Telefonica veut faire payer Google et Facebook pour les données

L’opérateur espagnol développe une plateforme qui permettra aux usagers de connaître la valeur de leurs données, et de les partager – ou pas – avec les géants américains du Net.
L'initiative, évoquée lundi par son président Jose-Maria Alvarez-Pallete lors d'un forum consacré aux télécommunications à Santander (nord de l'Espagne), vise directement Google, Apple et Facebook, qui ont amassé des fortunes en publicité grâce à l'utilisation de données récoltées gratuitement.

Le groupe espagnol de télécoms Telefonica se positionne dans la bataille pour les données des usagers, une mine d'or, espérant offrir à ses clients la possibilité de faire payer les géants du net comme Google ou Facebook l'accès à leurs données. La multinationale espagnole, un des cinq plus grands opérateurs de télécommunications dans le monde, met au point une plateforme technologique qui "rassemblera toutes ces données pour les mettre à disposition des clients" afin qu'ils décident s'ils souhaitent ou non les partager, a expliqué mardi un porte-parole de la compagnie à l'AFP. Telefonica espère être prête à offrir ce service en 2017.

L'idée, c'est que les clients "sachent quelles sont ces données et quelle est leur valeur et qu'ils décident ce qu'ils en font", a ajouté ce porte-parole. Dans le cas où l'usager ne souhaite pas partager gratuitement ces informations qui permettent notamment des publicités ciblées, il appartiendra aux géants du net d'offrir de l'argent ou des services supplémentaires en contrepartie. L'initiative, évoquée lundi par son président Jose-Maria Alvarez-Pallete lors d'un forum consacré aux télécommunications à Santander (nord de l'Espagne), vise directement Google, Apple et Facebook, qui ont amassé des fortunes en publicité grâce à l'utilisation de données récoltées gratuitement.

Des "spéculations" pour Google

"Telefonica a plus d'informations sur ses usagers que n'importe quelle entreprise du Net. Ils se servent d'algorithmes mais nous avons des données de consommation réelle, ce que (les clients) achètent, ce qu'ils dépensent, leurs préférences", a déclaré, selon El Pais, le PDG de Telefonica à Santander. Dans l'attente de détails sur cette plateforme et son véritable impact, Google, interrogé en Espagne par l'AFP, a estimé qu'à ce stade il ne s'agissait que de "spéculations". Les informations des clients disponibles sont telles qu'une société comme Facebook peut déjà évaluer le niveau de revenus de ses utilisateurs grâce à Whatsapp - messagerie téléphonique rachetée en 2014. Il lui suffit de savoir le nom de l'opérateur de téléphonie et le modèle d'appareil.

Les grands opérateurs européens comme Orange, Vodafone ou Deutsche Telekom se plaignent depuis des années du fait que les géants américains du net utilisent leurs infrastructures pour faire transiter un flux croissant de données sans rien payer, pas même pour l'entretien ou le développement de ces réseaux. L'utilisation de ces informations inquiète de nombreux usagers et associations de consommateurs. Plusieurs sites internet spécialisés ont ainsi publié récemment des articles expliquant aux utilisateurs de Whatsapp comment éviter que leurs données soient partagées avec Facebook.

Pas de facturation directe

Les opérateurs européens savent maintenant où appuyer pour faire mal : "en limitant ou réduisant la capacité d'accès aux données des usagers et il semble que désormais ils se concentrent là-dessus", souligne Ivan San Felix, analyste spécialisé dans les télécommunications au sein du cabinet Renta 4.

Le géant espagnol a cependant précisé qu'en aucun cas il n'entendait facturer directement l'accès aux données à Google, Facebook et les autres. Interrogée par l'AFP, la directrice de la communication de Google en Espagne Anaïs Pérez a pour sa part tenu à souligner que le moteur de recherches offrait depuis des années une plateforme semblable à ses utilisateurs, sous l'onglet "mon compte".

Elle leur permet de gérer les informations sur leur vie privée, d'effacer les historiques de recherche, ne pas recevoir de publicités... "Chez Google les usagers connaissent déjà ces données", assure-t-elle en soulignant que le moteur, déjà propriétaire de Youtube, investit aussi dans les infrastructures au service de tous comme un centre de stockage de données à Hamina, en Finlande, où déjà 800 millions d'euros ont été investis jusqu'en 2013. La maison mère de Google, Alphabet, a dégagé un bénéfice net de 4,9 milliards de dollars au deuxième trimestre de cette année, en partie grâce à sa position de force dans la publicité en ligne. Telefonica de son côté a publié pour la même période un bénéfice net de 693 millions d'euros.

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.