Stéphane Roussel, PDG de SFR : «Les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde»

SFR a annoncé ce mercredi la suppression nette de 856 postes. Au DigiWorld Summit, organisé les 14 et 15 novembre à Montpellier, Stéphane Roussel dévoilait les plans de l'opérateur à l'occasion du lancement stratégique de la 4G. Le nouveau PDG de SFR, arrivé cet été à la tête du groupe dans un climat tendu après le départ de Frank Esser et l'intérim de Jean-Bernard Lévy, doit gérer un marché mobile perturbé par l'irruption de Free.
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Ce mercredi matin, en comité central d'entreprise, SFR a annoncé un plan de départs volontaires portant sur 1.123 postes et la création de 267 emplois, soit 856 suppressions en net. L'opérateur a précisé qu'il s'agit d'«un projet de réorganisation de l'entreprise en vue de sauvegarder sa compétitivité et d'accélérer sa mutation vers le numérique», selon les termes du communiqué.

Lors d'un entretien accordé le 15 novembre 2012 à Objectif Languedoc-Roussillon, Stéphane Roussel, PDG de SFR, précisait sa stratégie :

 

Objectif Languedoc-Roussillon - Pourquoi lancez-vous une offre 4G à Montpellier, juste après Lyon ?
Stéphane Roussel - Pour le déploiement d'une telle technologie, SFR doit prendre en compte les villes où toutes les conditions sont réunies. Si Montpellier est la deuxième à être servie, avant Paris, c'est parce qu'il y a d'abord eu une volonté politique en ce sens, que j'admets volontiers. Ensuite, il y a des raisons sociologiques : la ville compte beaucoup d'étudiants et d'acteurs économiques avec une forte appétence pour un réseau comme la 4G, qui offre une expérience au moins égale à la puissance de débit du fixe dans les meilleures conditions. L'organisation d'un salon tel que le DigiWorld le prouve. Enfin, Montpellier est une ville de taille suffisante pour lancer la 4G immédiatement.

Quelles nouvelles offres développerez-vous sur ce réseau ?
Je rappelle en premier lieu que la 4G est un choc au niveau de l'expérience client. Ce n'est pas une simple évolution de la 3G, mais un vrai saut technologique. Le gain d'accessibilité aux données, en particulier, est remarquable. De ce fait, SFR pourra proposer tout ce qui peut se faire sur mobile en terme de micropaiement ou de relations entre un client et un fournisseur, avec une qualité de service et d'interaction sensiblement augmentée. Par exemple, vous pourrez, en passant devant l'affiche d'un spectacle, réserver votre place en direct. En résumé, nous avançons sur un ensemble de services, qui inclut aussi le cloud computing. Les entreprises exprimaient depuis un certain temps la volonté d'adresser leurs clients autrement. Ne manquait plus que le chaînon technologique.

Sur le volet B2B, quels métiers ciblez-vous en priorité ?
Tous ceux où s'exprime le besoin d'un accès en direct aux données, sur le terrain, sans être obligé de les segmenter. Tous ceux où il y a un besoin d'une gestion optimisée du temps et des données clients. On peut citer les secteurs d'activité qui sont déjà très demandeurs de services sur la fibre optique, tels que le bâtiment ou l'audiovisuel. Pour un acteur comme Canal +, la 4G est une vraie promesse de continuité optimum sur l'accessibilité et la qualité de l'image. Je pense aussi aux entreprises multilocales comme les compagnies d'assurance, organisées en agences, et devant gérer une force commerciale répartie sur l'ensemble du territoire.

Après Montpellier, comment s'organisera le déploiement de la 4G ailleurs en France ? Combien investissez-vous ?
Nous lancerons la 4G à Marseille, Toulouse, Lille, et Strasbourg au cours du premier semestre 2013. Par ailleurs, l'investissement est, depuis l'origine, une priorité de SFR, qui lui consacre des moyens énormes. Investir sur la 4G n'est donc pas une nouveauté en soi. C'est plutôt la qualité de la technologie qui fait la différence. Globalement, nous investissons 1,6 milliard d'euros par an sur le très haut débit mobile et la fibre optique.

Quel message êtes-vous venu délivrer au DigiWorld ?
Je viens dresser un panorama mondial des télécoms, où la France détient une sorte de record de la désorganisation. L'instabilité de la régulation nourrit un manque de visibilité, très pénalisant pour ceux qui investissent sur les technologies d'avenir. Jusqu'à une date récente, le secteur était porté par une volonté consumériste, où le client est roi. Et nous y sommes arrivés, puisque les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde... Mais le régulateur doit veiller à ne pas être contreproductif. Faire entrer un acteur supplémentaire sur le marché au moment où l'industrie trouvait un équilibre est une erreur.

Vous faites allusion à l'arrivée de Free en 2011. Son éclosion s'est traduite par la migration de nombreux abonnés, au détriment des trois opérateurs historiques. SFR vient toutefois de regagner 40.000 abonnés. Comment analysez-vous cette séquence ?
Free a profité d'un triple phénomène. D'une part, il faut reconnaître la bonne qualité des campagnes marketing faites autour de leur marque. D'autre part, ils ont signé avec Orange un contrat d'itinérance avantageux, bien qu'un peu curieux, pour utiliser la 3G dans leur offre. Enfin, la dernière génération de smartphones n'est arrivée qu'en septembre 2012. Mais aujourd'hui, les portes se referment. Avec la 4G, Free va arriver à ses limites techniques. Ils ont longtemps prospéré sur le mythe que l'on pouvait proposer les mêmes services au tarifs les plus bas. Sur les grandes offres comme celles que nous développons sur la 4G, ce n'est plus vrai. Les abonnés revenus chez SFR prouvent qu'il y a des clients pour chaque chose, et donc des clients prêts à payer le juste prix pour des services de qualité.

Le gouvernement a mis en place, en novembre, une mission de pilotage du déploiement de la fibre optique en France. Comment jugez-vous cette démarche ?
C'est un plan peu consistant, peu réaliste. D'abord, la seule condition possible de déploiement de la fibre est qu'elle reste rentable sur vingt ans. Ce ne sera pas possible sur les zones d'habitation les moins denses. Ensuite, pour poser de la fibre dans une gare ferroviaire ou dans un bureau de poste, il faut conclure un partenariat avec l'État et les collectivités. C'est d'ailleurs le seul rôle que l'État ait à jouer sur le mobile et la fibre : créer un environnement stable, créer les conditions de ce partenariat. Ce n'est pas le cas. Pas un opérateur privé n'ira s'engager là où il n'y a aucune contrainte pesant sur les nouveaux entrants, là où on les laisse libres de développer des produits à vil prix.

Vous avez pris vos fonctions de PDG en juin 2012 alors qu'une certaine confusion régnait à la tête de SFR depuis plusieurs mois. D'où venait-elle ?
Comme je vous l'indiquais, le marché français est désorganisé. On ne peut pas investir de façon stable quand le régulateur fait entrer un quatrième opérateur dans ces conditions. Par conséquent, à l'heure où le marché s'accélère, il fallait nous donner les moyens d'affirmer notre identité. C'est la raison derrière les changements que vous évoquez. Aujourd'hui, SFR est le seul opérateur à pouvoir accompagner un usager dans tout son parcours numérique. Free n'a qu'une présence sur le web. Orange a du mal à s'organiser au niveau qui est le nôtre sur la 4G.

Comment imaginez-vous la téléphonie mobile dans cinq ans ?
Si le marché français est aussi désorganisé aujourd'hui, alors il ne pourra que s'améliorer ! Au-delà, je crois que l'appétence pour le côté hyper ergonomique des appareils, smartphones et tablettes, et des réseaux 4G ira en s'amplifiant. Il y aura encore beaucoup de création de richesses et d'emplois dans ce secteur. Le seul obstacle, outre le conservatisme de l'État, réside dans la mauvaise organisation régnant également en Europe. Nous comptons plus de 80 opérateurs, alors que les États-Unis en ont seulement deux en capacité aujourd'hui d'installer un réseau comme la 4G. Une bonne organisation, selon moi, reviendrait à avoir le nombre suffisant d'acteurs pour maintenir une saine concurrence, mais pas trop, pour que le risque qu'induit l'investissement ait encore un sens.

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Commentaires 20
à écrit le 01/12/2012 à 20:44
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Les tarifs les plus bas Cool L année. Derniere on avait les plus haut Merci free

à écrit le 29/11/2012 à 21:59
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sfr "un service de qualité"(sic) Impossible d'avoir une connexion 3G correcte et stable en pleine campagne (Paris 16eme) un client sfr depuis plus de dix ans qui s'apprête à leur faire un bras d'honneur

à écrit le 29/11/2012 à 10:48
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La stratégie de SFR, elle est simple. Envoyer la future mariée chez le chirurgien pour une liposuccion (11,23kg de gras superflu), un peu de maquillage cosmétique (on est les meilleurs) et faire le tour des sites de rencontre (on discute avec tout le...

à écrit le 29/11/2012 à 4:31
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"Les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde..." D'où sort cette contre-vérité ? Plutôt que de sortir des stupidités pareilles, ce monsieur ferait mieux de faire un tour en Russie et de comparer les prix des opérateurs russes à ceux...

à écrit le 29/11/2012 à 3:22
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......puisque les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde........ Regardez le nez de Pinocchio, il pousse encore....

à écrit le 28/11/2012 à 20:31
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yaka nous remettre des cabines téléphoniques.

à écrit le 28/11/2012 à 19:30
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"Les abonnés revenus chez SFR prouvent qu'il y a des clients pour chaque chose, et donc des clients prêts à payer le juste prix pour des services de qualité." Euuhhhh Monsieur Roussel, payer un forfait de 1h de communication avec SMS illimités sans...

à écrit le 28/11/2012 à 19:10
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à koi ça sert la 4g ?

le 28/11/2012 à 19:25
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A augmenter "l'appétence" des clients high tech prêts à payer 50/100 euros par mois leur forfait 4G (hors mobile).

le 28/11/2012 à 22:13
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A augmenter la VA et la marge brute

à écrit le 28/11/2012 à 19:09
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il faudrait faire la même choses dans d'autres secteurs : les mutuelles santé par exemple

à écrit le 28/11/2012 à 19:01
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Il y a peu de temps encore, nous avions les tarifs les plus chers du Monde !! Que les Français en profitent.

à écrit le 28/11/2012 à 18:29
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Ah ben c'est sur, avec Free dans la boucle, ca a changé la donne coté tarifs. Ce que ce monsieur oublie de dire, c'est qu'ils nous ont bien pigeonné pendant plus de 10 ans, et qu'ils ont été condamnés par la justice à plusieurs reprises pour ces méfa...

le 28/11/2012 à 19:31
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free peut proposer des prix tres agressifs, ca ne lui coute pas grand chose, vu que son point mort est tres bas; sous 2 ans ils vont devoir faire de tres lourds investissements, alors je pense que les choses vont bouger plus vite qu'on ne croit...

le 29/11/2012 à 10:30
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Free ne propose pas des tarifs si agressif (du moins pour l'instant) par rapport a bien d'autres pays ou une réelle concurrence existe. Tout contrat d'itinérance coûte bien plus cher que l'amortissement d'un réseau mais il faut bien ouvrir le service...

à écrit le 28/11/2012 à 18:09
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La mauvaise foi de ce monsieur Roussel me dépasse. J'aime relire ses dires avant l'arrivée de free : free ne nous inquiète pas, la concurence est déjà saine. Mouarf. Ce monsieur pourra toujours postuler comme responsable marketing à la fdj, il sera ...

à écrit le 28/11/2012 à 17:39
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Le DG de Swisscom a une toute autre vision stratégique: http://www.reseaux-telecoms.net/actualites/lire-comment-les-operateurs-telecoms-reussiront-face-a-google-selon-le-dg-de-swisscom-25225.html C'est quand même plus convaincant que les "éléments d...

à écrit le 28/11/2012 à 17:16
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«Les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde» ... peut-être ... mais seulement depuis janvier 2012. «Une bonne organisation, selon moi, reviendrait à avoir le nombre suffisant d'acteurs pour maintenir une saine concurrence, mais pas ...

le 28/11/2012 à 17:51
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en plus c'est faux : en autriche tout illimité a 4.5e/mois un operateur est rentable en tout illimité a partir de 2.5 e/mois

le 28/11/2012 à 17:56
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Ce monsieur gagnerait a voyager un peu, ou même simplement regarder les offres tarifaires des opérateurs de par le monde, mais cela lui donnerait peut-etre un grave coup sur la tête...

le 20/09/2014 à 18:40
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Hollande ne fait rien depuis son election : ni reforme structurelle ni reduction de depense. Les resultats ? "2017 mais c'est pas sur ! C'est difficile mais j'irai jusqu'au bout". Voire ! il ne pourra pas terminer son mandat. Au debut du mouvement q...

le 21/09/2014 à 12:00
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je me marre, la France part en couille

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