Semi-conducteurs : pourquoi les gros deal vont bon train

Le rachat du néerlandais NXP par l’américain Qualcomm n’est que le dernier d’une longue série. Alors que le marché des PC recule et que celui des smartphones arrive à maturité, les fabricants de puces électroniques se rachètent entre eux pour investir de nouveaux marchés, comme l’automobile ou l’Internet des objets.
Jusqu’alors spécialisé dans le mobile, Qualcomm table sur la mainmise de son rival dans les puces électroniques à destination de l’automobile et de l’Internet des objets pour se relancer.

C'est ce qui s'appelle casser la tirelire. Numéro trois des semi-conducteurs, Qualcomm a annoncé jeudi le rachat de son rival néerlandais NXP pour la coquette somme de 46 milliards de dollars. Jusqu'alors spécialisé dans le mobile, le groupe table sur la mainmise de son rival dans les puces électroniques à destination de l'automobile et de l'Internet des objets pour se relancer. En plus de baisser les coûts, puisque Qualcomm table sur des économies avoisinant les 500 millions de dollars par an à horizon 2020.

Cette grosse emplette n'a finalement pas surpris grand monde. Au mois de septembre, citant des sources proches du dossier, le Wall Street Journal évoquait déjà des « discussions » entre les deux groupes. En outre, depuis deux ans, le secteur des semi-conducteurs est en pleine consolidation, et les gros deal ne cessent de s'enchaîner. De manière générale, les spécialistes des semi-conducteurs ont longtemps surfé sur l'explosion des smartphones pour doper leur croissance, même si en parallèle, le marché des PC continue de s'effriter.

« Une nouvelle gamme de produits »

L'an dernier, un autre cador américain, Broadcom s'est ainsi offert l'américano-singapourien Avago Technologies. Montant de la transaction : 37 milliards de dollars. Toujours en 2015, le géant Intel s'est lui payé Altera, qu'il convoitait depuis plusieurs mois, pour 16,7 milliards de dollars. Pour Intel, ce rachat est stratégique : il doit lui permettre de créer « une nouvelle gamme de produits » dans le secteur de l'Internet des objets, dont beaucoup jugent que le marché va exploser ces prochaines années. L'opération doit ainsi permettre au groupe de rebondir, alors depuis quelques années, son chiffre d'affaires est affecté par la baisse continue de la demande d'ordinateurs.

A côté de cette consolidation entre rivaux de la même branche, les spécialistes des semi-conducteurs attirent également les acteurs de secteurs voisins. C'est le cas de Softbank, opérateur télécoms nippon, qui s'est offert le spécialiste des puces pour mobile britannique ARM Holdings pour 29 milliards d'euros en juillet dernier. Là encore, Masayoshi Son, le PDG de Softbank, a argué que ce deal devait lui permettre de capter « les opportunités très significatives de l'Internet des objets ». Même si, aux yeux de plusieurs analystes, l'intérêt stratégique de l'opération n'est pas forcément évident.

De probables grandes manœuvres à venir

« Voir un acteur des télécoms débourser autant pour un fabricant de puces pour smartphones, ça ne s'est jamais vu, et ce même au plus de la bulle Internet », confiait l'un d'entre eux à La Tribune.

Même son de cloche pour Yves Gassot, le patron de l'Idate, un think tank spécialisé dans les télécoms, qui se disait aussi « un peu décontenancé » par ce deal :« Je ne vois pas pourquoi on aurait absolument besoin d'être propriétaire du groupe qui dessine les puces pour réussir dans ce domaine. »

Enfin, au même moment, c'est encore un américain, Analog Devices, qui a racheté son rival Linear Technology pour 14,8 milliards de dollars. Sur le front des semi-conducteurs, les grandes manœuvres ne sont visiblement pas prêtes de s'arrêter.

(avec AFP)

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