Toshiba : Hisao Tanaka jette l'éponge

Après la révélation d'une fraude comptable organisée par le fabricant de matériel électronique et informatique, le PDG de Toshiba, Hisao Tanaka a annoncé sa démission. Près de la moitié du conseil d'administration a également été contraint de quitter le groupe nippon.
Le scandale qui touche Toshiba, la dixième entreprise du Japon intervient alors que le Premier ministre Shinzo Abe entend précisément améliorer la gouvernance des entreprises pour attirer davantage d'investisseurs étrangers.

Lundi soir, Toshiba a admis qu'il avait sciemment maquillé ses comptes entre avril 2008 et mars 2014. Les démissions massives  annoncées par le groupe ne sont donc pas une surprise.

Ainsi, mardi 21 juillet, le groupe a officialisé le départ de Hisao Tanaka, PDG du conglomérat industriel japonais Toshiba depuis juin 2013, tenu responsable d'irrégularités dans la présentation des comptes. Une manipulation qui devait permettre d'afficher des résultats financiers proches des objectifs annoncés initialement, et de rassurer les actionnaires et les banques.

Deux de ses prédécesseurs, Norio Sasaki, aujourd'hui vice-président du conseil d'administration, et Atsutoshi Nishida, conseiller spécial, ont aussi décidé de quitter leurs fonctions pour les mêmes raisons, de même que 5 autres membres du conseil d'administration, selon un communiqué de l'entreprise.

"Nous présentons toutes nos excuses aux actionnaires et investisseurs pour les irrégularités comptables de 151,8 milliards de yens (1,1 milliard d'euros) sur les années 2008/2009 à 2013/2014 révélées dans un rapport d'un comité d'experts indépendants, ainsi que pour la non-présentation des comptes de l'année 2014/2015", a écrit Toshiba dans un communiqué publié une demi-heure après la clôture de la Bourse de Tokyo.

Pendant plusieurs années, Toshiba a gonflé ses bénéfices

Ces démissions font suite à un rapport publié lundi 20 juillet qui révèle que le groupe a gonflé artificiellement son bénéfice d'exploitation de 151,8 milliards de yens (1,13 milliard d'euros) sur plusieurs années par le biais d'irrégularités comptables au vu et au su de sa direction.

Dans ce document fourni par une commission d'enquête indépendante, Hisao Tanaka est personnellement accusé d'avoir demandé de différer des pertes, au même titre que Norio Sasaki, son prédécesseur, désormais vice-président du conseil d'administration.

Le ministre des Finances nippon, Taro Aso, a déclaré mardi que les irrégularités comptables chez Toshiba étaient "très regrettables" alors que le Japon tente de retrouver la confiance des investisseurs mondiaux via une meilleure gouvernance.

Un nouveau PDG en septembre

Toshiba doit désormais tout faire pour présenter mi-septembre ses comptes de 2014/2015, avant une assemblée générale extraordinaire des actionnaires qui devrait être appelée à valider la nomination d'un nouveau patron. Outre la refonte du conseil d'administration, ce rapport devrait provoquer une reformulation des comptes et pourrait aussi déboucher sur une lourde amende de la FSA, l'agence de supervision financière.

L'actuel président de cette instance, Masashi Muromachi, qui n'a traditionnellement pas de rôle exécutif, va prendre "temporairement" les commandes du groupe. Depuis le début des années 2000, il enchaîne les postes de directeur général adjoint du groupe puis d'administrateur.

La fraude, une culture d'entreprise au Japon ?

Dans ce rapport de 82 pages -dont la version intégrale devrait être remise dans la journée du 21 juillet, le comité d'experts a constaté que les employés du groupe étaient soumis à la pression de leurs dirigeants pour atteindre les objectifs.

"La culture d'entreprise de Toshiba est telle qu'il n'est pas bon d'aller contre les souhaits de la direction", analyse le comité d'investigation indépendant.

Ce scandale est le plus important survenu au Japon depuis celui de l'équipementier médical et fabricant d'appareils photo Olympus qui avait dissimulé 1,7 milliard de dollars de pertes sur 13 ans ...avant que l'affaire ne sorte au grand jour en 2011. En 2006, le portail internet nippon, Livedoor, avait été accusé de violations des réglementations boursières entraînant la chute de la Bourse de Tokyo. Son dirigeant, Takafumi Horie a purgé une peine de prison de près de deux ans.

(Avec AFP et Reuters)

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