Et si les marchés disaient "stop" à Patrick Drahi ?

Sur cinq jours, les titres Altice et Numericable-SFR ont fondu respectivement de 12,5% et 7,9%. Jusqu’alors coqueluche des marchés, Patrick Drahi pourrait rencontrer une limite à un développement basé sur l'endettement, face à des investisseurs plus averse au risque qu'auparavant, selon une note d’analyste de Goldman Sachs.
Pierre Manière
Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice, la maison-mère de Numericable-SFR en France.

Patrick Drahi va-t-il être contraint de freiner sa boulimie d'acquisitions ? Le propriétaire d'Altice, la maison-mère de Numericable-SFR était jusqu'ici considéré comme la coqueluche et le chouchou des banquiers et des investisseurs. Ceux-ci lui prêtaient volontiers les milliards de dollars nécessaires à ses coûteuses emplettes, parmi lesquelles SFR, Portugal Telecom, Suddenlink, et dernièrement l'américain Cablevision. Mais le vent est peut-être en train de tourner. Sur cinq jours, les titres Altice et Numericable-SFR ont en effet fondu respectivement de 12,5% et 7,89% à 18,72 euros et 41,28 euros.

Pourquoi ? Parce que les marchés affichent depuis peu une aversion au risque. Et dans ces conditions, il semble que la stratégie d'endettement d'Altice suscite moins de confiance qu'auparavant. En amont de ces baisses de cours, selon l'agence Reuters, la holding de Patrick Drahi a dû réduire, vendredi, le montant de son émission obligataire à haut rendement pour financer le rachat de Cablevision à 4,8 milliards de dollars. Or initialement, Altice espérait lever 6,3 milliards de dollars... En clair, cela devrait contraindre Patrick Drahi à relever le montant du prêt également envisagé pour financer le rachat du câblo-opérateur.

Des doutes sur les synergies

Ce nouveau contexte n'a pas été du goût des investisseurs. Dans une note publiée vendredi dernier baptisée « What's up with Altice ? » (« Que se passe-t-il avec Altice? »), la banque américaine Goldman Sachs explique que le groupe pâtit « des conditions plus difficiles sur le marché du crédit, qui reflètent en partie la hausse des risques de défaut des sociétés liées au secteur de l'énergie ». Et ce, après la chute du prix du pétrole et la dégringolade de Glencore, le géant du négoce des matières premières. Dans ce climat moribond, la banque d'affaires juge qu' « Altice a peut-être atteint les limites du marché de la dette pour financer ses fusions et acquisitions [...] en particulier concernant les actifs matures comme Cablevision ». En outre, Goldman Sachs, qui reste à l'achat sur Altice, estime que les marchés doutent peut-être de la capacité du groupe et de Cablevision à mettre en place les synergies annoncées.

Conscient de ce contexte tendu, Dexter Goei, le DG d'Altice, a déclaré mercredi dernier à l'agence Bloomberg que son groupe allait lever le pied sur ses achats. « Nous devons à nos investisseurs une pause dans le rythme de nos acquisitions, en particulier sur les grosses cibles », a-t-il lâché. D'après lui, cette « pause » pourrait durer « deux ans ». Elle permettrait au groupe de se consacrer à son désendettement, grâce à « l'accélération de la croissance du free cash flow ». Selon Dexter Goei, seule une opportunité d'achat sur Cox, le quatrième câblo-opérateur américain, pourrait faire dévier Altice de cette stratégie. Les marchés sont prévenus.

Pierre Manière

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Commentaires 11
à écrit le 02/10/2015 à 9:01
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j'ai été client numericable pendant plus de dix ans et quand je vois les méthodes commerciales de ce groupe qui détient maintenant SFR je vais résilier tout mes abonnements car il ne respecte aucunement ses clients qu'il prend pour des vaches à lait ...

à écrit le 01/10/2015 à 17:15
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Ils mettent du temps à réagir contre ce fossoyeur d'emplois et d'entreprises !

à écrit le 01/10/2015 à 17:15
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Ils mettent du temps à réagir contre ce fossoyeur d'emplois et d'entreprises !

à écrit le 01/10/2015 à 13:35
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Il n'y a aucun risque pour Altice de manquer de crédit. Le groupe recycle indirectement de nombreux fonds de paradis fiscaux dont le but premier est réalisé par l'évasion et non la grosse rentabilité sur de potentiels investissements, la ligne est do...

à écrit le 01/10/2015 à 11:46
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On sait ce qu'il advint de la grenouille...

à écrit le 01/10/2015 à 8:01
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la fuite en avant il doit racheter au plus vite et revendre sous moins d'un mois bientôt il vas faire boum et les ecconomistes Français ainsi que le medef feront les surpris

à écrit le 01/10/2015 à 7:35
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en tant que bon consommateur, je lui ai dit non en résiliant mes abonnements sur ses services. dommage pour les employés SFR mais hors de question de financer cet homme.

à écrit le 01/10/2015 à 5:47
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Les banquiers feraient mieux de preter les brouettes de liquide de la bce aux tpe, pme, VRAI moteur de l'économie...

à écrit le 30/09/2015 à 22:00
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C'est un chateau de carte Si les taux remontent ou si les bénéfices ne sont pas là c'est la faillite

à écrit le 30/09/2015 à 21:32
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C'est déjà un peu tard. Mais ça viendra quand même.

à écrit le 30/09/2015 à 19:47
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les fusions a gogo avec rachats copieux, ca fait penser a vivendi!!!! alors ok, c'est pas que l'idee n'est pas bonne, c'est qu'en plus il faut un timing ' pas forcement compatible 'avec un endettement qui n'est pas en capital' ( vous savez ' les sal...

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