Sortie de crise pour l’industrie de la musique

Non seulement le streaming compense la baisse des ventes de CD, mais il tire désormais la croissance de tout le secteur. Le signe que l’industrie de la musique a enfin réussi sa mutation vers le digital. Le vinyle connaît aussi une croissance spectaculaire.
Sylvain Rolland
La croissance du marché de la musique vient essentiellement du streaming audio sur les plateformes telles que Spotify, Deezer, Apple Music ou encore Qobuz. Les abonnements ont progressé de 42% sur un an.

L'industrie de la musique était l'un des premiers secteurs frappés de plein fouet par la révolution numérique et sa mutation des usages. Il est désormais l'un des premiers à avoir réussi sa transformation.

Pour la première fois depuis 2002, soit quinze ans, le marché français relève la tête et retrouve une croissance significative. D'après le Syndicat national des éditions phonographiques (SNEP), qui présentait les résultats annuels 2016 mardi 28 février, le chiffre d'affaires 2016 du marché de la musique enregistrée s'est élevé à 450 millions d'euros, soit une progression de 5,4% sur un an.

Certes, on est toujours loin des niveaux d'il y a quinze ans, et même d'il y a cinq ans (523 millions d'euros en 2011). Mais les maisons de disque préfèrent voir le verre à moitié plein : la spirale inexorable du déclin s'est enfin arrêtée. La croissance repart. Et, encore plus symbolique, cette croissance est désormais tirée par ce qui était perçu il y a peu comme le grand danger de l'industrie : le streaming.

Marché musique 2016

Le déclin du CD moins important que la croissance du streaming

Dans la lignée du marché mondial, le marché numérique français, porté par les plateformes de streaming comme Spotify, Apple Music, Deezer ou Qobuz, compense enfin le déclin, inéluctable, des ventes de CD. Dans le détail, le marché physique, majoritaire (59% des revenus totaux), poursuit sa baisse. Son chiffre d'affaires passe de 273,7 millions d'euros en 2015 à 267 millions en 2016 (-2,5%). Une érosion continue donc, un peu atténuée par l'essor spectaculaire du vinyle (+72% sur un an), qui représente désormais 4,3% du marché total et confirme que la tendance du "vintage" devient une lame de fond.

Mais alors que le streaming tendait jusqu'à présent à peine à atténuer la baisse du marché, sa croissance parvient désormais à elle seule à tirer à la hausse le chiffre d'affaires de l'ensemble de l'industrie. Ainsi, le marché numérique (streaming par abonnement et financé par la publicité, téléchargement, téléphonie mobile) progresse de 19,5%, à 182,6 millions d'euros, soit 41% du total, ce qui représente une augmentation de 16 points en trois ans.

Tout le monde streame... y compris 25% des plus de 50 ans

Cette croissance du streaming vient essentiellement des abonnements aux plateformes de streaming, qui progressent de 42%, à 3,9 millions d'abonnés. Le parc a donc doublé en à peine deux ans. L'autre indicateur phare du marché, c'est-à-dire le nombre d'écoutes, révèle bien la démocratisation de l'usage : désormais 36% des Français estiment que le streaming musical est entré dans leurs habitudes. Ils ont consommé 28 milliards de titres en 2016, soit un volume triplé en trois ans.

Plus intéressant encore, le streaming n'est plus uniquement « un truc de jeune ». La pratique séduit toutes les générations : si les 15-29 ans restent sur-représentés (ils pèsent 33% des streameurs contre 22% de la population globale), 25% des plus de 50 ans se sont aussi convertis.

Autant de bonnes nouvelles qui font dire à Stéphane de Tavernier, le président du Snep, que l'industrie de la musique entre dans une "nouvelle ère":

« Cette croissance résulte d'une décennie d'efforts et d'adaptation de la filière musicale aux nouveaux usages et à la nouvelle donne numérique. On peut dire qu'on entre dans une nouvelle ère, où le numérique devient créateur de valeur »

Streaming 2016

Trois chiffres pour comprendre le basculement du marché

13 millions : le nombre d'utilisateurs mensuels de services de streaming audio comme Deezer, Spotify ou Apple Music, soit 23% de plus qu'en 2015 (10,5 millions) et 40% de plus qu'en 2014 (9,2 millions). Le signe, d'après le SNEP, que la démocratisation de l'usage s'effectue à grande vitesse.

3,7 millions : si le chiffre d'affaires du marché numérique progresse si fortement, c'est parce que le consentement à payer se diffuse dans l'esprit du public, qui accepte de plus en plus s'abonner aux services de streaming audio pour bénéficier d'une écoute illimitée et sans publicités. En France, 3,7 millions de personnes ont souscrit un abonnement, soit le double par rapport à il y a deux ans.

28 milliards : c'est le nombre de titres écoutés sur les plateformes de streaming. "Cela signifie que la pratique du streaming est assidue, intense et satisfaisante", se réjouit Stéphane de Tavernier, le président du SNEP. La progression spectaculaire de cet indicateur (+10 milliards de titres écoutés en un an!) indique que les habitudes des consommateurs changent. Le numérique est en train de gagner la bataille.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 01/03/2017 à 10:28
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"On peut dire qu'on entre dans une nouvelle ère, où le numérique devient créateur de valeur" Non le numérique ne créé rien du tout, ce sont les artistes qui créent et rien qu'eux, le numérique n'est qu'un outil lui au même titre que le tournevis....

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