L'Espagne liquide son patrimoine immobilier pour réduire (un peu) son déficit

En Espagne, État, collectivités et banques cherchent à céder rapidement une partie de leur patrimoine immobilier. Des fonds d'investissement internationaux se positionnent sur ce qui semble être de bonnes affaires.
Mathias Thépot

L'État espagnol vient de publier une liste des 15.135 biens publics (27% de son patrimoine immobilier) qu'il compte vendre avant 2015 pour desserrer l'étreinte budgétaire. En effet, le pays, selon la Commission européenne, devrait voir sa dette publique augmenter de 12 points entre 2012 et 2014 pour représenter 96,8% du PIB.

Grâce à ces cessions, le gouvernement espère ainsi engranger entre deux et trois milliards d'euros. Un montant qui contribuerait d'ores et déjà à réduire le déficit public courant, qui à la fin juin 2013, s'élevait à 40 milliards d'euros, dont 13,9 milliards étaient consacrés au remboursement des intérêts de la dette. Faisant face à une baisse importante de ces recettes, l'État espagnol s'était déjà séparé en 2012 de 423 immeubles appartenant au ministère des Finances, pour 90 millions d'euros, note l'Agefi.
Les investisseurs privés se frottent les mains : ils peuvent désormais faire leur choix entre immeubles, bureaux, hôtels particuliers, petits palais ou terrains, pour la plupart appartenant aux ministères des Finances et de la Défense.

Les régions espagnoles cèdent également leur patrimoine

L'État espagnol n'est pas le seul à se séparer de son patrimoine. Certaines collectivités ibères lui emboîtent le pas. La région de Catalogne, l'une des plus endettées du pays, a ainsi récemment vendu à Axa Real Estate 13 immeubles situés au centre de la ville pour 172 millions d'euros. Résultat, depuis 2012, la région a engrangé 266 millions d'euros avec la vente totale de 17 édifices. Une autre région très déficitaire, celle de Madrid, a elle aussi cédé il y a quelques jours un lot de 3.000 appartements à Goldman Sachs et au fonds d'investissement espagnol, proche de la banque américaine, Azora, pour 201 millions d'euros. Cette vente est intervenue peu de temps après la cession d'un lot de 1.860 logements publics au fonds Blackstone pour 125,5 millions d'euros à la fin juin. D'autres ventes sont attendues cette année du côté de la Catalogne et de la région de Valence.

L'Espagne brade-t-elle son patrimoine ?

Mais la mise en vente du patrimoine immobilier public n'est pas sans risque. Cité par l'Agefi, Montserrat Capdevilla, députée du Parti socialiste de Catalogne, met en garde contre le danger "d'hypothéquer un patrimoine public et de brader des biens qui pourraient mettre en danger le futur des Espagnols".
De nombreux immeubles devraient ainsi être mis aux enchères avec des réductions de 15% au premier tour et de 15% supplémentaires au second tour. Mais l'utilisation du terme "brader" pour ces opérations serait, au sens du Fonds monétaire international, excessive. Lui qui a récemment estimé l'immobilier espagnol encore surévalué de 15%.

La "bad bank" espagnole doit céder la moitié de son portefeuille d'actifs en 5 ans

Le secteur bancaire espagnol n'est pas en reste. Créée dans le cadre du plan de sauvetage européen voté en 2012, la "bad bank" espagnole, baptisée "Sareb", qui a recueilli depuis sa création environ 50 milliards d'euros d'actifs d'établissements financiers nationalisés, cherche à céder au plus vite. Elle a déjà vendu un lot d'actifs immobiliers de 100 millions d'euros au fonds HIG Capital ; et espère céder 42.500 logements, soit la moitié de son portefeuille d'actifs, dans les 5 prochaines années.

Mathias Thépot

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Commentaires 8
à écrit le 22/08/2013 à 1:17
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Quand les Etats en faillite auront tout vendu - puisque c'est l'un des buts de cette "crise" de tout brader - je vous raconte pas la pression fiscale qu'on va devoir subir vu qu'on sera devenu la dernière source de rentrées d'argent potentielle.

à écrit le 22/08/2013 à 1:15
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On vend la maison pour se payer des vacances d'été. On ferait encore mieux de faire défaut sur nos dettes et de recommencer à zéro.

à écrit le 21/08/2013 à 15:07
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Histoire de rajouter une couche dans l'effondrement des prix de l'immobilier espagnol. Bien vu de vendre juste après l'effondrement !

à écrit le 21/08/2013 à 13:43
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Du vol, tout simplement. Le plus grand hold-up de l'histoire ! Qu'attend on pour faire tomber les têtes ?!?

à écrit le 21/08/2013 à 13:20
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Pourquoi les rapaces ne veulent pas faire la meme chose en France. Example: Palais de l'Elysé (innoccuper intellectuellement j'entend) à revendre dans quatre ans avec un super bonus à la clé.

à écrit le 21/08/2013 à 12:32
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Extraordinaire!! Vendre des appartement bradés (201 millions pour 3000 apparts cela fait 67000 euro par appart en moyenne) à une compagnie qui est pour beaucoup de la crise de que subit l Espagne c est un coup de génie de G S !!! plus c est gros mieu...

à écrit le 21/08/2013 à 12:18
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Une bonne manière de privatiser en toute discrétion, et à des prix défiant toutes concurrences pour les acheteurs. C'est encore le contribuable qui se fait dépouiller des biens qu'il a payer avec ses impôts.

à écrit le 21/08/2013 à 12:02
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quiqui n'en veut de la belle Europe .

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