Nokia et Microsoft s'allient pour contrer Apple et Google

Dans la bataille des smartphones, les deux poids lourds de la high-tech joignent leurs forces pour rivaliser avec les écosystèmes de l'iPhone et d'Android.
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Il s'agit désormais d'une course à trois chevaux » veut croire Stephen Elop, le PDG de Nokia. Face à Apple, qui a révolutionné la téléphonie mobile avec son iPhone et ses milliers d'applications, et à Google, qui a fédéré une myriade d'acteurs autour de son logiciel pour mobile Android, le géant finlandais pense avoir trouvé la parade en s'alliant à Microsoft. Cette « alliance stratégique à long terme » doit permettre au numéro un mondial des téléphones portables, en perte de vitesse dans le marché en plein essor des smartphones, de revenir dans la course, dans cette « guerre des écosystèmes qu'est devenue la bataille des terminaux mobiles ».

En embrassant l'univers de Microsoft, avec son logiciel Windows Phone 7, ses outils bureautiques Office, son moteur de recherche Bing, sa console de jeu Xbox, son baladeur musical Zune, Nokia estime pouvoir constituer « un écosystème d'une ampleur inégalée » et « une alternative crédible » aux mondes d'Apple et de Google pour les opérateurs mobiles.

L'action Nokia a dévissé de 14%

« Deux mulets ne font pas un cheval de course », s'est moqué en substance un salarié de Google dans un message sur Twitter qui a fait le tour de la Toile. La Bourse n'a pas non plus semblé accorder beaucoup de crédit à ce nouvel attelage : l'action Nokia a dévissé de 14 % vendredi. Même si sa part de marché en volume est toujours supérieure à celle de ses trois challengers réunis, Nokia perd du terrain de façon accélérée depuis trois ans, en particulier dans le haut de gamme, là où se font les marges.

Au cours de la même période, Microsoft, dont le logiciel Windows Mobile équipait les tout premiers smartphones, a été délaissé par de nombreux acteurs et semblait même menacé de disparaître du marché. Mais il mise gros sur son nouveau système d'exploitation entièrement revisité, Windows Phone 7 (WP7). Il s'est vendu à Noël entre 1,5 million et 2 millions d'appareils équipés de WP7, conçus par Samsung, LG et HTC, un démarrage modeste. Nokia, avec sa présence mondiale, donnera clairement un coup d'accélérateur, s'est réjoui Steve Ballmer, le patron de Microsoft, qui a fait le déplacement à Londres vendredi pour cette annonce conjointe.

« Opportunités dans la publicité locale »

Désormais, Windows Phone 7 sera le principal logiciel de Nokia dans les smartphones, moyennant le paiement de licences à Microsoft. Exit Symbian, son système d'exploitation maison historique récemment refondu mais jugé obsolète, qui sera progressivement abandonné. Nokia renonce aussi à sa boutique de contenus et d'applications Ovi, qui sera intégrée à sa rivale Microsoft Marketplace, mais pas à toutes ses ambitions dans les services. Cet accord offre à Nokia « des opportunités de nouvelles recettes, notamment dans la publicité locale », selon Stephen Elop. Car les cartes de Nokia, issues de sa filiale de navigation Navteq rachetée 5,7 milliards d'euros en 2008, seront intégrées au moteur de recherche Bing. Deux aspects qui semblent avoir fait pencher la balance en défaveur de Google et Android.

C'est « une alliance complémentaire, nous avons une symétrie d'actifs », considère Stephen Elop. Mais pour Carolina Milanesi, du cabinet Gartner, « Microsoft va beaucoup profiter des volumes de Nokia, pour lequel le retour sur investissement sera davantage à long terme ».

Le véritable enjeu sera d'attirer les développeurs

Si ce partenariat n'est pas exclusif, il pourrait le devenir dans les faits, car les autres fabricants qui avaient misé sur WP7, notamment Samsung, risquent de ne pas apprécier la relation privilégiée de Nokia et Microsoft, prédit l'experte de Gartner. Le véritable enjeu sera d'attirer les développeurs, ce qu'ils ont tous deux peiné à faire jusqu'à présent, et de rattraper leur retard en nombre d'applications disponibles : seulement 8.000 pour Windows, contre 200.000 pour Android et plus de 400.000 pour l'App Store d'Apple.

La grande force de cette alliance est ailleurs. « Les opérateurs sont tout sourire », assure Stephen Elop. Nokia et Microsoft veulent s'appuyer sur le système de facturation des opérateurs. Ces derniers, demandeurs d'une alternative à la fois à Apple et à Google qui cherchent à les court-circuiter, pèsent lourd dans l'équation du succès, avec les subventions qu'ils accordent aux téléphones. Les premiers Nokia Windows Phone pourraient sortir avant la fin de l'année.

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Commentaires 2
à écrit le 02/03/2011 à 10:39
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Affreuse nouvelle :-( Client fidèle depuis longtemps, je avais choisi Nokia pour leur système Symbian de base Unix. Après les smartphones e60, e61i, e71 et la tablette N800, je pense que je vais être obligé de passer sous Android ... C'est un peu ...

à écrit le 01/03/2011 à 8:54
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Oui c'est surtout l'occasion pour Microsoft de racheter Nokia dans quelques années ! l'auteur de l'article oublie de préciser que Stephen Elop est un ancien de Microsoft ; simple hasard ou stratégie diabolique de la part de Microsoft... L'auteur oub...

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