Immobilier en Chine : la hausse des prix est-elle inquiétante ?

La hausse des prix des logements neufs s’accélère en Chine en novembre, malgré des mesures gouvernementales visant à limiter la demande des ménages les plus riches.
Mathias Thépot
Le prix moyen du mètre carré dans les logements neufs de 100 grandes villes a bondi de 11% sur un an en novembre. .

En Chine, la hausse des prix de l'immobilier s'accélère à nouveau. Le prix moyen du mètre carré dans les logements neufs de 100 grandes villes a ainsi bondi de 10,99% sur un an le mois dernier pour atteindre 10.758 yuans (1.299 euros), selon une étude diffusée par Soufun, un grand site internet chinois d'annonces immobilières.
Depuis le début de l'année, les statistiques de Soufun montrent que les prix s'emballent : d'une hausse de 2,48% sur un an en février, les prix ont bondi de 7,9% en juillet, puis de 9,48% en septembre, 10,69% en octobre, et donc de près de 11% en novembre.

Une bulle immobilière?

Mais ce n'est pas pour autant qu'une bulle immobilière se forme, assure Bei Xu, économiste chez Natixis. D'abord parce que la particularité de la Chine est que l'évolution des salaires suit quasiment celle des prix de l'immobilier dans les grandes villes. "Le salaire moyen en Chine augmente de 10% sur un an", explique ainsi Bei Xu. Le revenu minimum croît pour sa part de 13%... mais les Chinois les plus modestes sont encore loin d'avoir la capacité financière d'acheter un bien immobilier.
Ensuite, parce que les ménages chinois ne sont pas encore touchés par le surendettement immobilier: "Le ratio dette sur montant des transactions immobilières n'est que de 20%. Les ménages qui achètent le font le plus souvent sans avoir recours au crédit", assure Bei Xu.

Les autorités chinoise tentent de limiter la hausse des prix

Et enfin, car le spectre d'une bulle immobilière hante les esprits des dirigeants chinois, qui craignent que le prix des logements n'atteigne des niveaux extrêmes. Les autorités chinoises ont donc pris régulièrement depuis 2010 des mesures drastiques en réaction aux soubresauts des prix de l'immobilier. Ce, en agissant sur la politique monétaire, tout en interdisant d'acheter un deuxième appartement, en relevant l'apport personnel pour l'obtention d'un crédit, et en introduisant de taxes foncières dans certaines villes. Ces mesures restrictives visent principalement les ménages les plus riches. "Il n'y a jamais eu de mesure instaurée pour limiter la demande des classes moyennes", explique Bei Xu.

Résultat, la hausse des prix est très soutenue dans les villes de deuxième catégorie (Xi'an, Chengdu, Wuhan etc…) ciblées par les classes moyennes, et où les prix n'ont pas encore atteint les niveaux de Shanghaï ou Pékin.

Hausse des divorces de 40% A Pékin et Shanghai

Dans ces deux dernières villes, la hausse des prix reste aussi soutenue notamment car on y a contourné des mesures fiscales. Ce qui a eu pour effet d'entraîner cette année une hausse d'environ 40% des divorces dans ces deux villes, de nombreux couples choisissant de se séparer sur le papier pour échapper à une nouvelle taxe sur les plus-values immobilières.

C'est ainsi près de 40.000 couples qui ont rompu leur contrat de mariage dans les neuf premiers mois de 2013, d'après le quotidien de la jeunesse chinois citant les statistiques officielles. Une faille législative permet en effet, dans certaines conditions, aux couples possédant deux biens immobiliers de divorcer, de se partager les deux propriétés et d'en revendre au moins une sans impôt.

Les prix vont continuer de croître... mais moins vite

Reste que la tendance haussière des prix devrait ralentir dans les prochains mois. Un document diffusé à l'issue d'une réunion du comité central du Parti communiste chinois (PCC) en novembre à Pékin évoquait pour ce faire l'extension d'une taxe spéciale sur l'immobilier à d'autres villes que celles déjà concernées sans préciser à quelle échéance. Ce qui devrait doucher certaines velléités d'achat.
La hausse des prix devrait donc se poursuivre,  de quelques points, grâce à la demande des classes moyennes, selon Bei Xu, qui ne voit pas de stabilisation des prix avant au minimum 3 ou 4 ans.

Mathias Thépot

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Commentaires 3
à écrit le 05/12/2013 à 7:33
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La classe moyenne chinoise n’a pas le choix, elle doit acheter des appartements pour deux raisons: Les chinois ont peu de choix d’investissements soit la bourse chinoise avec tout ses scandales soit l’immobilier (qui monte, qui monte). Cet invest...

le 07/12/2013 à 18:16
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J'ai trouvé ça bien écris et clair. Merci

à écrit le 05/12/2013 à 7:25
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La chine est-elle le seul pays au monde à avoir pris des mesures énergiques contre la bulle immobilière ? Qui est plus grave que la dette publique puisqu'elle impact la dette privée (ménages et entreprises).

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