Panne d'Orange : le régulateur des télécoms même pas prévenu

Lors de son audition mercredi matin par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, le président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani, a surpris en révélant qu'Orange ne l'avait pas prévenu de la panne vendredi. Il a estimé à 1.000 le nombre maximum d'emplois directs et indirects pouvant être supprimés dans le secteur, en net, suite à l'arrivée de Free Mobile.
Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep, l'Autorité de régulation des télécoms, a appris la panne d'Orange "par le Web". Copyright Denis/REA

« Nous avons été prévenus par le Web. Stéphane Richard [le PDG de France Télécom] m'a appelé le lendemain pour s'excuser de ne pas nous avoir prévenus. » Resté silencieux depuis vendredi, le président du régulateur des télécoms, l'Arcep, a surpris mercredi matin en révélant, devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, qu'il n'avait pas été prévenu par le premier opérateur français de la panne nationale qui a touché ses 26 millions de clients ce week-end. Jean-Ludovic Silicani a rappelé pendant son audition le cadre réglementaire prévu dans ce genre de situations : « en cas de crise, c'est le gouvernement qui est en première ligne. » Plus précisément, « l'opérateur est tenu d'informer le gouvernement : le centre opérationnel de gestion des crises, qui dépend du ministère de l'Intérieur, lequel prévient alors le ministre des télécoms. L'Arcep intervient seulement a posteriori, soit de sa propre initiative, soit à la demande du gouvernement. L'Autorité peut, si elle est saisie d'une plainte, prendre une sanction, après une mise en demeure. »

Les offres low-cost devraient peser à terme 25% du marché
« Nous auditionnerons Stéphane Richard la semaine prochaine » a indiqué le président de l'Arcep. L'Autorité, qui est chargée de veiller à la qualité de service des opérateurs, « rendra avant la fin de l'année un rapport complet » sur l'ensemble des opérateurs mobiles, « y compris Free, sur son réseau propre et en itinérance » a précisé Jean-Ludovic Silicani. Sur le nouvel entrant justement, le président de l'Arcep a relevé que « si les opérateurs historiques avaient pensé à signer, en 2007-2008, un accord de « full MVNO » [opérateur virtuel disposant de ses propres équipements connectés au réseau d'un autre opérateur NDLR], peut-être Free n'aurait-il pas déployé de quatrième réseau mobile. C'est un choix stratégique qu'ils ont fait, en bloquant l'arrivée des Full MVNO. » Il a souligné que l'un des critères justifiant l'arrivée d'un 4e opérateur était les prix et que dans ce domaine « l'objectif est atteint, les prix ont baissé », tout en considérant que « tout le marché ne va pas devenir à bas coûts ou à bas prix, ce n'est pas ce qu'il se produit dans les autres pays où l'on dissocie le prix du service et celui du terminal. La part des offres à bas coûts pourrait représenter à terme 20% à 25% du marché » selon lui. Or la baisse du marché pourrait par exemple de diminuer d'un milliard le montant des importations de terminaux, qui s'élève à 4 milliards d'euros an. D'ailleurs, les chiffres du premier trimestre 2012 montrent qu' « il n'y a pas eu d'effondrement, ni du chiffre d'affaires, ni des marges. »

Une « estimation maximale » en net de 1.000 suppressions d'emplois post-Free
Pressé de questions par les députés sur l'impact de l'arrivée de Free Mobile sur l'emploi du secteur, Jean-Ludovic Silicani a précisé que les « 5 à 10.000 suppressions d'emploi » qu'il avait évoqués fin mars, en citant des « analystes financiers et économiques » étaient des chiffres bruts. Il a déclaré que « l'estimation maximale » des emplois qui pourraient être supprimés dans le secteur serait « autour de 3.000 », dont environ 1.600 d'emplois directs chez les opérateurs, le solde chez les sous-traitants notamment les centres d'appels externes, ce qui, déduction faite des 2.000 emplois directs créés par Free, aboutirait à un solde net de 1.000 emplois supprimés. Très loin des 50 à 60.000 évoqués par certains syndicats ou opérateurs. Au passage, le président de l'Arcep a jugé qu'« il est assez pratique, pour ne pas dire plus, de mettre entièrement sur le dos du quatrième opérateur des suppressions d'emplois », qui s'observent tendanciellement depuis plusieurs années et dans d'autres pays, comme aux Etats-Unis, où la concurrence est moins forte. Enfin, à ceux qui critiquent ouvertement le régulateur et la concurrence, Jean-Ludovic Silicani a rappelé que « sans régulation, il n'y aurait que France Télécom. Il n'y aurait pas eu de SFR, de Bouygues Telecom, de MVNO etc. Cette évidence semble un peu perdue de vue par certains observateurs. »

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Commentaires 3
à écrit le 14/07/2012 à 12:46
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... quand on connait les excellentes relations entre les opérateurs et Jean-Ludovic "l'Etat c'est Moi" Silicani :-)

à écrit le 11/07/2012 à 16:52
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@sony91 Vous avez regardé ou du moins écouté les propos de JL Silicani ? ?

à écrit le 11/07/2012 à 15:12
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« Il a estimé à 1.000 le nombre maximum d'emplois directs et indirects pouvant être supprimés dans le secteur, en net, suite à l'arrivée de Free Mobile. » C'est faux, merci de ne pas mentir dans vos articles. Il a évalué à 1 000 le nombre maximum d'e...

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