Mobile : l'oligarque Ousmanov passe à l'offensive

L'opérateur mobile MegaFon, un des principaux actifs du scandinave TeliaSonera, pourrait changer de main et être introduit en bourse sous l'impulsion de ses actionnaires russes, notamment le milliardaire Ousmanov.
Copyright AFP. Alicher Ousmanov, la première fortune de Russie, à la manoeuvre dans la recomposition des télécoms du pays.

Le milliardaire Alicher Ousmanov serait à la manoeuvre d'une vaste recomposition du paysage de la téléphonie mobile russe. Depuis le début du mois d'avril, une série de rumeurs indique que l'homme d'affaires et première fortune du pays, est sur le point de lancer une opération qui ne fera pas les affaires du scandinave TeliaSonera. Propriétaire d'AF Telecom, qui détient 31,3% de MegaFon, le deuxième opérateur du pays, Alicher Ousmanov négocie le rachat des 25,1% détenus par Altimo, le véhicule d'investissement du banquier Mikhail Fridman. Or aujourd'hui c'est TeliaSonera qui est le plus gros actionnaire de MegaFon avec 43,8% des actions. Altimo possède par ailleurs 25% du numéro trois du mobile russe Vimpelcom et n'a guère d'intérêt stratégique à garder des parts dans deux opérateurs concurrents. Une fois propriétaire du paquet vendu par Altimo, Alicher Ousmanov aurait le contrôle de MegaFon.

Avoir le leadership de la 4G en Russie

Deux voies s'ouvrent alors devant lui. Selon le quotidien économique russe "Vedomosti", le milliardaire envisage d'échanger une partie des actions d'Altimo contre une part majoritaire dans Scartel, la société développant l'unique réseau mobile de quatrième génération sous la technologie LTE en Russie, sous la marque Yota, et propriétaire des fréquences. Iouli Matevossov, analyste chez Alfa Bank, voit se profiler derrière une alliance entre MegaFon, Scartel et le groupe d'Etat Rostelecom, « conduisant à une synergie donnant aux sociétés le leadership incontesté dans la 4G. » La seconde solution, la plus discutée mercredi, est celle d'une introduction en bourse de MegaFon, d'ici à un an. Les deux principaux concurrents de l'opérateur, MTS et Vimpelcom, sont cotés en bourse depuis plus d'une décennie.

Une valorisation estimée de 21 milliards de dollars

Plusieurs banques d'investissement russes préparent d'ores et déjà leurs offres de service aux actionnaires de MegaFon afin d'organiser le placement. Raiffeisenbank estime la valeur de MegaFon autour de cinq fois son bénéfice brut opérationnel (OIBDA), soit environ 21 milliards de dollars. Les marchés attendent depuis longtemps l'introduction de MegaFon, mais les relations conflictuelles entre TeliaSonera et Altimo ont pour l'instant bloqué toute avancée. « MegaFon a pour lui une comptabilité transparente et est formellement depuis longtemps prêt à un placement », estime Ilia Ratchenkov, analyste chez Investkafe, qui s'interroge par ailleurs sur le bien-fondé d'une telle opération. « MegaFon dispose de suffisamment de liquidités [3 milliards de dollars] tandis que son endettement est très faible ».

Prenant acte des pourparlers effectués dans son dos par ses co-actionnaires russes, l'opérateur scandinave a finalement affirmé mercredi qu'il participait à des négociations sur la structure de détention et la gouvernance de MegaFon, qui a dépassé l'an dernier Vimpelcom pour devenir le deuxième opérateur mobile russe en terme de nombre d'abonnés (62,8 millions). En 2009, une tentative de TeliaSonera de fusionner ses actifs avec Altimo avait été torpillée par Alicher Ousmanov. Ce dernier avait incité les autorités russes à invoquer le caractère « stratégique » de MegaFon pour empêcher qu'un groupe étranger n'en prenne le contrôle. Depuis, TeliaSonera semble assister, impuissant, aux métamorphoses de son investissement phare en Russie.
 

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