"SIM Fantôme" : MTN poursuit son bras de fer avec le Nigéria

Le géant des télécommunications sud-africain a décidé de saisir la justice pour contester son amende de 3,9 milliards de dollars au Nigeria, dont il a écopé pour n’avoir pas débranché à temps des millions d’abonnés non-identifiés.
Pierre Manière
MTN est le premier opérateur mobile du Nigéria, avec 63 millions d'abonnés en septembre dernier.

L'opérateur hausse le ton. MTN a décidé jeudi 17 décembre de saisir la justice pour contester l'amende record de 3,9 milliards de dollars dont il a écopé au Nigéria pour avoir omis de débrancher 5,2 millions d'abonnés non-identifiés sur son réseau. De fait, le gouvernement de Lagos a souhaité mettre un terme aux millions de « SIM fantômes » qui circulent à travers le pays. But de la manœuvre ? Disposer d'informations claires sur tous les clients mobiles. Un point jugé crucial pour lutter contre le terrorisme et en particulier contre les fanatiques islamistes de Boko Haram, qui seraient responsables de la mort de plus de 15.000 personnes ces six dernières années, principalement dans le nord-est du pays.

La sanction contre MTN, qui émane de la NCC, le régulateur nigérian du secteur, était au début de 5,2 milliards de dollars. Mais elle a été récemment revue à la baisse, à hauteur de 3,9 milliards de dollars. Reste que ce montant demeure beaucoup trop élevé aux yeux de l'opérateur. Celui-ci représente un tiers de son chiffre d'affaires 2014...

Résultat, le groupe en appelle à la justice nigériane. « MTN a suivi les procédures et a demandé à ses avocats de lancer une action devant la Haute cour fédérale de Lagos pour obtenir les réparations appropriées », précise le groupe dans un communiqué. Avant de s'expliquer :

 « La manière dont a été imposée l'amende et le montant de celle-ci ne sont pas en accord avec les pouvoirs de la NCC [...] et il y a donc des bases légales pour [la] contester. »

Accélérer les négociations avec les autorités

Il faut dire que pour MTN, le temps presse. Le régulateur avait annoncé au début du mois que le premier opérateur du Nigéria (avec 63 millions d'abonnés au mois de septembre) avait jusqu'au 31 pour signer son chèque. L'initiative apparaît donc comme un moyen d'accélérer les négociations avec les autorités.

Aux yeux de plusieurs observateurs, MTN pourrait brandir la menace d'une suspension des investissements dans le réseau. Mais de leur côté, pas sûr que les autorités nigérianes lâchent du lest facilement. De fait, cette amende pourrait leur permettre de renflouer les caisses, alors que les finances publiques, largement dépendantes du pétrole, pâtissent de la chute du baril ces derniers mois.

>> Lire aussi « SIM fantômes » : les déboires de MTN, le plus gros opérateur mobile nigérian

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 18/12/2015 à 20:18
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Vivement que l'on greffe une puce directement au cerveau de tous les citoyens de la Terre. Pour combattre le terrorisme bien sûr.

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