Arthur Dupuy, le nez du marketing

Ce spécialiste du marketing olfactif a mis au point, avec une chercheuse de Montpellier, une technologie unique permettant de développer chimiquement des fragrances d'une pureté inégalée, personnalisées et adaptables sur tous les supports.
Sylvain Rolland
Arthur Dupuy - Arthur Dupuy, 30 ans

« Le parfum est la forme la plus intense du souvenir », disait Jean-Paul Guerlain. Arthur Dupuy, passionné par le luxe et le marketing, ne peut qu'approuver. Cet ancien diplômé de l'institut Paul-Bocuse donne ses lettres de noblesse au marketing olfactif, en l'abordant par le prisme de la chimie. Avec le concours du docteur en pharmacie et en pharmacochimie Isabelle Parrot, également enseignante et chargée de recherches à l'institut des biomolécules Max-Mousseron au sein de l'université de Montpellier, le jeune entrepreneur de 30 ans a créé pour ses clients des signatures olfactives uniques. L'objectif : jouer sur « le potentiel émotionnel d'un souvenir évoqué par une odeur » pour fidéliser le client et/ou stimuler les actes d'achat. Pour cela, la jeune société, lancée en 2015, développe elle-même les senteurs en laboratoire ainsi que la stratégie de marketing olfactif.

Pour se distinguer de la concurrence, qui se caractérise souvent par la diffusion de « fragrances standards et stéréotypées issues du marketing de masse », Arthur Dupuy parie sur le sur-mesure et la déclinaison du même « logo olfactif » sur plusieurs supports, que ce soit dans l'air ou via différents produits (cosmétiques, brochures...).

« La demande est forte »

« Adapter une odeur sans l'altérer en la diffusant sur des supports très variés nécessite une connaissance chimique pointue et des mois de recherche et développement », explique l'entrepreneur. Exemple : pour renforcer sa stratégie de communication et de marketing territorial, la métropole de Montpellier, capitale ancestarle du parfum avant de se faire détrôner par Grasse, a demandé à la startup de créer une fragrance reprenant les quatre éléments du logo de la ville (air, terre, feu et eau) et d'utiliser des espèces végétales locales, mettant ainsi en valeur le patrimoine. Une requête rendue possible grâce à un extracteur de dioxyde de carbone développé en interne, qui permet de recueillir des extraits de matières végétales. La startup planche aussi sur une identité olfactive pour le tramway de la ville, afin « d'augmenter la perception de confort, donc la fréquentation ». L'odeur aidera aussi les non-voyants à identifier les différentes lignes, qui s'arrêtent sur le même quai. Ou quand le marketing se pare d'utilité sociale.

Ses autres clients, moins d'une dizaine pour l'instant, évoluent dans l'hôtellerie-restauration (dont l'hôtel Le Royal à Lyon), du tourisme (le groupe Tohapi) ou du luxe. « Nos premiers clients sont devenus des prescripteurs, si bien que nous sommes obligés d'étaler nos commandes car la demande est forte », se réjouit Arthur Dupuy. La startup, qui compte trois employés, prépare une levée de fonds, prévue entre juin et septembre, pour lui permettre d'embaucher de nouveaux chercheurs et des commerciaux. Peu connu en dehors de Montpellier et de sa région, Arthur Dupuy voudrait profiter du carnet d'adresses de ses investisseurs pour négocier de gros contrats avec de grands groupes, et pour percer à Paris et en Europe. Le but : devenir la référence française, et pourquoi pas internationale, du marketing olfactif. 

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Sylvain Rolland

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