Nokia replonge dans la tourmente

Une semaine après son sévère avertissement sur résultats, le géant finlandais a annoncé une perte opérationnelle de 1,3 milliard d'euros, pire que prévu. Les ventes s'effondrent en Chine, l'action est au plus bas depuis 15 ans.
Stephen Elop, le PDG de Nokia, au CES de Las Vegas en janvier dernier. Copyright AFP

C?est la fin d?un règne de 14 ans qui semble se confirmer. Nokia, leader mondial de la téléphonie mobile, s?enfonce dans la crise : non seulement, sa renaissance dans les smartphones prend plus de temps que prévu, mais ses ventes s?effondrent là où elles résistaient jusqu?ici, dans les pays émergents. Sans oublier la joint-venture d?équipements télécoms, Nokia Siemens Networks (NSN), qui ne parvient pas à sortir du rouge. Une semaine après son avertissement sur résultats, Nokia a publié des comptes du premier trimestre pire qu?anticipé : un chiffre d?affaires en baisse de 29% à 7,35 milliards d?euros, au plus bas depuis 2004, une perte opérationnelle de 1,3 milliard d?euros, dont 772 millions provenant d?une provision sur NSN, et une perte nette de 929 millions. Nouvelle douche froide à la Bourse de Helsinki : l?action a dévissé de 3,63%, à 2,94 euros, son niveau le plus bas depuis avril 1997, tout juste quinze ans, aux débuts de la grande aventure du téléphone portable, désormais dans toutes les poches (4 milliards d?utilisateurs dans le monde).

Les chiffres officiels ne devraient plus tarder : Samsung l?a sans doute dépassé désormais, ou le fera au trimestre prochain. « Nokia est leader du marché depuis 1998 mais il y a eu plus de changements en cinq ans que jamais auparavant » relève Carolina Milanesi, du cabinet Gartner. « Nokia ne sera plus jamais le même groupe. Tant mieux, car le marché n?est plus le même non plus. »

Une cession de Nokia Siemens Networks à nouveau envisagée
Le PDG, le Canadien Stephen Elop, arrivé aux commandes en septembre 2010, avait indiqué la semaine dernière que le groupe envisageait des mesures structurelles, y compris la vente d?actifs non stratégiques. Plus que jamais, l?option d?une cession de NSN ressurgit : Nokia a déjà essayé de vendre l?équipementier à des fonds mais n?avait pas obtenu le prix espéré. La joint-venture aux 68.000 salariés n?a été rentable que deux trimestres depuis sa création en 2007. Certains analystes évoquent aussi une cession de l?activité de téléphones basiques, qui générait d?importants volumes mais dont les volumes s?effondrent, en particulier en Chine : -62% au premier trimestre par rapport à la même période l?an dernier, « c?est énorme, c?est un marché clé pour Nokia.

Mais il faut qu?il se concentre sur l?Europe et l?Amérique du Nord pour croître dans le haut de gamme » estime l?experte de Gartner. Le directeur des ventes, Colin Giles, entré chez Nokia il y a vingt ans, chargé de la filiale chinoise avant d?être nommé en 2011 par Elop à la tête des ventes, a annoncé sa démission, effective au 30 juin, soi-disant pour passer plus de temps avec sa famille. Tout le département des ventes sera réorganisé. Face à la dégradation accélérée des résultats, l?agence Moody?s avait abaissé d?un cran la note de Nokia la semaine dernière, à un cran de la catégorie hautement spéculative. La parenthèse des derniers mois, le vent d?optimisme qui a soufflé depuis le CES de Las Vegas et au Mobile World Congress de Barcelone, semble tristement s?être refermée.
 

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Commentaires 7
à écrit le 20/04/2012 à 11:32
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Nokia a fait un recentrage opportuniste sur un seul secteur. Ça a fonctionné pendant un temps sur le marché des terminaux, pas dans celui des équipements. Il leur arrive ce qui pend au nez de tout "pure player" : décrocher dans le seul marché qui vou...

à écrit le 20/04/2012 à 11:00
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Et ce n'est pas en faisant un deal avec le vampyre M$ que la situation de Nokia va s'arranger. Ce qu'Elop a réussi en un claquement de doigts, c'est a transformer un constructeur de produits complets (du harware aux service) en une simple usine de pr...

le 20/04/2012 à 19:36
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Quelle aberration en effet de ne pas avoir retenu Android à la place de WPhone!

le 21/04/2012 à 17:29
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Androïd aurait amené à la même perte d'autonomie que Windows, en laissant la valeur ajoutée des applications et de la boutique a un tiers, et en amenant Nokia a une simple fonction de plombier de base...

le 28/04/2012 à 9:20
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Nokia avait adopté la plus géniale solution avec son Nokia N900 un OS Linux alliant à un bon hardware l'ultra-puissance multi-plateforme et richesse libre de Linux. Tout le monde avait salué cet appareil. Pour le laisser tomber ainsi que ses clients ...

le 28/04/2012 à 11:27
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C'est clair, je n'ai toujours pas trouvé de remplaçant a mon bon vieux N900. J'ai hésité pour le N9, mais qui apportait surtout le design et pas de clavier... J'aurais tellement aimé une suite à la grande lignée des communicators, mais sous maemo/mee...

à écrit le 20/04/2012 à 1:33
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Nokia sera bientôt prêt pour un rachat au meilleur prix par Microsoft. Gageons que M. Stephen Elop sera remercié d'un travail si rondement mené par le nouveau propriétaire.

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