Deux plans sociaux annoncés le même jour dans les télécoms (SFR et Bouygues Telecom mardi) : le ministre du Redressement productif ne pouvait rester sans réagir. Arnaud Montebourg a annoncé mercredi en fin de journée dans un communiqué qu'il allait recevoir « au plus vite », avec la ministre déléguée en charge de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, « les intersyndicales de ces deux opérateurs pour évoquer avec eux la situation du secteur de la téléphonie mobile depuis l'arrivée d'un quatrième opérateur sur le marché. »
En effet, Bouygues Telecom, qui a présenté en comité d'entreprise central un plan de départs volontaires portant sur 556 postes, et SFR, qui n'a pas encore dévoilé l'ampleur de son plan de réorganisation qui sera détaillé à l'automne, ont tous deux invoqué l'impact de Free Mobile comme cause de ces suppressions d'emploi. Certains syndicats s'interrogent, à l'image de SUD qui évoque dans un tract ce mercredi « l'alibi du low-cost », considérant que « la crise du secteur ne se résume pas à l'arrivée de Free, elle est le résultat d'une politique délibérée des opérateurs et des politiques publiques dans les télécoms. »
« Tout doit être fait pour éviter » les destructions d'emplois ou les délocalisations
Aucune date n'a encore été arrêtée pour cette rencontre avec les délégations syndicales des deux opérateurs. Pour Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, « tout doit être fait pour éviter que des emplois soient détruits ou délocalisés », d'autant que les services télécoms sont un secteur « réglementé et donc protégé de la concurrence internationale. » Ils soulignent aussi la nécessité de préserver « les investissements nécessaires tant à l'aménagement des territoires qu'à la compétitivité et la croissance de notre économie. »
Les deux ministres veulent ensuite « réunir les quatre opérateurs de téléphonie mobile», vraisemblablement leurs dirigeants, «afin d'évoquer avec eux les moyens du retour à un modèle de croissance, au bénéfice de l'emploi, tant au sein des opérateurs que chez leurs sous-traitants et fournisseurs. » Dans une interview à Challenges le mois dernier, Arnaud Montebourg avait déclaré son intention de « remettre de l'ordre dans les télécoms », accusant le régulateur, l'Arcep, de « s'intéresser exclusivement à la concurrence sans limites. » Il a demandé aux opérateurs de relocaliser leurs centres d'appels en France. Sur ce sujet, Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, appelle de ses v?ux « un état des lieux comparatif » sur les centres d'appels en France des quatre opérateurs. Le ministre du redressement productif avait résumé sa philosophie en une formule : « la concurrence doit trouver sa limite dans la préservation de l'emploi ».
Pouvoir d'achat, emploi et dividende
Un changement radical de discours : avant son arrivée à Bercy, au lancement de Free Mobile, l'élu PS de Saône-et-Loire s'était réjoui que Xavier Niel, avec son forfait mobile illimité à 19,99 euros, faisait «plus pour le pouvoir d'achat des Français que Nicolas Sarkozy en 5 ans. » Il y a quinze jours, le fondateur et principal actionnaire de Free, Xavier Niel a répondu aux attaques de ses concurrents en plaidant dans une tribune que « l'emploi baisse depuis des années dans le secteur », bien avant l'arrivée du 4e opérateur mobile. Et l'entrepreneur de pointer du doigt « l'oligopole soucieux de sa rente » et la distribution de dividende. Un air entonné également par les syndicats de ces opérateurs « historiques » qui critiquent le montant des dividendes versés depuis plusieurs années.
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