Course à la 5G : la recherche française se mobilise

L’Institut Mines-Télécom et France Brevets ont étendu leur partenariat dans leurs travaux visant à développer des brevets concernant la prochaine génération d’ultra-haut débit mobile.
Pierre Manière
D'après la Commission européenne, la 5G constituera « l’épine dorsale de notre avenir numérique et les bases d’un marché européen d’une valeur de 1.000 milliards d’euros dans le domaine de l’Internet des objets ».

La 5G doit voir le jour courant 2020. « C'est-à-dire demain matin », souligne Jean-Charles Hourcade, le directeur général de France Brevets, un des bras armé de l'Etat et de la Caisse des Dépôts visant à épauler la recherche française. Alors que dans le monde, tous les gros industriels des télécoms s'activent pour définir les standards de cette prochaine génération d'ultra-haut débit mobile, les cellules grises de l'Hexagone sont mobilisées. Ce mardi 13 octobre, l'Institut Mines-Télécom (IMT) et France Brevets ont ainsi élargi leurs partenariats dans leurs travaux liés au développement de la 5G.

Depuis 2011, les deux entités collaborent sur un programme autour d'une technologie baptisée « MIMO ». Concrètement, il s'agit d'« un mécanisme de codage pour le transfert de données à haut débit et qui peut trouver son utilisation dans la 5G », indique l'IMT et France Brevets dans un communiqué commun. Depuis quatre ans, 18 brevets ont déjà été déposés sur ce sujet de recherche. Avec l'accord signé mardi, trois nouveaux programmes vont voir le jour dans des domaines nouveaux. Ceux-ci concernent les antennes 5G, les communications longue distance en très haut débit, et une nouvelle technologie de « modulation d'onde », baptisée FBMC (Filter Bank Multiple Carrier).

Faire entendre sa voix

Avec ce partenariat, les labos de recherche de l'IMT (disséminés dans ses 16 écoles dans tout l'Hexagone) seront soutenus par France Brevets. L'objectif est clair : il s'agit d'élargir le portefeuille de brevets liés à la 5G, en épaulant la trentaine d'enseignants-chercheurs, doctorants et post-doctorants qui planchent sur l'ultra-haut débit mobile. D'après Philippe Jamet, le directeur général de l'Institut Mines-Télécom, « les experts de France Brevets vont notamment apporter leur expertise technique et juridique » pour faire éclore ces brevets, les exploiter, et favoriser leur transfert vers les entreprises.

Pour la France et plus globalement l'Union européenne, qui ont dans le passé pris un gros et plombant retard dans la 4G et son déploiement, l'enjeu est important. En convertissant les travaux des chercheurs en brevets, Paris espère faire entendre sa voix dans l'élaboration des standards de la 5G. But de la manœuvre : que les solutions retenues correspondent au mieux aux usages et besoins des entreprises de l'Hexagone et des Français. Ou en d'entre termes, qu'ils ne soient pas lésés dans les négociations sur l'ultra-haut débit mobile, qui, à l'instar de la 3G et de la 4G, deviendra la norme pour de longues années.

Plus de 1.300 brevets déposés

Or cette course à la normalisation s'apparente à une gigantesque compétition mondiale, qui mobilise des légions de chercheurs dans les sphères publiques et privées. A ce jour, plus de 1.300 brevets en lien avec la 5G ont été déposés auprès de l'Institut européen des normes de télécommunications. Pour l'heure, ceux-ci émanent très majoritairement des gros industriels américains, japonais et coréens, comme Samsung, LG, Qualcomm ou Apple. Jean-Charles Hourcade estime que d'ici 2020, plus de 2.600 brevets auront été déposés. Il espère que la collaboration entre France Brevets et l'IMT accouchera d'une centaine de ces précieux titres de propriété industrielle. « C'est conséquent », assure le patron de France Brevets. D'autant que ces brevets concerneront largement le codage, lequel « constitue un élément absolument fondamental » de la 5G, renchérit-il.

Au niveau européen, la course à la normalisation de la 5G est prise très au sérieux, surtout dans la perspective d'une explosion des objets connectés. Dans un communiqué publié au mois de septembre, la Commission juge que cette technologie constituera « l'épine dorsale de notre avenir numérique et les bases d'un marché européen d'une valeur de 1.000 milliards d'euros dans le domaine de l'Internet des objets ». Depuis un peu plus d'un an, l'UE multiplie donc les « partenariats stratégiques » avec les pays dont les industriels des télécoms en pointe dans de domaine. Après la Corée du Sud et le Japon, Bruxelles a signé un accord de coopération avec la Chine le mois dernier. Il faut dire que dans cette compétition, les concurrents se muent parfois en précieux alliés pour imposer ses desiderata au reste du monde.

>> Lire aussi Bruxelles met les bouchées doubles dans la 5G

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 13/10/2015 à 20:07
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J'étais à Séoul en Juillet, et partout des panneaux annonçaient l'arrivée de la 5G dans tout le pays en septembre 2015. Alors certes, la Corée du Sud ce n'est pas très grand, mais ici on a déjà du mal avec la 4G ...

à écrit le 13/10/2015 à 19:38
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heu!!!!! je voudrais déjà la 4g correctement et le haut débit en internet . a part les grandes villes les autres se frottent l oreille !!!

le 14/10/2015 à 23:38
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Il ne s'agit pas ici de satisfaire les citoyens/consommateurs/utilisateurs mais de gros sous en bataillant avec les autres pays pour savoir qui déposera le plus de brevets ce qui déterminera qui devra payer pour utiliser cette technologie. Que la...

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