Royaume-Uni : le régulateur s'alarme d'un retour à trois opérateurs

L'Ofcom, le gendarme britannique des télécoms, a critiqué le projet de fusion entre les spécialistes du mobile Three et O2. L'institution craint une hausse des factures des particuliers comme des entreprises.
Pierre Manière
En mars dernier, l'opérateur ibérique Telefonica a annoncé la vente d'O2 à Hutchinson Whampoa, qui possède déjà Three UK outre-Manche.

La consolidation dans les télécoms européennes n'en finit décidément pas de faire jaser. L'Ofcom, le régulateur britannique du secteur, s'est ainsi fendu d'une charge contre la possibilité d'un retour à trois opérateurs mobiles dans le pays. Dans une tribune publiée ce lundi dans les colonnes du Financial Times, la DG de l'institution, Sharon White, s'est montrée très, très critique sur le projet de fusion entre les opérateurs mobiles 02 et Three. Et ce dans secteur où les mots, comme en politique, sont toujours soigneusement choisis :

"Nous sommes inquiets du fait que le plus petit réseau mobile, Three, propose de devenir le plus gros en rachetant son rival O2", lâche-t-elle.

Pourquoi ? D'abord pour des raisons de concurrence. "Le groupe combiné contrôlerait plus de quatre connexions mobiles sur dix", explique Sharon White. En outre, la patronne de l'Ofcom craint que le deal ne débouche sur un renchérissement des factures.

"L'opération pourrait signifier des prix plus élevés pour les particuliers et les entreprises", poursuit-elle.

La Commission européenne enquête

En mars, l'espagnol Telefonica avait annoncé la vente d'O2 à Hutchinson Whampoa, un conglomérat honkongais déjà propriétaire de Three UK, pour 10,5 milliards de livres (près de 14 milliards d'euros). L'opération doit donner naissance au plus important acteur de téléphonie mobile outre-Manche. Sachant que O2 et Three sont respectivement les second et quatrième plus gros opérateurs mobiles du pays.

Ce n'est pas la première fois, qu'en Grande-Bretagne, ce mariage inquiète les autorités. En octobre, sept mois après l'annonce du rapprochement, la CMA -l'Autorité de la concurrence et des marchés britannique- a demandé à la Commission européenne d'enquêter sur l'opération. Bruxelles, qui planche actuellement sur le dossier, doit livrer son verdict au mois d'avril. Pas sûr qu'il satisfasse les intéressés, étant donné les positions et propos anti-consolidation (à l'échelle nationale du moins), de Magrethe Vestager, la commissaire à la concurrence. Laquelle fait figure d'épouvantail pour tous les cadors des télécoms qui souhaitent grossir et prendre la main sur leurs marchés.

| Lire Bras de fer à Bruxelles sur la concurrence dans les télécoms

Même si le mariage entre O2 et Three décroche un feu vert, Bruxelles pourrait imposer d'importantes cessions d'actifs (des antennes, des boutiques ou des clients) à leurs rivaux, pour s'assurer que la concurrence demeure vive. Mi-décembre, lors d'une intervention à Copenhague, Margrete Vestager s'était montrée très claire à ce sujet :

"Quand nous constaterons qu'une fusion d'opérateurs mobiles est susceptible de réduire de manière significative la concurrence, nous insisterons sur les remèdes à mettre en oeuvre."

Xavier Niel et l'opportunité d'un "Free UK"?

Un contexte qui n'a, visiblement, pas laissé insensible Xavier Niel. A la tête du trublion low cost Free dans l'Hexagone, l'homme d'affaires a manifesté un "intérêt préliminaire" auprès de l'Ofcom la semaine dernière pour entrer sur le marché. En Grande-Bretagne, la possibilité d'un nouveau "Free UK" est prise très au sérieux. Tous les acteurs locaux des télécoms savent comment le Frenchie s'est imposé sur le marché français en 2012, en cassant les prix du mobile...

| Lire aussi "Free cultive une discipline de la rupture"

En outre, Xavier Niel, entrepreneur dans l'âme, a aujourd'hui des envies d'ailleurs. En témoigne sa montée ces derniers mois dans Telecom Italia, dont il possède une option à hauteur de 15%. Ou encore son récent investissement en Guinée dans une mine de bauxite. Sachant que l'aluminium extrait de cette roche est largement utilisée dans les smartphones, tablettes et autres produits high tech.

Les télécoms françaises sur le qui-vive

En France, la décision de Bruxelles concernant le rapprochement O2-Three sera également scrutée de très près. Et pour cause : Orange et Bouygues Telecoms discutent d'un mariage, qui sonnerait aussi le retour d'un marché à trois opérateurs. La décision de Bruxelles sur le marché britannique, si elle est négative ou intègre de gros "remèdes", pourrait causer des craintes dans l'opinion et auprès de certains décideurs sur la concurrence dans l'Hexagone. Toutefois, la situation n'est pas la même en France : aux yeux de plusieurs analystes, si Free sort renforcé de l'opération en récupérant une bonne part du réseau de Bouygues Telecom, il sera a priori toujours en mesure de se montrer agressif.

En outre, d'après nos informations, il ne fait plus de doute que c'est l'Autorité de la concurrence française qui arbitrera un rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom. Sachant que Bruno Lasserre, le patron de l'institution, est jugé plus conciliant que l'intransigeante Magrethe Vestager...

>> Aller plus loin Orange et la Grande-Bretagne, c'est fini

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 03/02/2016 à 0:30
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arretez de dire que free est le champion du low cost! si free est rentré sur le marché des telecoms françaises, c'esdt d'abord par l'innovation de la box. ce business case est enseigné dans les ecoles de commerces etrangeres. Enfin, free gagne de l'a...

à écrit le 02/02/2016 à 19:24
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Et pendant ce temps là, les autorités françaises se félicitent de la même perspective Vive nos gouvernants!!!!

à écrit le 01/02/2016 à 17:59
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Si Free souhaite casser la baraque, c'est en Allemagne qu'il devrait s'implanter. Un forfait coûte en moyenne 60 euros contre 20 euros en France ou en Angleterre....

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