Comment investir dans l'économie solidaire ?

La finance solidaire se développe de manière exponentielle depuis quelques années. Elle est pourtant encore délaissée par plusieurs banques et compagnies d'assurance. Les principaux candidats à la présidentielle proposent des améliorations en la matière.
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Si les entreprises sociales et solidaires se financent de plus en plus grâce à l'épargne des français, il reste encore beaucoup à faire.

A l'heure où les crédits des banques se contractent et alors que les finances de l'Etat français sont sous pression, ces entreprises ont plus que jamais besoin de solliciter l'épargne des français pour se financer.
Elles sont non cotées, privilégient l'utilité sociale et n'attendent pas des retours sur capitaux importants. On y trouve donc principalement des entreprises, associations ou coopératives d'insertion, de logement très social, de production d'énergies renouvelables ou d'agriculture biologique, ou de la micro-finance. Elles promeuvent également l'emploi notamment dans les zones pauvres ou désertées par les entreprises.

Les encours d'épargne solidaire ont doublé en deux ans

Les encours d'épargne solidaire s'élevaient au total à 3,14 milliards d'euros à fin 2010, en hausse de 30% par rapport à 2009. En deux ans, ces encours ont été multipliés par deux. Ils ont permis d'irriguer les structures solidaires à hauteur de 681 millions d'euros, contre 504 à la fin 2010. L'épargne salariale solidaire représente à elle seule la moitié de cet encours, dopée par l'obligation légale qu'ont les banques de présenter au moins un fonds solidaire dans les plans d'épargne salariale. Depuis janvier 2010, tous les plans d'épargne entreprise et Perco doivent en effet inclure au moins un fonds solidaire, dit "90/10". Les fonds solidaires "90/10" sont gérés en deux parties : l'une dédiée à des actifs cotés ( 90 % de l'actif) et l'autre (entre 5 et 10 %) investie  dans des entreprises solidaires. Devant le succès grandissant de ce type de fonds, de nombreux gérants ont ainsi choisi de transformer des fonds existants en y ajoutant une poche solidaire.

La part de 10% convient aux acteurs de la finance solidaire

Il pourrait donc être imaginable que la part de financement solidaire dans les fonds dits "90-10", grandisse. Pourtant Finansol, un organisme qui labellise ces placements solidaires, ne pense pas qu'il soit encore temps de l'augmenter. " Ayant connaissance des comportements des épargnants, nous pensons que si l'épargne salariale solidaire a si bien marché ces dernières années, c'est parce les fonds "90-10" sont considérés par les partenaires sociaux comme peu risqués et assez rémunérateur grâce à la part des 90% d'actifs cotés", indique Sophie des Mazery, la directrice de Finansol. Investir dans une entreprise solidaire est en effet moins rentable que dans une entreprise cotée et également considéré à tort ou à raison comme plus risqué.
Les banques l'ont également bien compris. Le Crédit Lyonnais par exemple s'appuie sur les aspects sécurisants et rémunérateurs de ces fonds dits " 90-10 " pour convaincre ses clients. Il sur son site internet à ses clients que les fonds 90-10 " peuvent se révéler aussi rentables que les fonds classiques ". " En tant que salarié, vous pouvez, sans abandonner une part importante de rémunération, consacrer une part de votre épargne à ce type d'investissement philanthropique ", indique la banque.

Investir dans le solidaire à son guichet

S'ils veulent investir dans le solidaire, les épargnants peuvent également solliciter leur banque ou leur mutuelle qui proposent deux types de livrets dédiés : Les livrets d'investissement solidaire et les livrets de partage. En souscrivant un livret de partage, l'épargnant décide d'octroyer sous forme de dons une partie ou la totalité des intérêts qu'il perçoit à une entreprise sociale. L'intérêt financier réside dans l'aspect fiscal. La partie des intérêts dirigée vers l'entreprise sociale est en effet assujettie à la fiscalité des dons aux ?uvres et aux associations. Ces livrets sont sur-rémunérés par rapport au livret A. Les établissements financiers qui en proposent peuvent en revanche utiliser les encours des livrets de partage comme ils le souhaitent. Ce qui n'est pas le cas avec les livrets d'investissement solidaire. Ils sont a l'inverse sous-rémunérés par rapport au livret A dans le but de " faire profiter aux bénéficiaires de prêts qui en découlent, de taux très intéressants ", indique Sophie des Mazery.

Certaines banques traînent les pieds

Reste que toutes les banques n'en offrent pas. La Banque Postale par exemple ne propose rien en la matière. Il faut cependant mettre cela en perspective avec son statut de distributeur historique du livret A qui fait d'elle un acteur important du financement du logement social et la politique de la ville.
La Société Générale propose de son côté à ses clients de transformer leur livret d'épargne en livret solidaire, mais cette proposition est optionnelle. C'est pour cela que Finansol n'a pas accepté de labelliser les livrets de la Société Générale car ils ne présentent pas " de garantie " sur l'engagement solidaire de la banque.

L'assurance-vie a encore du chemin à faire

De son côté, l'assurance vie, le placement préféré des français en terme d'encours, ne finance que marginalement l'économie sociale et solidaire. " Nous aimerions évidemment que tous les produits d'épargne puissent être déclarés solidaires, notamment quelques contrats d'assurance vie ", indique Sophie des Mazery. Il existe pourtant des contrats d'assurance vie solidaire mais " ce sont des contrats de partage. Seule une partie des droits d'entrée y sont redistribués à des associations. Mais en aucun cas les encours sont investis dans des entreprises solidaires ", regrette la directrice de Finansol. " Nous travaillons sur le sujet de l'assurance vie solidaire pour que les compagnies d'assurance investissent une partie de leurs ressources dans des entreprises solidaires ", ajoute-t-elle.

La finance solidaire se fait une petite place dans le débat politique

L'économie sociale et solidaire était au c?ur des discussions vendredi dernier à l'Assemblée nationale lors d'une réunion organisée par le conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale (CEGES). Les partis politiques y ont pris quelques engagements en matière de financement des structures sociales et solidaires.
Présent personnellement, François Hollande s'est notamment engagé à "sécuriser les financements destinés aux associations" avec "un cadre pluriannuel de financement".
Il dotera, s'il est élu, la nouvelle banque publique d'investissement qu'il veut créer d'un fonds destiné à l'économie sociale et solidaire et qui sera dotée de 500 millions d'euros.
Du côté de l'UMP, Roseline Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, a indiqué que le président-candidat Nicolas Sarkozy, s'il est réélu, mènerait « des négociations pour la création d'une convention avec les banques de détail en France, pour qu'elles s'engagent sur le financement de l'économie sociale et solidaire ».

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Commentaire 1
à écrit le 05/11/2013 à 15:00
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Bonjour, En réaction à votre article sur la finance solidaire, je voulais rappeler que les crédit municipaux et en particulier le crédit municipal de Bordeaux sont dans l'épargne solidaire depuis plusieurs années. Avec la particularité de ne pas ...

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