une monnaie d'échange, c'est-à-dire que s'il veut faire des deals, il peut plus facilement les payer en papier, ou en levant plus facilement de la dette à travers Altice USA. »

En résumé, « l'opération lui donne plus de flexibilité en cas de fusion et acquisition », ajoute l'analyste. Lequel estime, par ailleurs, que la réduction de la dette n'est pas ici la priorité du groupe. « Avec cette opération, Altice USA va encaisser environ 330 millions de dollars. C'est peu, sachant que le groupe n'a pas de grosses échéances de remboursement à court terme. »

Le secteur du câble en ébullition

Côté opportunités, celles-ci ne devraient pas manquer. Aujourd'hui, les câblo-opérateurs, qui représentent environ les deux tiers du marché du haut et du très haut débit, cherchent à se rapprocher pour tirer profit d'économies d'échelle. Parmi les cibles qui pourraient intéresser Altice, un nom revient régulièrement : il s'agit de Cox Communications, le numéro trois du marché. Même si celui-ci ne cesse de clamer qu'il n'est pas à vendre.

Mais Altice pourrait aussi se positionner sur le marché du mobile. Si les opérateurs T-Mobile et Sprint, respectivement numéro 3 et 4 aux Etats-Unis, devaient se marier, des « remèdes » (c'est-à-dire des cessions d'actifs et de fréquences) devraient être imposés par les autorités de la concurrence. Altice pourrait très bien se positionner. D'autant que comme le relève Didier Pouillot, expert télécoms au think tank Idate, la convergence entre l'Internet fixe et la téléphonie mobile, encore peu développée aux Etats-Unis, apparaît comme « la prochaine frontière » dans ce pays. Et sur ce créneau, Patrick Drahi dispose déjà d'un savoir-faire indiscutable. En témoignent, par exemple, les offres mêlant Internet, télévision, téléphonie fixe et mobile qu'il commercialise chez SFR.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 14/06/2017 à 13:09
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Excellent! c'est bien de voir qu'il y a toujours en France des grands patrons qui en ont. Bon courage a Altice aux USA. Un Francais des USA.

à écrit le 13/06/2017 à 19:36
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Milliardaire en dettes avec 50 milliards de ..dettes ..!! J' ai quitté SFR qui soutenait Macron aux élections de manière obscène.

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