Eima, l'école de manga à la française s'anime à Toulouse

Fan de mangas, elle a fondé Toulouse Manga et l'École internationale du manga et de l'animation (Eima). À la recherche de locaux dans le centre-ville, elle veut faire de son école la meilleure formation manga en dehors du Japon.
Eima - Claire PÉLIER, 32 ans

Quand elle était petite, elle couvrait tout de dessins : les cahiers, les murs, son visage, ses jambes et jusqu'à son carnet de santé, resté le témoin de sa passion pour la peinture et les crayons. Aujourd'hui, à 32 ans, elle est à la tête de deux écoles de mangas, l'une pour les amateurs, l'autre pour ceux qui rêvent de devenir mangakas, ces auteurs de BD japonaise dont les succès d'édition se confirment d'année en année.

Elle, c'est Claire Pélier, impressionnante jeune femme à la longue chevelure blond vénitien et à la détermination résolue. À l'âge où elle voulait être vétérinaire et océanographe, elle grandit dans les cuisines du restaurant japonais de ses parents (le premier à Toulouse), et devant le Club Dorothée et la série Dragon Ball Z. Premier contact avec l'animation japonaise suivi quelques années plus tard par la lecture du manga Naruto, le phénomène mondial en 72 tomes. « Une vraie claque », raconte Claire Pélier dans son bureau du quartier Compans-Caffarelli qu'elle partage avec deux mangakas. « J'ai été immédiatement saisie par l'efficacité narrative des mangas. La bande dessinée franco-belge place le lecteur en surplomb du récit. Avec le manga, le lecteur est au centre de l'histoire. Le mangaka fait avancer le personnage principal comme s'il jouait dans un film, selon un procédé très cinématographique. C'est terriblement efficace ! »

Un mois par an au Japon

Devenue professeur d'arts plastiques au début des années 2010, Claire Pélier organise dans son collège des cours de manga entre midi et deux. Succès total au point que la jeune femme, à l'étroit dans l'Éducation nationale et déçue par l'enseignement de 700 élèves par semaine, décide de donner des cours à l'extérieur. « Je me suis dit que j'allais travailler sur mon scénario de manga et commencer à donner des cours. Le bouche-à-oreille a été très efficace et j'ai créé rapidement Toulouse Manga. Dès la première rentrée, en septembre 2012, j'ai eu 50 inscriptions avec des élèves très motivés. »

Tout s'accélère quand, à l'été 2013, elle part en formation avec la mangaka Nao Yazawa au Japon, où elle séjourne désormais un mois chaque année. Au même moment, Chiharu Nakashima, ancienne professeur de manga à l'université de Kobe, vient à Toulouse pour une masterclass, puis décide de s'installer en France. Ensemble, elles commencent à réfléchir aux enseignements que devraient suivre de futurs mangakas. Peu à peu, Claire Pélier pose les bases de sa propre école (l'une des seules en France avec la Human Academy, à Angoulême). Son objectif est clair : « Devenir la meilleure formation de manga hors Japon. » En septembre 2016, l'Eima accueille ses premiers élèves : 15 en première année, 13 dans une classe préparatoire destinée à mettre les étudiants à niveau.

Trois nouveaux cursus d'ici à 2020

« Les étudiants sont tous ultramotivés, car l'école est privée. Elle n'est pas reconnue par l'Éducation nationale, et je dois attendre que trois promotions soient sortantes (après trois ans d'études) pour demander au ministère du Travail d'intégrer le Répertoire national des certifications professionnelles. Pour les élèves, comme pour moi, c'est une aventure risquée. Je veux qu'ils en aient conscience avant d'entamer ce cursus, mais ils savent aussi que c'est une aventure commune ! Ce que je leur garantis, c'est que les cours sont donnés par les meilleurs profs, eux-mêmes formés par des mangakas japonais, et je suis extrêmement attentive au parcours des étudiants. »

L'Eima a ainsi noué des partenariats avec les principaux éditeurs de mangas en France (Kana, Ankama, Akata, Kazé, Ki-oon) qui se sont engagés à suivre le travail des étudiants, à les repérer ou à les accueillir en stage.

Comme eux, Claire Pélier « bosse comme une acharnée. Pour moi, 60-70 heures, c'est une semaine normale. Et j'ai d'autres projets », confie la jeune directrice. Beaucoup d'autres projets en fait. Car si l'Eima prévoit d'ouvrir trois nouveaux cursus (animation en 2018, scénario et concept art en 2020), Claire Pélier a aussi en tête la création d'un véritable écosystème de la culture japonaise : un musée du manga et de l'animation, une résidence d'artiste, une librairie, une cité du Japon et même un onsen, un spa japonais. Le tout à Toulouse. « Ce n'est pas pour tout de suite, car je suis prudente et, surtout, il me faut des partenaires financiers et des mécènes », confie Claire Pélier qui, dans l'immédiat, recherche de nouveaux locaux : de 600 à 800 mètres carrés, « pour commencer ! Toulouse est la deuxième ville en France pour la consommation de mangas. Être le premier espace sur le Japon hors du Japon, c'est un bel objectif. »

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