3,9% : c'est ce qu'a rapporté l'épargne financière des Français en moyenne... en 17 ans !

Alors que la réforme de l'épargne est au coeur du débat public, un nouvel indice de performance révèle combien a rapporté le patrimoine financier des Français composé de l'assurance vie, des livrets et comptes bancaires et des titres (actions, obligations, etc) entre 1996 et 2012.

Malgré les crises à répétition depuis 1996, les placements financiers ont été rentables pour les épargnants français. Certes il y a eu des périodes fastes et d'autres beaucoup moins.

Mais au total, l'ensemble des actifs financiers c'est-à-dire l'épargne bancaire (livrets, comptes de dépôts et comptes à termes), l'assurance vie et des produits de retraite, et enfin les titres (actions, obligations, fonds d'investissements) a rapporté en moyenne 3,9% par an en 17 ans, de début 1996 à septembre 2012. C'est plus du double de l'inflation (1,6%) mais ce n'est tout de même pas considérable, surtout si l'on en retranche le taux d'imposition. Par hypothèse, un taux d'imposition de 30% ramène la performance annuelle moyenne à 2,6%. 

Ces chiffres ressortent d'un nouvel indice qui sera désormais calculé chaque trimestre avec l'objectif de fournir des données aux chercheurs et aux professionnels de la finance. Etabli par l'IODS (1), un cabinet d'analyse de bases de données financières créé en 2011 à l'initiative de l'INSEAD et de l'OEE (Observatoire de l'Epargne Européenne) et présidé par Georges Pauget, ancien directeur général du Crédit Agricole, cet "Indice Patrimonial" apporte un éclairage intéressant sur la performance des actifs financiers détenus par les épargnants alors qu'une mission sur la réforme de l'épargne financière a été confiée en septembre aux députés Karine Berger et Dominique Lefebvre.

Quelques enseignements en vue d'une réforme de la fiscalité de l'épargne

Une réforme de la fiscalité de l'épargne pourrait en effet intervenir dans les prochains mois. Sans attendre le rapport Berger/Lefebvre sur l'épargne, le rapport de Louis Gallois sur la compétitivité des entreprises remis début novembre préconise déjà  des changements fiscaux avec l'objectif d'allonger la durée de détention de l'assurance vie, le premier véhicule d'épargne financière des Français, et d'inciter davantage les épargnants à l'investissement sur des actions.

Mais au vu de son Indice Patrimonial, l'IODS rappelle que la performance de l'épargne a été négative jusqu'à trois ans de suite durant la période étudiée (2000-2003 et 2007-2009), pour autant les épargnants sont restés imposés durant cette période. L'étude souligne aussi que la détention de titres sous toutes leurs formes directe (actions cotées, obligations) ou indirecte (par le biais de fonds de placements) a reculé, révélant ainsi  le chemin à parcourir pour inciter les épargnants à investir dans les entreprises.

Enfin, malgré l'infléchissement de l'assurance vie, dont la collecte nette (versements -retraits) est négative presque sans discontinuer depuis un an, au profit des placement bancaires (livrets, comptes à termes, livret A...), le retournement n'a pas eu lieu. "L'épargne bancaire est très loin d'avoir récupéré ses parts de marché sur l'assurance vie", indique l'IODS. 

Une performance positive sur longue période malgré la volatilité des marchés

En raccourcissant la période observée à 12 ans, de début 2000 à fin septembre 2012, ce qui inclut l'éclatement de la bulle internet en mars 2000, les attentats du 11 septembre 2001 et la faillite de Lehman Brothers en octobre 2008, la performance annuelle moyenne  telle qu'elle ressort de l'Indice Patrimonial est moindre : 2,6% par an mais elle reste positive comparée au taux  de 1,8%.

Cette performance moyenne dissimule de fortes variations. Entre 1996 et début 2000, l'indice affiche une croissance de 42%, puis de 36% entre 2003 et 2007 et encore de 18% entre 2008 et septembre 2012.

 

Source: IODS (INSEAD OEE Data Services)

Le poids des dividendes dans les revenus financiers a augmenté

D'où est venue la performance ? L'indice patrimonial identifie deux sources : d'une part l'effet marché (plus et moins values) et d'autre part les revenus issus des intérêts et des dividendes. "Les effets de marché sont très instables par nature", note l'étude d'IODS tout en constatant que les revenus de l'épargne ont été 3,5 fois supérieurs à la somme des plus et moins values.

 

 

 

Au sein des revenus financiers les dividendes ont été multipliés par 2,6 entre 1996 et septembre 2012. Dans le même temps, les intérêts ont été divisés par deux (en milliards d'euros) entre 1996 et 2006 avant de revenir en septembre 2012 quasiment à leur niveau de 1995.

 

 

La part de l'assurance vie a doublé, l'épargne bancaire a fortement baissé

L'Indice Patrimonial fait aussi apparaître avec netteté la profonde transformation de la structure des placements des Français en 18 ans. l'assurance vie qui représentait 21% du patrimoine financier des ménages en représente 40% en 2012. Durant la même période, l'épargne bancaire est passée de 41% à 31% (à fin juin 2012).

Les actions cotées et les obligations détenues directement (hors fonds d'investissement de type OPCVM) restent marginales : elles sont passées de 4% à 2%.

Le poids des supports d'investissements collectifs (OPCVM) a baissé de moitié dans le patrimoine financier tombant à 7% en 2012 contre 15% en 1995.

En revanche, les actions non cotées ont doublé : de 8% à 15%.

 

 

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Commentaires 4
à écrit le 12/11/2012 à 21:13
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Cette analyse n a aucun si on n intègre pas la fiscalité sur les revenus et sur le patrimoine qui sont prélevés tous les ans et ne cumulent pas.

à écrit le 12/11/2012 à 17:56
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article très complet, il manque juste les chiffres à fin 2011 du stock de placements financiers en milliards d'euros

à écrit le 12/11/2012 à 17:54
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bravo séverine sollier très bon article

à écrit le 12/11/2012 à 10:31
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3,9 % en apparence, compte tenu de l'inflation et des impôts, le rapport est négatif

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