Mobile : le marché allemand pourrait se réduire à trois opérateurs

Pour échapper au milliardaire mexicain Carlos Slim, l'opérateur historique néerlandais KPN réfléchit à l'avenir de sa filiale d'E-Plus, le numéro trois allemand du mobile. Il pourrait la rapprocher d'O2, celle de Telefonica.
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« Nee dank u ! » La réponse du conseil d?administration de l?opérateur historique néerlandais KPN adressée vendredi au milliardaire mexicain Carlos Slim est un « non merci» sans équivoque. Deux jours après le lancement formel de l?OPA partielle d?America Movil, le géant latino-américain du mobile, visant à monter à 27,7% du capital de KPN pour 2,6 milliards d?euros, l?opérateur basé à La Haye contre-attaque en recommandant à l?unanimité à ses actionnaires de ne pas apporter leurs titres à cette offre « non sollicitée » et « opportuniste », qui ne présente « pas de prime » par rapport au cours de Bourse (7,70 euros contre 8 euros proposés) et sous-évalue donc le groupe. Autre point soulevé : les intentions de l?opérateur mexicain « ne sont pas claires » et ce dernier « ne veut pas conclure de pacte d?actionnaire avec KPN. » En particulier, l?offre est « trop basse pour donner une influence significative » à America Movil, qui reste « délibérément sous le seuil des 30% qui l?obligerait à lancer une OPA » sur l?ensemble du capital et dans le même temps « prive KPN d?une éventuelle prime de contrôle » en dissuadant d?autres acteurs de lancer une offre.

Un appel du pied à Telefonica, qui dément toute offre
Seconde partie de la riposte : KPN explique qu?il va étudier « toutes les options stratégiques » sur l?avenir d?E-Plus, sa filiale en Allemagne, afin de créer plus de valeur pour les actionnaires. En clair, qu?il n?exclut pas une vente ou un rapprochement, comme il le fait également pour BASE, sa filiale belge. Les analystes y ont tous vu un appel du pied de KPN à Telefonica, qui vient d?annoncer la prochaine mise en Bourse de sa propre filiale allemande, O2 Germany, afin de se désendetter. Numéro trois du mobile en Allemagne derrière T-Mobile et Vodafone, E-Plus compte 23 millions d?abonnés, soit une part de marché de 16%, devant O2 qui en avait 18,6 millions à fin mars (hors téléphonie fixe). Les scénarios de fusion des deux plus petits opérateurs allemands circulent depuis plusieurs années. Ils sont tous deux valorisés entre 7 et 10 milliards d?euros chacun par les analystes. KPN a d?ailleurs indiqué vendredi après-midi aux analystes au cours d?une conférence téléphonique qu?il discutait avec Telefonica, mais pas encore avec le régulateur allemand. Cependant, l?opérateur espagnol a démenti envisager « une offre sur tout ou partie de KPN.»

Le régulateur allemand risque de ne pas apprécier
Pour KPN, face à l?offensive du mexicain (« slim » signifie malin en néerlandais), «une fusion avec O2 serait la seule vraie solution » estime Stéphane Beyazian de Raymond James Equities, qui relève toutefois que le régulateur allemand risque de ne pas apprécier de voir le marché se réduire à trois acteurs, surtout si la motivation est d?empêcher la montée de Slim? D?autant qu?E-Plus a permis de dynamiser le marché allemand du mobile et de le rendre plus concurrentiel. Si en France, le quatrième opérateur, Free Mobile, est arrivé tardivement, d'autres pays en Europe voient se produire un mouvement de consolidation et un retour à trois, comme en Autriche.

La volonté de KPN d'échapper aux griffes de Carlos Slim représente pour l?opérateur espagnol une opportunité d?obtenir des conditions avantageuses dans le cadre d?une fusion, mais aussi l?occasion de barrer la route à son grand rival en Amérique latine. America Movil explique dans le prospectus de l?opération qu?il a « réfléchi à s?étendre dans d?autres régions que les Amériques » et que KPN serait « son premier investissement significatif en Europe. »
 

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Commentaire 1
à écrit le 02/06/2012 à 17:03
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Carlos Slim a toutes les chances de réussir sa manoeuvre. KPN est trop gourmand alors qu'il ne peut se maintenir. Les français sont en attente en espèrant surtout des parts de marché. En Allemagne il reste une percée à faire. Free et Bouygues serviro...

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